Y a-t-il une place pour la cyber-médecine en odontologie?
L’interview publiée dans le site Dentaly.org me donne l’occasion de parler de la cyber-médecine appliquée à notre profession.
Je reproduis, pour mes lecteurs, l’interview réalisée par Madame Anaïs Gibert, que je remercie pour son travail.
Dentaly : Pouvez-vous nous expliquer comment vous travaillez avec vos « cyber-patients » ?
Ce qui a fait le succès de mon blog, est le fait que les lecteurs peuvent avoir une expertise de leur bouche gratuitement et par un expert désintéressé, puisque bénévole.
Je leur demande de m’envoyer tout ce qu’ils possèdent comme radios par mail et parfois leur demande des clichés complémentaires. Souvent je demande des photos que maintenant tout le monde peut faire avec son téléphone. Je fais un évaluation des toutes les dents, sans tenir compte du diagnostic et du plan de traitement de son praticien s’il en a un. Je ne critique jamais le travail du praticien, je dis ce qui doit être fait ou pas. Ensuite le patient compare avec les dires du praticien et en tire lui même les conséquences. Parfois je travaille en collaboration avec le praticien.
Dentaly : Au-delà de l’avantage indéniable que la cyber-médecine représente pour les patients vivant dans des déserts médicaux, quels sont, selon vous, les bénéfices des diagnostics en ligne par exemple ?
J’ai une bonne partie de mon lectorat composé de jeunes diplômés et d’étudiants qui m’envoient des imageries pour conseil. J’ai surtout des étudiants d’Afrique du Nord qui ressentent une vraie carence avec leurs enseignants. J’ai aussi beaucoup de praticiens africains, isolés et ne disposant pas de tous les moyens dont nous disposons et qui me demandent conseil.
Dentaly : N’y a t-il pas un risque de voir se développer des réseaux de charlatans et de pseudo-médecine (voire de pseudo médicaments) ?
Il y a des réseaux payants qui sont en train de se développer et qui sont très surveillés par le Conseil de l’Ordre, pour éviter les dérives charlatanesques. Une consoeur qui faisait la même chose que moi, mais en se faisant payer pour des conseil de dentisterie holistique a été condamnée à un an de prison avec sursis et à la fermeture de son blog.
Ma situation est tolérée par le conseil de l’Ordre, vu le fait que je suis bénévole, et en raison de mon passé d’enseignant Universitaire et d’Expert. Je m’efforce de respecter toutes les règles de déontologie et ne dévie aucun patient vers qui que ce soit. Je donne un expertise, favorable ou pas favorable sans aucun commentaire ni jugement. Je sais, pour avoir exercé 40 ans qu’il est impossible de juger une praticien sur quelques échecs…
D’autant qu’on n’entend jamais parler des réussites qui disparaissent dans la nature. Internet est aussi le lieu privilégié des insatisfaits et les forums encouragent une acrimonie envers les dentistes ce qui n’est absolument pas mon cas.
Je reste très neutre et impartial dans les textes rédactionnels, la publicité ou le partenariat restent bien identifiée hors texte dans les marges.
Dentaly : Et ne pensez-vous pas que les patients risquent de s’auto-diagnostiquer ?
Le risque dans notre profession d’auto diagnostic ne mène pas bien loin car ils ne peuvent pas s’autotraiter… Par contre ils ont un bon outil de contrôle et surtout de prévention, par les articles que je publie, et par les diagnostics et plans de traitement individualisé.
Mon blog a 10 ans et à connu un très gros succès dû au fait qu’aucun des nombreux blogs concurrents qui se sont créés ne peut disposer d’un expert ex enseignant universitaire qui accepte de travailler 4 ou 5 heures par jour gratuitement, et même souvent à perte car le financement par la publicité est insuffisant à couvrir les frais d’entretient du blog. Evidemment cette situation, ainsi que la tolérance bienveillante du conseil de l’ordre à mon égard déchaîne les jalousies et mon blog est en difficulté suite à tous les coups bas et attaques dont je suis l’objet.
J’ai 83 ans, j’ai trouvé ce moyen pour entretenir mes méninges, car je me tiens extrêmement à jour, cela occupe mon temps de façon intéressante, et grâce à cela j’espère profiter de la vie en bonne forme intellectuelle le plus longtemps possible.
Je n’ai rien à perdre, aucune attaque ne peux me toucher, j’aime ma profession et pense la servir… Je continuerai tant que j’en aurais l’envie… Et je laisserai derrière moi un outil de travail, un lexique illustré, un atlas de dermatologie buccale et un atlas de vulgarisation de l’anatomie dentaire, très appréciés des étudiants du monde entier.
Quelques précisions sur mon activité sur internet.
J’écris des articles d’information adressé aussi bien aux professionnels qu’au grand public. Je répond à toutes les questions qu’on me pose chaque fois que je pense pouvoir le faire, et ce n’est pas toujours possible, mais toute personne qui m’écrit a une réponse de ma part.
Je ne consulte pas et ne prescris pas. Je ne donne que des conseils et renvoie toujours vers le praticien traitant, mon conseil étant uniquement informatif, car je ne dispose pas de tous les éléments de diagnostic, et encore moins d’action. Il est bien évident que si je dis que telle dent doit être retraitée, c’est le praticien traitant qui le fera: mon activité ne va donc pas à son détriment praticien, au contraire. Beaucoup de praticiens conseillent mon blog à leurs lecteurs, afin de les informer au mieux, et sans perte de temps.
Et même des praticiens émérites apprécient parfois d’avoir mon avis…