Docteur Frédéric MANOUKIAN
Docteur en Chirurgie Dentaire
Docteur d’Université en Odontologie.
L’anatomie des canaux* radiculaires des dents que nous sommes amenés à traiter quotidiennement nous pose souvent des problèmes de localisation ou d’instrumentation.
En effet, si l’on consulte les livres d’anatomie dentaire, les canaux radiculaires sont nettement dessinés, réguliers et sans défaut morphologique. Nous savons tous que la réalité est toute autre, que l’anatomie dentaire est d’une incroyable complexité, ce qui explique que des traitements apparemment correctement réalisés aboutissent parfois à des échecs. Nous en avons eu l’exemple encore récemment, sur une deuxième molaire supérieure droite, soit la 17. Nous devions traiter dans un 1er temps la 16, présentant une importante carie distale puis reprendre le traitement de la 17 qui était notoirement insuffisant. (Radiographie n°1)
Radiographie n°1
Nous avons donc repris le traitement de la 1ère molaire qui comportait comme souvent, dans 55% des cas, un 4ème canal orienté en mésial*, mais assez long toutefois. La coupe au collet de cette dent permet de mettre en évidence la présence de ce 4ème canal. (Photographie n°1)
Photographie n°1 : Coupe au collet de la 16, avec mise en évidence du 4ème canal mésial.
La reprise du traitement de la 1ère molaire inférieure gauche n’avait pas posé de problème particulier. Il n’y avait pas de piège, la dent présentant classiquement deux canaux mésiaux et un canal distal*. (Radiographie n°2)
Radiographie n°2 avant reprise de traitement.
Par les méthodes classiques de reprise de traitement du système Protaper, nous avons pu obtenir un résultat correct (Radiographie n°3)
Radiographie n°3, après reprise du traitement.
Il en a été tout autre avec le traitement de la 2ème molaire supérieure droite:
Dans un premier temps, nous avons ouvert la chambre pulpaire en triangle aplati, traité et obturé les 3 canaux que compte classiquement cette dent (Radiographie n°4)
Radiographie n°4 : 3 canaux obturés.
Ce n’est qu’en examinant plus attentivement les radiographies que nous avons pu mettre en évidence la présence d’un 4ème canal très orienté en palatin*. Nous avons donc repris et complété le traitement, toujours avec le système Protaper utilisant une obturation canalaire au Sealite et cône de Gutta-percha* normalisée compactée à froid.
Nous pouvons nettement voir sur les photographies la présence du 4ème canal, mésio-palatin, avec le coude qui le relie à la chambre pulpaire* principale : (Photographie n° 2)
Photographie n°2 : Mise en évidence du 4ème canal mésio-palatin avant obturation.
Radiographie n°4 : 4 canaux obturés
Le travail a donc pu être achevé par l’obturation de ce 4ème canal, avant l’exécution de prothèses conjointes conventionnelles sur ces 3 dents. La coupe au collet de cette deuxième molaire supérieure met nettement en évidence la situation très inhabituelle de cette racine. (Photographie n° 3)
Photographie n° 3, mettant en évidence l’obturation canalaire, lors de la préparation prothétique de ces deux molaires.
Comme on peut le constater, la clé de la réussite en endodontie tient d’abord à la lecture attentive des radiographies mises à notre disposition, puis en l’ouverture large de la chambre pulpaire* afin d’éviter tout repli de dentine qui nous empêcherait de mettre correctement en évidence les entrées canalaires*. Enfin, il ne faut pas hésiter à passer outre les schémas classiques enseignés pour rechercher d’autres entrées de canaux, qui, non traités, peuvent être la source d’ennuis ultérieurs.
Dr. Frédéric MANOUKIAN http://dr-manoukian-frederic.chirurgiens-dentistes.fr/
*Voir: lexique.