Premiers éléments d’anatomie et de physiologie de la bouche et des dents: pour comprendre la bouche il faut la connaître.
. Une erreur quasi généralisée fait que l’on nomme l’ensemble des dents « DENTITION ». Cela est faux! La dentition est le phénomène d’évolution des dents pour leur mise en place. C’est un terme pour une action dynamique. On dira « la première dentition » pour la venue en place des dents de lait (appelées aussi dents lactéales), et on parlera de deuxième dentition pour la venue des dents définitives. On dira : »une dentition difficile »quand les dents auront du mal à pousser, ou un « retard de dentition » quand la chronologie sera perturbée. Enfin on parlera « d’accident de dentition » quand on aura par exemple des problèmes avec la venue de ces fameuses dents de sagesse!
Lorsqu’on parlera de l’ensemble des dents existantes en bouche on dira: la DENTURE. Il s’agit là de la garniture dentaire. Facile! Dentition=action d’évolution, Denture=garniture dentaire. Voilà un bon moyen mnémotechnique qui devrait aider les gens à cesser de dire « elle une dentition magnifique » et dire plutôt « elle une denture magnifique ».
L’homme a deux dentitions, la dentition lactéale qui va donner 20 dents de lait, et la dentition définitive qui aboutira à une DENTURE de 32 dents. Les dents de lait poussent entre 6 mois et deux ans en moyenne et elle tombent entre 6 ans et 11 ans en moyenne. Les dents définitives poussent en moyenne entre 6 et 18 ans. Les écarts à la moyenne sont très fréquents et peuvent être très larges. Par exemple, Alexandre le Grand, Louis XIV et Napoléon sont nés avec une dent (celle qui pousse en premier: une des deux incisives centrales inférieures).
Notons au passage que le nourrisson naît avec 52 germes de dents.
L’intérieur de la bouche est limité sur les cotés par les faces intérieures des joues, en haut par le palais, en bas par le plancher de la langue , en arrière par le voile du palais et la luette et en avant bien sûr par les lèvres. Les arcades dentaires* supérieure (dite maxillaire) et inférieure (dite mandibulaire) portent les dents qui sont plantées dans l’os alvéolaire. Faisons au passage un sort au mot « mandibule » qui ne s’applique qu’a la mâchoire inférieure et jamais à la supérieure.
Comme disait Napoléon « un bon croquis vaut mieux qu’un long discours », voici donc un schéma donnant une vue d’ensemble de l’anatomie de la dent (odonte) et de son support (parodonte) dans l’os maxillaire.
ODONTE=émail+dentine+pulpe
PARODONTE=cément+ligament (ou desmodonte) + os alvéolaire + gencive + attache épithéliale.
Pour l’anatomie de chaque dent, voir Atlas.
L‘os alvéolaire n’est pas un os stable et définitif: il apparaît avec la dent et disparaît avec elle. Le nouveau né n’a pas d’os alvéolaire, l’édenté non plus. C’est donc un os labile qu’une pathologie peut facilement atteindre et détruire.
La gencive est un tissu de recouvrement (épithélium) renforcé de kératine qui tapisse l’os alvéolaire et forme un joint autour de la dent, l’attache épithéliale. Au bord du collet de la dent, elle forme un sillon appelé sulcus gingival. L’attache épithéliale est formée d’hémi-desmosomes (fibres reliant l’émail à l’épithélium), et est composée de mucopolysaccharides* et d’acide hyaluronique.
Il existe également des fibres de collagène qui unissent directement le tissu conjonctif sous gingival au cément de la dent. Cette attache s’appelle l’attache conjonctive.
Physiologiquement, la bouche fait partie du tube digestif et a pour rôle principal le conditionnement des aliments avant leur entrée dans l’estomac. Mais elle a bien d’autres fonctions dont la moindre n’est pas l’élocution du langage articulé ou phonation.
La langue est composée de 15 muscles qui lui confèrent une grande mobilité. Elle prend ancrage sur l’os hyoïde . Voir article ICI.
La salive joue un rôle prépondérant dans la physiologie de la bouche. Elle est secrétée par les glandes salivaires et composée d’une substance visqueuse essentiellement à base de mucopolysaccharides. Elle sert à ramollir les aliments et elle lubrifie les muqueuses buccales, elle contient des enzymes qui vont favoriser la digestion, des immunoglobulines qui aident aux défenses naturelles et des sels minéraux qui peuvent éventuellement participer à la réparation de la superficie de l’émail par l’intermédiaire de la cuticule de l’émail (fine couche non cristalline qui recouvre l’émail). Ces mêmes sels minéraux vont former avec un agglomérat de micro-organismes, le tartre. Elle est par sa composition et sa température un milieu de culture idéal pour les micro-organismes. En équilibre normal, sa flore est nécessaire à un bon fonctionnement physiologique, mais elle est aussi, nous le verrons prochainement, la cause des deux principales maladies du système dentaire: la carie et la parodontite.
La salive circule entre les dents et a un rôle de nettoyage qu’on appelle la chasse salivaire. En cas de diminution du flux salivaire, soit par prise de médicaments, soit avec l’âge, il faut renforcer l’hygiène pour éviter une augmentation des risques pathologiques.
Le ph salivaire, c’est-à-dire le degré d’acidité ou d’alcalinité de la salive, se situe dans l’idéal à 6,8 donc très légèrement acide puisque la neutralité est à 7. Une salive trop acide, très en dessous de 7 donnera plus de caries; et une salive trop alcaline, très au dessus de 7 donnera plus de tartre, donc plus de problèmes de gencive. Ceci sera développé dans les prochains articles.
Dans ce rapide survol de l’anatomie bucco-dentaire, il ne faut pas oublier les muscles masticateurs qui jouent un très grand rôle dans la physiologie, et donc aussi la pathologie de la bouche, mais leur description en détail est trop complexe pour être approfondie ici. Nous en parlerons chaque fois que nous en aurons l’occasion. La puissance de serrage de la mâchoire peut atteindre 80 à 100 kg et nous verrons les conséquences que cela peut entraîner sur les dents et leurs tissus de soutien.
Il ne faut pas oublier les muscles des lèvres et des joues dont nous serons amenés à parler aussi.