Qu’est ce qu’un germe dentaire, pourquoi et comment est-on amené à en faire la germectomie, c’est-à-dire à l’extraire?
Cela fait un certain temps que je pense que je dois aborder le sujet des germectomies, mais j’en ai tellement fait, pendant 40 ans, que cela me déclenche encore aujourd’hui une certaine angoisse. Mais au moins, on peut être sûr que je connais mon sujet!!!
Qu’est qu’un germe?
Un germe est une ébauche de dent, pas encore tout à fait calcifiée, dont souvent les racines ne sont pas encore formées, et qui en évoluant donnera une dent qui va se placer sur l’arcade dentaire.
Le bébé humain naît avec 52 germes: 20 pour les dents temporaires et 32 pour les dents définitives.
Lorsque l’arcade est trop petite pour recevoir tous les germes sans encombrements et malpositions, on décide de diminuer le nombre de dents au profit de leur positionnement correct. Il est alors préférable de devancer l’évolution de la dent que l’on a décidé de sacrifier pour éviter que les racines ne se calcifient et deviennent difficiles à extraire, et surtout pour gagner du temps dans la chronologie de la mise en place de chaque dent.
Pourquoi faire une germectomie
Une germectomie est donc l’ablation d’un germe dentaire qui n’est pas encore arrivé à maturité.
Comme je l’ai déjà dit (voir ICI), il n’y a plus assez de place sur l’arcade dentaire humaine pour 32 dents. On est donc souvent obligé d’en ramener le total à 28 ou 30; et pour cela on supprime soit des dents de sagesse soit des prémolaires. Les arcades sont parfois tellement petites qu’on est obligé d’extraire 4 prémolaires et les 4 dents de sagesse.
Les orthodontistes voudraient que les chirurgiens retirent les germes de dents de sagesse à 10 ans pour leur faire gagner du temps. En ce qui me concerne j’ai toujours refusé car les germes sont trop loin et ça oblige à faire trop de dégâts osseux pour les extraire. Cela ne veut pas dire que je sois systématiquement contre: il faudrait changer de technique et extraire les germes avant leur calcification par aspiration par exemple ou en les détruisant au laser. Que les jeunes chirurgiens d’aujourd’hui mettent au point une technique de ce genre et j’applaudirai des deux mains. Mais avec les moyens dont je disposais, j’estimais que ce n’était pas raisonnable de faire des germectomies de dents de sagesse avant 12 ans, sans prendre le risque de dégât osseux ou nerveux.
Germectomies de dents des dents sagesse supérieures.
L’anesthésie et l’accès sont les mêmes que pour la dent de sagesse incluse: voir ICI.
Une fois le lambeau soulevé, la technique varie en fonction de l’âge du patient; à 12 ans, il faut fraiser pour arriver au contact du germe, à 14 ans il affleure et on peut souvent retirer la fine couche d’os vestibulaire simplement avec un syndesmotome faucille. La fenêtre osseuse dégagée est vestibulaire et il faudra luxer le germe en bas et en dehors.
Le danger de la germectomie de la dent de sagesse du haut est sa projection dans la fosse ptérygo-maxillaire (voir ICI). En effet, la tubérosité n’étant pas encore bien formée, c’est par l’arrière que le germe va avoir tendance à sortir. Il faut donc le luxer en prenant appui sur le septum mésial pour l’envoyer vers l’arrière tout en lui donnant une impulsion vestibulaire et vers le bas pour qu’il passe par la petite fenêtre ouverte. Un bon truc pour ne pas risquer de fuite en arrière du germe consiste à le luxer avec un syndesmotome faucille, tout en le maintenant à l’arrière avec un syndesmotome coudé sur champ.
Malheureusement le germe de dent de sagesse du haut est rond comme une bille et tourne sur lui même, il faudra donc lui créer à la fraise Zekria une fente dans laquelle le syndesmotome va s’engager et l'empêcher de tourner sur lui même.
Un curetage de précaution de la cavité est souhaitable, et les sutures sont les mêmes que pour les dents incluses.
Pour un praticien qui en a l’habitude c’est une intervention qui peut être faite en 15 min, de l’incision à la suture.
Germectomies des dents de sagesse inférieures.
Comme pour le haut, l’anesthésie, la voie d’accès et le tracé d’incision est le même que pour les dents de sagesse incluses.
La quantité d’os à réséquer sera plus importante à la mandibule qu’au maxillaire, et l’os est plus dense. On pratique, la fraise Zekria un fenêtre osseuse à peu près de la taille de la face occlusale débordant en vestibulaire. Puis on marque une profonde gorge correspondant à une séparation de racines s’il y en avait. On insère la lame d’un syndesmotome et on finit de séparer les deux moitiés. Le syndesmotome faucille servira encore à luxer et expulser les fragments. Le curetage est toujours nécessaire pour retirer le bourgeon charnu et s’assurer qu’il ne reste aucun éclat dans la cavité. Fermeture et suture sont habituelles.
Je le dis et je le répète encore une fois, les suites postopératoires sont meilleures si on fait côté par côté haut en bas à écart d’un mois, pour laisser un côté pour manger. Cela suppose une anesthésie locale.
Les conseils post opératoires sont les mêmes que pour toute extraction (voir ICI) et dans ce contexte les alvéolites sont très rares.
Autres germectomies.
Il est rare que l’on soit obligé de faire des germectomies d’autre dents, car les prémolaires évoluent tôt et elles sont généralement sur l’arcade lorsqu’un traitement d’orthodontie est décidé. On ne sacrifie jamais de molaires, ni de canines, ni d’incisives.
Par contre, on peut être amené à extraire des germes de dents surnuméraires.
Comme d’habitude, un article intéressant et riche en termes d’informations.
Bonjour,
je n’ai pas lu l’article en entier. Mais je pense qu’on est actuellement sur des chirurgies qui enlève beaucoup. Ceci peut être des modes et surtout les orthodontistes sont formés dans l’idée de rectitude absolu et entrent dans les extrêmes. Plus d’actes plus d’argent. Nombre d’enfants sont appareillés sans tenir compte du fait que c’est très contraignant, que ça abîme l’émail, qu’il peut y avoir des complications et que surtout les décalages reviennent très fréquemment. Beaucoup d’enfants qui pour finir ne se font pas arracher les dents se sagesse ni appareillé ont en fin de compte une belle dentition et surtout pas la bouche standard qui leur enlève toute personnalité dans le sourire. Mon fils et ma nièce sont de ceux-ci. Je me suis fait appareillée à 50 ans et j’en ai bavé, j’ai les dents qui ne sont plus lisses et la nourriture se colle dessus, c’est inconfortable au niveau mastication et les dents se sont déplacées à nouveau et le résultat est que je regrette fortement de l’avoir fait. Et me félicite que pour finir mon fils et ma nièce n’en ont pas eu. Je recommande de prendre plusieurs avis de dentistes avant d’entreprendre ces soins et ses arrachages de dents.Médecins et dentistes ne prônent plus ces traitements abusifs.
Pensez à regarder les modes d’opérations comme le dos qui sont maintenant récriées, ou d’enlever les thyroïdes … La médecine cherche à faire des actes et des actes et tant que les dentistes gagneront toujours plus en faisant plus d’actes il y aura des abus. J’ai connu ça aussi dans ma jeunesse, un dentiste qui m’a refait tous les plombages et m’a creusé les dents et qui voulait m’enlever les quatre dents de sagesse. J’ai refusé et il a affirmé qu’elles étaient toutes cariées. J’ai changé de dentiste qui n’a pas constaté de carie.Merci de m’avoir lu.
Martine
Bonjour,
Je viens de lire la commentaire de la personne précédente et je partage entièrement son avis.
J’ai eu un traitement d’orthodontie à l’âge adulte moi aussi et mes enfants en ont eu un quand ils étaient enfant. Comme je le regrette ! Ces traitements d’orthodontie nous ont fait plus de mal que de bien. Il y a eu des extractions inutiles, des caries sous les bagues, des récessions gingivales, de l’émail abîmé, strippé, des récidives malgré la contention et un problème à l’ATM pour moi. Et pourtant nous avons respecté les instructions à la lettre et fait très attention à l’hygiène…
Certains dentistes et orthodontistes vous conseillent d’entreprendre un traitement d’orthodontie au moindre encombrement dentaire sans que ce soit réellement justifié et sans vraiment vous informer de tous les inconvénients auxquels vous vous exposez par la suite. On vous fait signer un consentement avec une liste de risques liés au traitement en vous disant que ce sont des cas très rares qui n’arrivent quasiment jamais. En réalité, d’après ce que j’ai pu constater dans mon entourage, c’est très fréquent.
Le problème c’est que ce sont nos dents, que nous mangeons tous les jours avec et que nous allons devoir vivre le reste de notre vie avec les problèmes engendrés par ces traitements d’orthodontie. L’orthodontiste, lui, nous traite pendant 3 ou 4 ans et ne nous revoit plus jamais. C’est « après moi le déluge ! ». Je trouve qu’ils devraient convoquer leur anciens patients pour évaluer le résultat de leurs traitements 5, 10 voire 20 ans après. Mais sans doute préfèrent-ils ne pas savoir…