Les cellulites d’origine dentaires: les étudiants me réclament un article sur ce sujet, je ne peux pas faire autrement que de m’exécuter!!!
Pour le grand publique, je dirai qu’une cellulite est un abcès. Mais pour les professionnels, ou futurs professionnels, il faut que j’en dise plus.
Une cellulite est une inflammation ou une infection d’un tissus cellulaire. Il y a différents tissus qui peuvent être concerné, les causes peuvent être diverses, et les degrés d’atteinte plus ou moins avancé, et l’évolution différente, en fonction de la topographie.
Pour écrire cet article, qui m’a été réclamé par des étudiants d’Afrique du Nord, que je salue au passage, je me suis beaucoup inspiré de l’excellent travail de thèse du Dr. David BRUNATO soutenue auprès de L’UNIVERSITÉ HENRY POINCARÉ NANCY 1 FACULTÉ DE CHIRURGIE DENTAIRE en 2005 (ICI).
Étude clinique des cellulite.
Lorsque la cellulite commence, le processus inflammatoire se déroule en trois phases:
La phase vasculaire
Rubor, Tumor, Calor, dolor, mes années d’études ont été hantées par ces quatre mots latins qui veulent dire: rougeur, tumeur (œdème), chaleur et douleur: signes caractéristiques de l’inflammation. La vasodilatation, qui a pour but d’augmenter sur place l’apport d’éléments de défense par les sang, va être à l’origine de ces 4 symptômes, dont 3 sont objectifs puisque visibles et un, la douleur, subjectif, puisque ressenti par le patient seul.

La phase vasculaire commence par la congestion, puis l’exudation, pour faire passer les éléments figurés du sang dans les tissus. L’exudat est d’abord séreux (sérum), puis fibrilleux (fibrilles de conjontif) puis purulent (pus d’élimination des débris de cellules et bactéries mortes).
La phase cellulaire fait suite à la phase vasculaire et marque l’arrivée de cellules au sein du foyer inflammatoire.
Pendant l’inflammation les leucocytes (polynucléaires
neutrophiles, monocytes, macrophages) sont mobilisés par chimiotactisme et migrent électivement dans le tissu inflammatoire, pour phagocyter les bactéries.
De nombreux médiateur chimiques sont sécrétés: histamine et sérotonine, ainsi que des enzymes qui jouent un rôle immunitaire.
La phase cicatricielle est plus tardive et se traduit cliniquement par l’effacement progressif de la plaie.
Les cellulites sont classées selon deux critères:
– la forme clinique
– la localisation.
Classification selon la forme clinique.
- 1° Les cellulites aiguës:
– la cellulite aiguë séreuse
c’est le premier stade de l’inflammation, qui succède généralement à une crise douloureuse, avec les 4 signes clef dont nous avons parlé, tumeur, chaleur, douleur, rougeur.
La palpation légèrement peu douloureuse, ne décèle aucune fluctuation et le signe du godet(empreinte persistante du doigt après pression à l’endroit de la tuméfaction) n’existe pas.
Il y a un œdème et la température locale est augmentée.
Les signes généraux sont minimes, ou inexistants.
La cellulite séreuse est réversible si le diagnostic et le bon traitement sont établis à temps.Cellulite circoncrite mandibulaire (unisof). Sinon, on passe au stade suivant.
– La cellulite aiguë circonscrite suppurée.
C’est ce qu’on appelle communément un abcès. Il y a une poche ou une cavité qui contient du pus.
Il peut y avoir des signes généraux et une température à 37/38°.
La douleur devient continue, lancinante et irradiante. Le trismus est d’autant plus marqué que la dent est postérieure, l’haleine est fétide et il y a une hyper salivation.
L’œdème est fluctuant et prend le godet.
Faute d’un traitement approprié (suppression de la cause, drainage, antibiothérapie), l’évolution va vers la fistulisation spontanée ou les complications.
Les complications peuvent être locales (phlegmons diffus, abcès de la fosse temporale, ostéites corticales…) ou générales (thrombophlébites, septicémie…), aggravation de l’état de santé du patient et pouvant mettre en jeu son pronostic vital.Cellulite génienne basse suppurée (hirurgs.ru). – La cellulite gangreneuse.
Elle est généralement due à la présence de bactéries anaérobie (perfringens) et nécessite l’hospitalisation de patient. L’œdème est facilement reconnaissable, car parcheminé et crépitant en raison de la présence de gaz. La température est élevée.
2° Les cellulites chroniques.
Les cellulites chroniques sont moins visibles, car plus localisées, et plus fermes que les cellulites aiguës, elles peuvent êtres scléreuses et fistulisées. Elles ne présentent généralement pas de signes généraux, parfois une fatigue chronique.

3° Les cellulite diffuses.
Les cellulites cervico-faciales diffuses restent des affections encore très graves, seule une prise en charge précoce et multidisciplinaire permet d’espérer un bon pronostic.
Elles se produisent généralement sur des terrains prédisposés par des facteurs favorisants.
En ce qui concerne le praticien odontologiste l’hospitalisation en urgence est une protection essentielle.

Classification selon la topographie.
Je rappelle, pour les non professionnels, qu’on dit « maxillaire » pour le haut, et « mandibulaire » pour le bas.
Au Maxillaire.
Pour le molaires et certaines prémolaires la cellulite évolue en vestibulaire pour les racine vestibulaires et en palatin pour les racines palatines.
Pour les dents sinusiennes la cellulite peut contaminer le sinus maxillaire et donner une sinusite.
Pour le groupe incisivo-canin l’évolution se fait vers le vestibule très haut , vers le nez pour les incisives centrales et vers l’œil pour les canines et les incisives latérales, comme le montre ce cliché publié par le CHU de Tours.
A la mandibule.
Pour les dents inférieures, l’évolution se fait généralement vers le vestibule, sauf pour les dents très postérieures qui donnes une évolution plutôt linguale en raison de l’épaississement de la table externe due à la ligne oblique externe.
Pour les dents de sagesse, il n’est pas rare que la cellulite apparaisse face à la première molaire en raison de la déclivité
(abcès de Chompret-l’hirondel).

Les dents postérieures seront souvent causes de trismus.
Les cellulites mandibulaires sont généralement au dessus du muscle mylo-hyoïdien, et elle sont plus graves lorsqu’elles passent sous mylo-hyoïdiennes, car il n’y a plus de barrière anatomiques et peuvent aller jusqu’en sus-claviculaire.

En ce qui concerne les abcès parodontaux, la cellulite se développe là où il y a des poches, et souvent entre deux dents (syndrome du septum).
Toutes les cellulite mandibulaires, et dans une moindre mesure les maxillaires, peuvent se contaminer aux glandes salivaires.
Étiologie (causes) des cellulites.
Comme vous l’avez compris, 99 % des cellulites sont d’origine dentaire: complication des caries ou des lésions parodontales, ou accidents d’évolution de dents.
Des traumatismes, des fractures, ou des micro-traumatismes répétés peuvent aussi être à l’origine de cellulites.
Les facteurs aggravants sont le diabète, l’immunodépression, le toxicomanies et le tabagisme, et surtout le manque d’hygiène buccale.
Certains médicament, qui ont un effet immuno-déprésseurs peuvent aussi être mis en cause.
Les bactéries responsables des cellulites sont très variées et pas vraiment spécifiques.
Traitement des cellulites.
Avant tout acte, en fonction du stade d’évolution, une antibiothérapie est presque toujours indispensable.
Que ceux qui « contre » les antibiotiques, se disent bien qu’il fallait y penser avant d’en arriver là, presque toujours par négligence. Il peut être utile dans certains cas, de favoriser le drainage purulent par une incision dés le première séance, en évitant bien sûr l’injection in situ d’un anesthésique qui pourrait diffuser l’infection.
La prescription d’anti-inflammatoires et très discutée et discutable. En effet l’anti-inflammatoire freine les réactions de défense naturelles de l’organisme. Mais après la phase séreuse initiale, il peut aider à réduire un oedème trop important, et favoriser la diffusion de l’antibiotique. Il faut donc en éviter la prescription dans les phases de début et on peut en prescrire dans les phases plus avancées.
L’étape suivante sera évidement la suppression de la cause, par soin ou extraction de la dent causale.
Une prescription forte et prolongée d’antibiotiques sclérose parfois l’oedème et aboutit à une tumeur ligneuse longue à résorber.
Comme toujours, je répéterai mon inlassable refrain concernant la prévention: la majorité des cellulites sont dues à une réactivité insuffisante devant le ou les premiers symptômes. Et même en aval, avec des visites de contrôle régulières, avec un praticien vigilant, on devrait même anticiper le premier symptôme, et encore plus en aval avec un hygiène et une prophylaxie stricte.
Bonsoir sa fait 2ans les brûlures sur la langue j ai tout fait sa me gêne la déprime mardi rendez vous à Paris à l hôpital saint Louis avec un stomatologue j espère trouver un traitement jan peu plus vous connaissez pas un traitement à me conseiller merci
Avez vous essayé les traitements contre le reflux gastrique?
Bonjour docteur J’ai une requête en cas d’une cellulite séreuse les anti-inflammatoire sont contre indique a ce que vous pouvez me explique pour quoi et merci d’avance
Répondre
Le processus inflammatoire, a pour but d’augmenter l’afflux sanguin et lymphatique sur place, pour apporter les éléments de défense. Si vous donnez un anti inflammatoire, vous empêchez ce processus et affaiblissez les défenses…
Dépassé le stade séreux, le processus inflammatoire devient une congestion et un encombrement et là l’anti inflammatoire peut être utile, encore que je n’en soit pas convaincu, il vaut mieux un antibiotique et un antalgique…
Bonjour,
Votre article est très intéressant et me permet de comprendre rétrospectivement ce qui est arrivé il y a qqs années à mon conjoint, et qui (peut-être ?) mériterait à l’intention de vos étudiants – voire des confrères – que votre article consacre qqs lignes à un point que vous évoquez en zone de commentaires : les anti-inflammatoires. Mon ami souffrait d’un abcès douloureux et partit en urgence chez le dentiste le plus proche pour se faire soulager, il lui fut prescrit un anti-inflammatoire de type AINS.
La douleur sembla s’atténuer mais plus tard dans la nuit, j’ouvris les yeux et découvris mon ami enflé comme sur la photo du garçonnet de votre article si ce n’est plus. Littéralement impressionnant. Je le conduisais directement aux urgences de l’hôpital où il passa finalement 4 jours.
La dentiste de l’hôpital nous expliqua que ce cas était pratiquement un « classique », l’aggravation survenue dans la nuit avait été déclenchée par la prise de l’anti-inflammatoire. Elle estimait que face à une inflammation ou un abcès, il ne faut pas prescrire d’AINS d’emblée. Mais qu’elle récupérait pourtant régulièrement des patients dans le cas de mon ami. Je ne parle même pas du nombre de gens, qui doivent être tentés de soulager tout seuls avec un Ibuprofène de l’armoire à pharmacie!!
Eh! Oui, j’ai enseigné cela aux étudiants pendant plus de 20 ans…mais il y a encore des praticiens qui ne le savent pas!… ou qui prescrivent sans prendre le temps de faire un diagnostic.
bonjour,
site à un diagnostique d osteite fait a mon père tres récemment, apres avoir eu d’autres diagnostique qui se sont avérés étonné ( sinusite avec oedème à l’oeil et celullite … ) qui serait très certainement lié à une extraction de dent faite il y a de ca pas mal de temps, je m’inquiète énormément pour lui qui a des douleurs à la joue ainsi qu une inflammation de celle ci et de l’oeil, ayant perdu ma mère il y a de cela 6 mois, j’ai très peur de perdre mon père. J’ai fais beaucoup et sûrement beaucoup trop de recherche sur internet ( rien qui me rassure ) ou d’ailleurs je ne trouve pas tant que cela d’information sur l osteite dentaire et celles ci m’ont amenées jusqu’à vous. C’est alors tout naturellement que je me tourne vers vous afin de savoir si la guérison est possible et qu’elles sont les risques de complications? Je ne trouve hélas aucun témoignage de personne guéris et les médecins ne trouvant pas encore la bactérie qui grignotte l’os de mon pere, je suis désemparé et me sent impuissant face a se mal qui le ronge, et j’ai très peur car j’ai le sentiment que la médecine est elle même dépassée .
Je vous remercie d’avance de l’attention que vous pourrez apporter à mon mail.
cordialement.
Sébastien L.
Envoyez moi une radio panoramique pour que je puisse comprendre de quoi il s’agit, sue « dr.h@conseildentaire.com » avec votre question résumée.
Bonsoir docteur, j ai 48 ans et je souffre depuis cinq ans de gyngivites à répétition. Je pense que c est dû au fait que durant toute ma dernière grossesse en 2014-2015 le dentiste a refusé de me faire un détartrage et juste l année suivante j ai eu l ablation d une tumeur à la gencive. Il n y a plus de dentistes dans ma ville, et ceux des environs refusent de me soigner, car j ai une maladie génétique rare (Ehlers Danlos). Je suis obligée de me faire soigner par des étudiants en CHU mais les délais sont longs (prochain rendez-vous en mars prochain seulement). Bref je n ai pas un bon suivi. J ai besoin d un détartrage depuis septembre et ces dernières semaines j ai eu des gyngivites à répétition. Ce soir aussi de nouveau et je n ai pas de docteur avant lundi. J ai la joue rouge un peu gonflée très douloureuse et sur les gencives blanchies ça fait des granules. Je viens de découvrir votre article et je me demande si je n ai pas le début d une cellulite dentaire. Je n ai pas de moyen de transport et suis loin des hopitaux. Peut être devrais je commencer un traitement antibiotique (amoxycilline) en attendant d avoir une solution pour lundi ? Car il m en reste à la maison. On est vendredi soir. D avance je vous remercie pour votre aide. Bien cordialement. ND
Envoyez moi des photos de vos gencives avec votre texte sur « dr.h@conseildentaire.com » et une radio panoramique si vous en avez une
Bonjour Docteur,
J’ai souffert d’un mal de dent que je pensais classique le 13 juillet toute la journée, au travail une amie m’a donné un ibuprofen pour me soulager après avoir tenté 2 prises de Doliprane…
Dans la nuit la douleur est devenue insupportable j’ai donc pris un lamaline que j’ai mis directement sur ma dent.
Le lendemain matin je me suis réveillée avec le visage déformé et une douleur qui était devenue
Insurmontable… j’ai été accompagnée aux urgences dentaires de la Salpetiere ou j’ai vu une interne puis un maxilo… diagnostique d’une cellulite dentaire mais pas de radio ni de scanner à mon grand étonnement.
Tentative de drainage en vain, mais après injection d’un anesthésique, c’est la que je m’étonnes car vous dites qu’il faut éviter l’injection in situ car elle pourrait diffuser l’infection…
Bref je ressors avec une antibiothérapie d’une semaine une ordonnance pour une échographie des glandes salivaires à faire dans un labo indépendant et aucune idée de la dent causale ni de la cause de mon infection.
Deux jours plus tard comme convenu je reviens sans rv aux urgences du même hôpital mais plus de maxillo car le service ferme à 17:00 donc je vois un autre orthodontiste qui après consultation de mon écho et au regard de mon visage légèrement dégonflé me
laisse partir en me conseillant la poursuite du traitement…Encore une fois, pas de radio ni scan et aucune tentative de drainage… 30mn plus tard je sentais dans ma bouche un liquide purulent qui s’écoulait … Je suis à mon 4ème jours de traitement et mon visage est toujours, mais beaucoup moins, gonflé et j’ai toujours le besoin de prendre du paracetamol codeine prescrit dans mon traitement.
Il aurait en effet mieux valu faire un vrai diagnostic plutôt que de prescrire à l’aveugle. Enfin…mieux vaut que rien!
Maintenant il ne reste plus qu’à voir un vrai dentiste pour savoir ce qui se passe.