aAvant, et après l’acte opératoire: il semble bien que les internautes ne trouvent pas encore toutes les réponses qu’ils cherchent, tant leur angoisse est grande, devant la mutilation que représente la perte d’une ou plusieurs dents. C’est la perte de l’intégrité corporelle, puisque les dents sont symbole de vie, les extractions dentaires, c’est le commencement de la mort.
Le mythe de l’arracheur de dents reste vivace dans les fantasmes:
Donc évitez les extractions: demandez à votre dentiste de faire le maximum pour sauver vos dents. Et surtout ne laissez pas vos dents se carier, ayez une hygiène parfaite (fil de soie, brossettes interdentaires) et faites un contrôle et un détartrage tous les 6 mois.
AVANT L’EXTRACTION.
Une extraction simple peut être faite en urgence, sans préparation particulière. Mais je recommande toujours aux praticien de ne jamais faire d’extraction sans radio au préalable pour avoir une idée de l’anatomie de la dent et de l’environnement. Il faut éviter les extractions vite faites, entre deux portes, ce sont toujours celles là qui nous réservent les pires problèmes.
Le mieux est de prévoir un rendez-vous spécialement pour cela de façon à ce que d’une part, le praticien ou son assistante ait préparé toute l’instrumentation à l’avance (radio affichée) et d’autre part que le patient ait été préparé.
Eviter les rendez vous à 21 h « pour être tranquille » c’est la pire des heures! Quand il fait nuit les anesthésies prennent moins bien et le patient saigne plus. De nombreuses études très séreuses le prouvent.
Prévoir de préparer une prothèse provisoire si le patent ne peut pas ou ne veut pas rester sans dents: il y a toujours un moyen de trouver une solution provisoire, il faut que le patient en soit informé et qu’il sache ce que ça va lui coûter. (voir ICI!)
Prévoir une prémédication si l’extraction s’avéré un tant soit peu compliquée. Refroidir les infections avant l’extraction (sauf urgence absolue) pour ne pas travailler dans le pu. L’anesthésie prend moins bien sur un territoire enflammé ou infecté.
Faire une ordonnance de prémédication (voir ICI!). Le patient est toujours plus rassuré s’il a eu une ordonnance avant:
– si nécessaire un antibiotique
– de préférence un antihémorragique
– une petite dose d’anxiolytique pour avoir un patient détendu et favoriser l’anesthésie locale.
PENDANT L’ACTE OPÉRATOIRE.
L’anesthésie. (voir ICI!)
Il est préférable de faire une anesthésie de surface avant de piquer. Prévenir le patient qu’on va lui faire un petit peu mal avec l’injection. Il faut piquer en plusieurs points de proche en proche pour que le patient ne sente que le premier.
Il ne faut pas hésiter à utiliser plusieurs techniques d’anesthésie: tronculaire, péri-apicale, intra-osseuses (ligament, septum). Prévenir le patient que les intra-osseuses font mal parce qu’il faut de la pression,mais qu’elles sont hyper efficaces: avoir mal 30 secondes et être totalement anesthésié pendant deux heures en vaut la peine!
On peut utiliser SANS AUCUN PROBLÈME 5 cartouches de 2 cc et la dose toxique ne commence qu’à 20 cc, c’est à dire 10 cartouches.
L’extraction.
Pour l’acte opératoire lui même voir ICI!
Il est inutile de bavarder pendant l’acte opératoire, surtout avec l’assistante, mais je pense que quelques mots de temps en temps pour informer le patient de l’avancée du travail le rassurent. Il est préférable d’éviter tout commentaires sur les difficultés ou le saignement.
La finition à la râpe à os et à la pince gouge, est importante, de façon à ce qu’il n’y ait pas de pointes osseuses qui traversent la muqueuse lors de la cicatrisation, et que la crête alvéolaire soit régulière pour la prothèse qui va suivre. Il faut bien nettoyer et cureter pour éviter d’avoir à y revenir pour des petites esquilles osseuses qui restent et qui s’éliminent par la suite. Voir ICI!
Pour ma part j’ai toujours mis une poudre antibiotique et de la thrombase et des éponges avant de refermer pour éviter une saignement post-opétatoire et prévenir une alvéolite.
Lors des sutures il très important d’informer le patient s’il s’agit de points de suture ou de points de rapprochement (voir ICI!). Il est très important aussi de dire au patient si le fil est résorbable ou non et en combien de temps il se résorbe (voir ICI!).
La fin de l’extraction doit se terminer par la compression du site opératoire: on fait mordre sur 2 compresses pliées en 4 pendant une demi heure, à renouveler 3 fois (2 h). S’il y a une prothèse provisoire, il faut la poser tout de suite tant que l’anesthésie n’est pas encore passée. Elle sert aussi à faire compression et éviter le saignement. Elle protège le caillot et évite l’alvéolite, et elle sert de guide à la cicatrisation des tissus en bonne forme.
La médication post opératoire. Voir ICI!
Il faut rappeler de continuer ce qui a été prescrit auparavant comme l’indique la première ordonnance. Puis donner une autre ordonnance avec des antidouleurs et des bains de bouche.
Les patients doivent être informés qu’il vaut mieux prendre systématiquement l’antalgique même si on a pas mal, car il agit mieux sur une douleur qui n’est pas encore installée que sur une douleur déjà là.
Je donnais à chaque patient une petite pochette congelée qu’il mettait tout de suite sur la joue en rentrant chez lui et ensuite l’appliquait une heure et la remettait au congélateur une heure; et ce pendant le plus longtemps possible. J’ai publié à plusieurs reprises sur cette pratique, mais je n’ai pas l’impression que les praticiens se soient alignés sur mes conseils!
L’alimentation.
Je conseillais à mes patients de manger des glaces pendant 48 heures, ce dont le enfants raffolaient, bien sûr!!!
Il est préférable de n’intervenir que sur un seul côté de la bouche pour laisser un côté au patient pour manger: les suites post-opératoire sont bien meilleures si le patient mange du côté opposé. L’autre coté sera fait 2 à 4 semaines après.
Manger des choses molles et tièdes, froides les 2 premiers jours.
L’hygiène.
Évitez tout brossage ou bain de bouche pendant 24 heures afin de laisser un bon caillot sanguin dans l’alvéole.
Puis commencez des brossages doux avec une brosse chirurgicale en ne passant pas sur le site opératoire. Faites des bains de bouche après chaque repas avec le bain de bouche qui vous aura été prescrit.
Après 3 ou 4 jours commencez à masser doucement le site opéré avec la brosse douce.
Au bout d’une semaine vous pouvez reprendre votre brossage habituel. Continuez les bains de bouche tant qu’il y a des aliments qui entrent dans la cavité.
Ne jamais utiliser de coton tige pour nettoyer.
Après 8/10 jours, si la cavité est profonde et que vous avez du mal à la nettoyer, lavez la cavité après chaque repas avec une seringue « BD 60 ml Syringe Catheter tip» et du bain de bouche BETADINE BUCCALE dilué ½ avec de l’eau, surtout sans pression.
Le trou mettra 8/10 semaine, parfois plus, à se reboucher.
La sensibilité.
La douleur, ne commence généralement que le lendemain de l’extraction, elle est maximale du 2 ième au 5 ième jour. N’attendez pas d’avoir mal, pour pendre l’antalgique qui vous a été prescrit.
L’hypoesthésie ou l’hyperesthésie sont normales pendant les premiers jours. Si cela se prolonge au delà de 5 ou 6 jours, il vaut mieux contacter votre praticien pour qu’il vous prescrive un corticoïde.
Le douleurs se prolongent plus ou moins pendant 10 jours après l’extraction.
L’oedème.
L’oedème est normal est dure une semaine ou deux. Sil y a eu beaucoup d’antibiotiques pour une infection, il peut devenir scléreux et durer plusieurs semaines.
Le trismus.
Les dents du bas, surtout les molaires et en particulier les dents de sagesse donnent presque inévitablement une constriction passagère des mâchoires. Parfois les dents de sagesse du haut aussi. Si cela dure trop, il faut faire des exercices d’ouverture forcée avec les doigts. (voir ICI!)
Les petites complications.
L’halitose, ou mauvaise haleine est presque constante: on peut lutter contre avec des bains de bouche.
L’alvéolite qui est la hantise de tous: voir ICI!
Les communications bucco-sinusiennes (CBS)voir ICI!
Les ganglions cervicaux et sous maxillaires sont normaux et disparaissent spontanément, parfois plusieurs semaines après.
L’élimination retardée de petites esquilles osseuses est sans conséquences, il faut les laisser sortir toutes seules ou si elles gênent trop revoir le praticien.
Hémorragie post opératoire.
Face à une hémorragie, le premier geste, et le plus simple, est de comprimer très fortement la plaie avec des tampons de compresses pliées pour augmenter la pression. On peut imprégner ces compresses d’eau oxygénée pure à 10 volumes, le résultat est meilleur. On mord dessus et on renouvelle toutes les demi-heures.
Si l’hémorragie semble trop important et si elle persiste plusieurs heures: il faut consulter un service d’urgences.
Pour la cicatrisation normale vous aurez toutes les informations ICI!
Bonjour,
je vous remercie pour votre article, il est très rassurant. C’est tout à fait vrai que les dentistes de manière générale ne nous informent pas vraiment sur ce qu’on va pouvoir observer, sentir et ressentir suit à une extraction dentaire. Pour ma part, j’ai eu ma deuxième il y a 5 jours (à cause d’un abcès impossible à soigner) et c’est très stressant à cause de (comme vous le dites si bien) la grande peur de l’alvéolite.
Je suis tombé sur votre blog un peu par hasard sur un autre site (cherchant à me rassurer sur internet, comme quoi, c’est une bonne idée), et j’en suis très content. Vous avez su décrire efficacement ce qu’il se passe durant la cicatrisation et c’est vraiment rassurant.
Je vous remercie !
Bonjour docteur
Mille merci pour votre site et vos précieux conseils dentaires. Je suis la patiente avec la dent 36 infectée, lésion « en doigt de gant » dont l’infection pourrait essaimer. Je suis souvent en déplacement, sans dentiste attitré et ces jours-ci à Paris. J’ai revu l’endodontiste qui m’avait soigné la 37 en juin (devitalisation+ couronne). Il propose d’extraire la 36 demain fin de matinée. Ma question est : est-ce judicieux sachant que 1) je prend le train en début d’après-midi (retour en Bretagne) donc métro et train avec bagages, pas de glaçage sous la main, pas de nourriture liquide. 2) je suis opérée en orthopédie le 16 octobre à Brest, sous anesthésie générale (avec peut-être une auto-greffe d’os) puis séjour en rééducation de plusieurs semaines. Vaut il mieux extraire maintenant, avant l’opération orthopédique, ou attendre 2 mois que je sois de retour chez moi, un peu plus posée ?
J’ai évoqué une prothèse provisoire si extraction demain, mais il m’a dit qu’il ne mettra rien.
Après cicatrisation j’envisage un implant.
Je pense qu’il vaut mieux extraire la dent avant l’intervention, sous couverture antibiotique, pour éviter une contamination à distance. Parlez en à votre chirurgien..
Merci beaucoup. Je suis dans le train qui m’éloigne de Paris, je n’ai pas fait l’extraction ce matin car bousculée par le temps, avec des bagages etc. Je vais essayer de la faire extraire avant l’intervention mais les délais sont brefs.
Merci encore pour vos conseils.
Pourriez-vous expliquer cette histoire de migration de l’infection ? C’est étonnant ! (Dans mon cas elle est à symptomatique, détectée en visite de contorole avant traitement eventuel pour ostéoporose . Vous avez vu les images du « doigt de gant »)
Je me permets de préciser, concernant le rsique de migration que vous evoquez, que l’opération orthopédique concerne la clavicule, avec pose de plaque pour osteosynthese. Si besoin un peu de tissus osseux sera prélevé dans la crête iliaque (bassin) pour greffe.
Si je ne peux pas me faire extraire la dent infectée (déjà devitalisee et sous couronne) d’ici une semaine (date de L’opération orthopédique), un traitement antibiotique reste til pertinent ?
https://conseildentaire.com/les-complications-a-distance-des-infections-dentaires/
Je pense qu’il serait prudent d’opérer sous protection antibiotique