Site icon Conseil Dentaire Dr.Hauteville

Cicatrisation en bouche après une extraction dentaire. Dossier.

Dernière remise à jour le 23/06/2021.

Récapitulation complète sur tous les éléments de la cicatrisation en bouche après chirurgie, quelle qu’elle soit.

La cicatrisation est un des sujets les plus recherchés sur mon blog. J’ai donc décidé, pour vous faciliter la tâche, de regrouper tous les articles sur ce sujet, en les réactualisant et en les complétant. J’ai aussi rajouté des aspects que je n’avais pas traité auparavant.

Histologie de la cicatrisation de la muqueuse.

Il y a deux modes de cicatrisation des plaies: la cicatrisation par première ou par deuxième intention.

La cicatrisation par première intention.

Lorsqu’on peut remettre bord à bord les lèvres d’une plaie, il est possible de poser des sutures, et les deux bords « ouverts » des tissus seront maintenus en contact étroit par les fils. Il y aura alors une véritable » soudure » des tissus sans solution de continuité. C’est ce que nous appelons la cicatrisation par première intention.
Pour que la jonction se fasse, il faut que les cellules puissent passer d’un côté à l’autre librement sans barrière. Si on suture deux surfaces épithélialisées l’une contre l’autre, cette soudure ne se fera jamais.

La cicatrisation par deuxième intention.

Lorsqu’on extrait une dent, tout simplement en « l’arrachant » de son alvéole, le trou laissé est une perte de substance sans possibilité de rapprocher les bords. L’urgence pour l’organisme va être de refermer le milieu interne. Il va donc se créer une couche de cellules épithéliales qui vont très rapidement, en 48 heures, tapisser la paroi osseuse de l’alvéole. Ensuite progressivement, en plusieurs semaines le trou va se combler par le fond. La reconstruction osseuse se fait sous la couche épithéliale, à l’abri de cette protection, dans le milieu interne. C’est la cicatrisation par deuxième intention.

Sur la peau c’est la même chose, si on suture une plaie franche, on a une cicatrisation par première intention. Mais si on a une plaie cruentée ouverte, il va dans les heures qui suivent se former une croûte de sang coagulé, séché. Dans les 48 heures, un épithélium fragile sera formé sous la croûte, et dans les jours suivants l’épithélium va s’épaissir et la croûte va tomber.
Le saignement de l’alvéole après extraction forme un caillot qui bouche provisoirement le trou pendant 24 à 48 heures, le temps que se forme une muqueuse qui tapisse toute la cavité osseuse et empêche une pénétration bactérienne.
L’os se forme par le fond, sous l’épithélium et rebouche progressivement le trou laissé par la dent.

En chirurgie, il est préférable, chaque fois que possible de se mettre en situation de cicatrisation par première intention.
Mais pour les extractions dentaires simples, la situation de l’alvéole sans la dent fait qu’on se retrouve la plupart du temps en cicatrisation par deuxième intention. Il faut donc prendre un certain nombre de précautions pour éviter les complications comme l’alvéolite.

La cicatrisation os gencive après extraction dentaire simple.


Il s’agit comme nous l’avons vu d’une cicatrisation par deuxième intention, mais en cas de nécessité on peut se mettre en situation de première intention.
Il est préférable de ne pas laisser de pointes osseuses irrégulières.
Pour une extraction simple, l’avulsion(=extraction) laisse l’alvéole béant, mais il est bon que le praticien prenne l’habitude de resserrer entre le pouce les deux tables osseuses interne et externe, car comme elles sont un peu souples, on peut les rapprocher, et en maintenant quelques secondes, on arrive aussi à recoller les tissus mous avec le sang coagulé.
En cas de nécessité, on peut poser des points de rapprochement, c’est à dire des points qui ne ramènent pas les bords de la plaies au contact l’un de l’autre, mais qui les rapprochent et les resserrent.
On termine par la pose sur le dessus d’une compresse pliée en quatre sur laquelle on demande au patient de mordre pour maintenir la plaie comprimée et compacte et favoriser ainsi la formation d’un bon caillot. Pour ne pas éliminer le caillot trop tôt, il faut s’abstenir de bains de bouche pendant 24 heures.
Les processus de cicatrisation engendrent différentes couleurs qui inquiètent toujours les patients. Voici quelques explications qui les rassureront.
Le blanc = desquamation de cellules mortes. C’est la neige! les cristaux de glace sont mélangés avec de l’air et ça donne la couleur blanche. L’écume de la mer est blanche. C’est une émulsion avec de l’air: plus vous battez la mayonnaise plus elle blanchit, de même que les blancs d’œuf. Les cellules mortes se décollent, de l’air passe en dessous et ça devient blanc, comme les pellicules éliminées par le cuir chevelu..
Le noir=sang coagulé C’est le boudin! (noir, pas le boudin blanc).
Le rouge=tissu néo-formé. Les nouveaux tissus sont très vascularisés car les cellules sont en pleine croissance et il faut les nourrir  avec beaucoup du sang, rouge vermillon.
Les hématomes=L’oxyhémoglobine est rouge vif, la carboxyhémoglobine est bleue violacée. La décomposition de l’hémoglobine du sang  qu’on appelle l’hémolyse donne l’heme qui se sépare de la globine, qui est transformée en biliverdine (verte), puis en bilirubine (jaune).
Il arrive aussi qu’il y ait des hématomes sur les joues, les lèvres, les paupières qui subiront les mêmes transformations de couleurs.

Durant les premières 48 heures, toute la surface interne de l’alvéole va se tapisser d’une muqueuse épithéliale qui assurera la « fermeture » du milieu interne.
La cicatrisation de l’os est beaucoup plus longue, elle demande plusieurs mois et l’alvéole commence à se combler par le fond, sous la couche muqueuse. Il persistera donc un trou pendant plusieurs semaines qu’il faudra laver pour éviter des bourrages alimentaires. Ce lavage se fait avec des bains de bouche après chaque repas pendant une dizaine de jours, puis on pourra utiliser une seringue sans aiguille et laver l’intérieur (sans pression) avec du bain de bouche.
Il faut un minimum de 3 à 4 mois pour que la crête alvéolaire soit cicatrisée et permette la pose d’une prothèse définitive.
Voir aussi ICI.

Cicatrisation par deuxième intention: arrachement d’une dent sans autre acte chirurgical.
(Voir dans le détail la technique d’extraction d’une dent ICI!)

L’alvéole reste béant, rempli de sang et de déchets cellulaires.

Alvéole deshabité avec restes ligamentaires.

Le sang se coagule et forme un caillot qui remplit plus ou moins l’alvéole. Le rôle de ce caillot est celui d’une colle qui sert à fermer la plaie, pour isoler le milieu interne du milieu externe et faire une étanchéité provisoire pour éviter un envahissement bactérien. Cette phase dure approximativement 24 heures.

Épithélialisation de l’os sous le caillot sanguin.

Le caillot reste environ 24/48 heures en place pour parfaire l’étanchéité, ce qui permet la formation d’une muqueuse par dessous. Le caillot n’étant plus adhérent s’élimine.

Épithélialisation complète de l’alvéole et élimination de déchets blanchâtres.
Alvéole en cours d’épithélialisation avec déchets blancs. (idweblogs.com)

A ce stade l’alvéole est rempli de membranes et de filaments blancs qui sont les cellules mortes du ligament alvéolo-dentaire éliminées.
Le comblement de l’alvéole par l’os commence par le fond, puis les parois.

Comblement osseux progressif de l’alvéole.

Il faut 2/3 mois pour combler l’alvéole complètement.

Coupe de l’aspect final de la crête après cicatrisation complète.

Ceci est est le processus d’une cicatrisation par deuxième intention.

Extraction chirurgicale:cicatrisation par première intention .

Site chirurgical enfoui, dent incluse.

Il est nécessaire de créer une voie d’abord pour accéder à une dent incluse. Il faut donc inciser et dégager l’os qui la recouvre. Il faudra donc refermer par des sutures en remettant les lèvres de la plaie bord à bord, et on aira une cicatrisation par première intention.

Extraction simple.

Revenons à l’alvéole déshabité, une fois la dent extraite.

On peut raboter les pointes osseuses, on décolle un peu la gencive pour pouvoir la tirer, on curette l’alvéole pour retirer les déchets et pour faire saigner, et on met une éponge de collagène imprégnée de thrombase, pour une meilleure formation du caillot sanguin. Le mieux est de poser des points de rapprochement pour serrer les bords gingivaux et fermer la plaie.

Extraction chirurgicale avec pose d’une éponge de collagène et sutures.

Le résultat est déjà meilleur en fin de cicatrisation:

La largeur finale de la crête est meilleure.

Dans l’optique d’avoir d’avantage d’os pour poser ultérieurement un implant, on peut faire un comblement osseux, sans diminuer les parois:

Les bords osseux ne sont pas raccourcis, la gencive est décollée largement en vestibulaire, l’alvéole est comblé avec de l’os synthétique puis recouvert avec une membrane résorbable et la gencive suturée fermement.

Le résultat final est encore meilleur:

Cette dernière méthode est celle qui donne le plus d’os.

Cette dernière technique a cependant l’inconvénient de faire perdre un peu de gencive attachée du coté ou on a tiré le lambeau. Il est possible, mais beaucoup plus compliqué, d’y palier en faisant une petite greffe de gencive pour fermer l’alvéole:

Greffe de gencive ferment l’alvéole sur un comblement osseux et une membrane résorbable. (idweblogs.com)

Dans le cliché ci dessus, il a été fait un petite incision au fond du vestibule et en palatin pour pouvoir repositionner les lambeaux cervicalement sans raccourcissement.

Une bonne technique, souvent préférée par les chirurgiens car plus simple mais un peu plus aléatoire, est de poser l’implant directement au moment de l’extraction. Technique valable surtout pour les mono-radiculées.

La cicatrisation des nerfs.

 La cellule nerveuse s’appelle neurone. Comme toutes les cellules, elle présente un noyau, mais elle a la particularité d’envoyer des extensions dans tous les sens, qui s’appellent dendrites et une en particulier plus longue qui s’appelle axone et qui, groupée à d’autres forme le nerf qui est le câble électrique qui transmet le courant qu’on appelle influx nerveux.

Neurone (wikipedia)

L’axone se termine par des petites extensions appelées terminaisons neuronales  qui ont à leurs extrémités des boutons synaptiques pour se raccorder aux dendrites d’autres neurones. L’axone est entouré d’une gaine isolante d’un corps gras appelé myéline et de cellules qui forment ce qu’on appelle la substance blanche ou gaine de Schwann.

Neurone et gaine de Schwann (médicalorama.com)

Les neurones se raccordent les uns aux autres et forment ainsi une chaîne qui transmet l’influx nerveux. Les fibres nerveuses sont groupées en faisceaux comme des câbles électriques.

Coupe d’un nerf rachidien (thèses.ulaval.ca)

L’influx nerveux est une activité électrique parcourant les axones de façon unidirectionnelle, en libérant des neurotransmetteurs au niveau des synapses. Il circule dans le sens dendrite-cellule-axone et pour les nerfs moteurs du cerveau vers le muscle, pour les nerfs sensitifs de l’organe sensoriel vers le cerveau. Les nerfs mixtes ont donc des fibres motrices dans le sens cerveau-muscle et des fibres sensitives dans le sens capteur-cerveau. La plupart des nerfs sont mixtes c’est à dire moteurs et sensitifs. Certains sont exclusivement moteurs d’autres exclusivement sensitifs. Le nerf Trijumeau, qui est essentiellement celui qui innerve les dents, est exclusivement sensitif. Sa lésion ne peut entraîner que des troubles sensitifs et en aucun cas des troubles moteurs. C’est à dire des troubles de sensibilités mais jamais de paralysies.
Lorsqu’un nerf est coupé ou écrasé, ou plus exactement lorsqu’une fibre nerveuse est sectionnée ou écrasée, la partie distale à la lésion (c’est-à-dire la portion de l’axone séparée du corps cellulaire contenant le noyau) va dégénérer selon un processus appelé dégénérescence wallérienne. Le mot dégénérescence induit en erreur car il s’agit en réalité d’un processus de cicatrisation,  l’axone de la partie distale dégénère et la gaine de Schwann se vide de son contenu et devient un tube creux. La partie mésiale envoie des extensions qui colonisent ce tube creux et raccordent les deux extrémités.  Il faut pour cela que les deux extrémités ne soient pas trop distantes. Un raccordement chirurgical des deux parties favorise le processus. C’est A.V.Waller qui le premier a étudié ce phénomène sur la grenouille en 1850.

La dégénérescence wallerienne (theses.ulaval.ca)

En ce qui concerne le nerf mandibulaire (branche du trijumeau qu’on appelle aussi nerf alvéolaire inférieur ou nerf dentaire inferieur), qui est celui qui est le plus exposé dans notre profession car très souvent en contact avec les racines des dents de sagesse inférieures, les conditions de réparation par le processus wallerien sont particulièrement favorables car le nerf se trouve enfermé dans un tunnel osseux qui guide les extensions de la partie mésiale vers la partie distale. Par contre, en cas d’œdème post-opératoire, il n’y a pas de possibilité de dilatation de ce tunnel, et le nerf se trouve fortement comprimé dans son fourreau osseux, ce qui peut entraîner des troubles réversibles de la sensibilité pendant la phase post-opératoire.
Il est très fréquent que le nerf mandibulaire, branche du trijumeau soit contusionné ou comprimé, ou étiré, ou partiellement lésé lors d’extractions de dents  inférieures.
Des soins endodontiques ou la pose d’implants peuvent aussi comprimer ou léser le nerf mandibulaire.

Ceci ne peut provoquer que des troubles sensoriels et en aucun cas de paralysie. Ces troubles sont réversibles pour la plupart en quelques jours ou quelques semaines. En cas de lésion plus grave, section partielle ou totale du nerf, il faut plusieurs mois et ce n’est qu’au bout de deux ans qu’on considère la perte de sensibilité comme irréversible. En réalité, la cicatrisation totale peut demander 7 ans et il existe quelques cas de récupération dans ces délais. Il est donc inutile de me demander combien de temps ça va durer: je ne peux absolument pas vous répondre. La seule chose que je puisse vous dire c’est qu’il y a 99% de chances pour que ça soit réversible.

Les vitamines du groupe B  s’appellent « anti-névritiques », ce n’est ni un hasard ni une coïncidence. Elles s’appellent ainsi parce que lors de leur découverte, on a constaté qu’elles avaient un effet sur le « béribéri » maladie nerveuse due à la carence vitaminique. Cliniquement, avec ma longue expérience, j’ai constaté que des cures de vitamine B1-B6 raccourcissent le délai de cicatrisation. Il n’y a aucune contre-indication à en prescrire, alors pourquoi ne pas le faire?
La vitamine C aussi est très utile par son effet anti-inflammatoire.L’injection in-situ pas mésothérapie semble donner quelques résultats encore à confirmer.

Il n’y a aucune thérapie miracle mais pour moi la rééducation est celle qui donne les meilleurs résultats et n’a aussi aucune contre-indication: stimulation des nerfs de la zone atteinte par des massages, des pincements, du froid, du chaud…etc…

Si malgré toutes nos précautions, il nous arrive de léser un nerf, il faut avoir la modestie d’envoyer tout de suite le patient voir un neurologue car plus on agit tôt et mieux ça vaut ! L’injection locale sur les passages des nerfs aux point habituels d’anesthésie de corticoïdes est la meilleure thérapie connue à l’heure actuelle.
En cas de doute, chaque fois que des symptômes nerveux durent plus que 2 ou 3 jours, il est préférable de prescrire un corticoïde pendant une semaine.

Certains patient signalent que les douleurs et symptômes de récupération sont intermittents. Je pense qu’à chaque fois que se refait une synapse il y a un pic douloureux.

La cicatrisation de la chirurgie des muqueuses.

La chirurgie muco-gingivale est plus en plus répandue pour le traitement des parodontopathies, pour une bonne intégration des implants et pour la réussite des traitements orthodontiques.
La greffe de gencive est devenue très banale et me servira d’exemple ici.

Comme je l’ai souvent dit, j’avais l’habitude de poser une petite plaque thermoformée pour protéger le site donneur au palais, et j’ai été l’un des promoteurs de cette méthode. Mais je m’aperçois d’après les commentaires que peu de praticiens le font: c’est bien dommage car c’est un élément de confort très appréciable pour le patient. Et ça aide considérablement le praticien à maîtriser l’hémorragie per et post-opératoire pratiquement inévitable au palais.

On peut mettre aussi une compresse résorbable collée au palais sur la plaie et qui sert de trame à la cicatrisation. Cette compresse forme un petit enduit qui « peluche » au bout de quelques jours. Pour plus de sécurité et de confort, je mettais la compresse et la plaque.
Sans la plaque de protection, la plaie au palais reste très douloureuse au contact et brûle au chaud, à l’acide et au sel. Le contact avec la langue est difficile et l’élocution est douloureuse.
Mais la cicatrisation se fait toujours, il faut une quinzaine de jours pour que la muqueuse se reforme. Très exceptionnellement lorsqu’on prélève le périoste, ce qui est rare, la cicatrisation peut être plus difficile. Je rappelle une fois de plus que les enduits blanchâtres sont des desquamations de cellules mortes et que les tissus rouges ou roses sont des nouvelles cellules.

Quant au site receveur, comme vous l’avez vu, le greffon est maintenu par une véritable trame de fils qui forment un filet pour l’immobiliser plaqué contre la gencive où l’on veut qu’il prenne. Ces fils sont généralement résorbables, mais certains praticiens ont peur qu’ils ne se résorbent trop vite et utilisent du fil non résorbable. Les fils résorbables sont généralement blancs et se résorbent en 12-15 jours. Les non résorbables sont souvent noirs ou bleus et doivent être retirés dans les mêmes délais.

Comme je faisais partie des pionniers qui ont testé et mis au point les greffes, je posais par dessus le greffon un pansement chirurgical pour le protéger, mais il me semble, d’après ce qu’on m’écrit, que certains praticiens ne le font plus.
Il est vrai que le pansement laisse passer des aliments en dessous et lorsqu’on le retire, on sent une forte odeur. Mais il a l’avantage de protéger le greffon des frottements, et évite que les patients voient les  débuts difficiles de la greffe et s’inquiètent. Le praticien ne doit surtout pas oublier de vaseliner les fils avant de poser le pansement pour ne pas qu’ils se prennent dedans et ne s’arrachent à sa dépose.

On retire les fils, s’ils ne sont pas résorbables, 8 à 10 jours après, et durant ce délai il faut s’abstenir de manger des choses dures.

Le greffon, dans les jours qui suivent la greffe, prend par sa couche basale et perd sa couche superficielle qui s’élimine sous forme de cellules mortes en un  enduit blanchâtre que les patients prennent pour des débris alimentaires, ou parfois même pour un rejet du greffon.

J’en profite donc pour dire que les greffes ont des suites post opératoires compliquées, et que pendant les 8 ou 10 premiers jours, elles paraissent toujours ratées. J’espère qu’en lisant ces lignes, les patients se sentiront rassurés, car malheureusement les praticiens ne se donnent plus la peine de tout leur expliquer.

Pour les suites à plus long terme, il faut surtout éviter les brossages intempestifs et utiliser au niveau de la greffe une brosse chirurgicale très douce. Pas de brossage horizontal, la brosse doit passer de la gencive vers la dent, et si ça saignote remplacer le brossage à ce niveau par un massage au doigt avec du gel SENSIGEL, ou CURASEPT aussi en repoussant toujours la gencive vers la dent.

On ne peut pas dire qu’une greffe est ratée avant 2 ou 3 mois auquel cas, il faut recommencer.

La cicatrisation après chirurgie parodontale.

La chirurgie parodontale concerne les muqueuses et l’os. Mais elle a des particularités qui la caractérisent et qui méritent une mention à part.
Les incisions dans ce cas sont souvent le long des dents tout autour du feston gingival, et pour refermer, il va falloir rappliquer la gencive étroitement sur les dents: on fait alors des sutures péri-dentaires. Et pour plus de sécurité on pose un pansement cicatrisant collant qui maintient la gencive à sa place et qui doit durer un minimum de 48 heures.

Greffe de gencive.

Le site donneur.

Comme je l’ai dit dans l’article sus-cité, j’avais l’habitude de poser une petite plaque thermoformée pour protéger le site donneur au palais. Mais je m’aperçois d’après les commentaires que peu de praticiens le font: c’est bien dommage car c’est un élément de confort très appréciable pour le patient. Et ça aide considérablement le praticien à maîtriser l’hémorragie per et post-opératoire pratiquement inévitable au palais.
On peut mettre aussi une compresse résorbable collée au palais sur la plaie et qui sert de trame à la cicatrisation. Cette compresse forme un petit enduit qui « peluche »au bout de quelques jours. Pour plus de sécurité et de confort, je mettais la compresse et la plaque.
Sans la plaque de protection, la plaie au palais reste très douloureuse au contact et brûle au chaud, à l’acide et au sel. Le contact avec la langue est difficile et l’élocution est douloureuse.
Mais la cicatrisation se fait toujours, il faut une quinzaine de jours pour que la muqueuse se reforme. Très exceptionnellement lorsqu’on prélève le périoste, ce qui est rare, la cicatrisation peut être plus difficile. Je rappelle une fois de plus que les enduits blanchâtres sont des desquamations de cellules mortes et que les tissus rouges ou roses sont des nouvelles cellules.

Le site receveur.

Quant au site receveur, comme vous l’avez vu, le greffon est maintenu par une véritable trame de fils qui forment un filet pour l’immobiliser plaqué contre la gencive où l’on veut qu’il prenne. Ces fils sont généralement résorbables, mais certains praticiens ont peur qu’ils ne se résorbent trop vite et utilisent du fil non résorbable. Les fils résorbables sont généralement blancs et se résorbent en 12-15 jours. Les non résorbables sont souvent noirs ou bleus et doivent être retirés dans les mêmes délais.

Les bains de bouche, non violents presque stagnants sont à faire après les repas.

Comme je faisais partie des pionniers qui ont testé et mis au point les greffes, je posais par dessus le greffon un pansement chirurgical pour le protéger, mais il me semble, d’après ce qu’on m’écrit, que certains praticiens ne le font plus.
Il est vrai que le pansement laisse passer des aliments en dessous et lorsqu’on le retire, on sent une forte odeur. Mais il a l’avantage de protéger le greffon des frottements, et évite que les patients voient les  débuts difficiles de la greffe et s’inquiètent. Le praticien ne doit surtout pas oublier de vaseliner les fils avant de poser le pansement pour ne pas qu’ils se prennent dedans et ne s’arrachent à sa dépose.

On retire les fils, s’ils ne sont pas résorbables, 8 à 10 jours après, et durant ce délai il faut s’abstenir de manger des choses dures.

Le greffon.

Le greffon prend par sa couche basale et dans les jours qui suivent la greffe, perd sa couche superficielle qui s’élimine sous forme de peau morte que les patients prennent pour un rejet, ou en un  enduit blanchâtre qu’ils prennent pour des débris alimentaires retenus par les fils de suture.
La fusion des cellules de la couche basale du greffon avec celles du site receveur se fait en 48 heures, délai critique où il faut éviter les bains de bouche et les manœuvres intempestives. Normalement, dès les premières minutes, les sang sert de colle et maintient le greffon en place, aidé par les fils de suture.

J’en profite donc pour dire que les greffes ont des suites post opératoires compliquées, et que pendant les 15 premiers jours, elles paraissent toujours ratées. J’espère qu’en lisant ces lignes les patients se sentiront rassurés, car malheureusement les praticiens ne se donnent plus la peine de tout leur expliquer.

Cicatrisation greffe à 15 jours (conseildentaire.com).

Nous étions des précurseurs et expliquions tout aux patients, peut être pour nous rassurer nous même. Maintenant c’est devenu une routine.

Pour les suites à plus long terme, il faut surtout éviter les brossages intempestifs, et utiliser au niveau de la greffe une brosse chirurgicale très douce. Pas de brossage horizontal, la brosse doit passer de la gencive vers la dent, et si ça saigne remplacer le brossage à ce niveau par un massage au doigt avec du gel HYALUGEL® aussi en repoussant toujours la gencive vers la dent.

On ne peut pas dire qu’une greffe est ratée avant 2  mois, auquel cas, il faut recommencer.

Je répète donc une fois de plus, qu’il est impossible de juger des résultats d’une greffe avant 6 à 8 semaines, parfois plus.

 

La cicatrisation après chirurgie pré prothétique.

La chirurgie pré-prothétique est une chirurgie osseuse et muco-ginginvale en vue de créer des conditions favorables pour la réalisation de prothèses mobiles, fixes ou implant.
Il s’agit donc de cicatrisation d’extractions, de plasties osseuses ou muco-gingivales. Nous pouvons donc nous référer à tout ce qui a été dit ci-dessus.
Avec une petite particularité quand même qui est le guide chirurgical de cicatrisation que je recommande vivement d’utiliser chaque fois que cela sera nécessaire.

Le guide chirurgicale de cicatrisation est une petite plaque en résine préparée en avance au laboratoire de prothèse sur des empreintes modifiées pour avoir la forme idéale que l’on aimerait avoir lors de la réalisation de la prothèse. Cela peut être et c’est presque toujours la plaque base de la prothèse provisoire. Mais ça peut être aussi une simple plaque en résine transparente sans dents. La plaque de protection palatine des greffes gingivales en est une.

La cicatrisation après pose d’implants.

La pose d’implants est maintenant devenue une banalité. Mais ma génération de chirurgiens en a bavé pour établir le protocole que les jeunes praticiens appliquent maintenant sans même savoir pourquoi!

Pour mettre un implant dans l’os il faut forer un trou et y mettre une vis. Mais l’os n’est pas un matériau inerte: il est vivant, et il réagit à cette intrusion. S’il réagit mal, il va créer une membrane de protection tout autour de l’implant pour l’isoler et refermer le milieu interne à toute agression du milieu externe. L’implant ne sera pas « ostéointégré »et ne se fixera pas dans l’os. C’est ce qui se passait lorsque que nous laissions les implants à l’air libre et les mettions en charge tout de suite.
Il a fallu attendre que des chercheurs comprennent qu’il fallait que l’implant soit enfermé dans le milieu interne à l’abri des agressions microbiennes pendant plusieurs mois pour que cette membrane périphérique ne se forme pas. On s’est aperçu à cette occasion que l’implant n’étant pas mis en charge était immobile dans l’os et que cela permettait à l’os de repousser à l’intérieur des spires de la vis. On a ensuite perfectionné le système en dépolissant le métal pour augmenter sa surface de contact avec l’os. Et bien sûr on a recherché les métaux les plus bio-compatibles que l’os ne cherche pas à rejeter.
Tout ce processus s’appelle  » l’ostéo-intégation de l’implant dans l’os ».

En pratique voila comment ça se passe:
– lors de la première intervention, on ouvre la gencive,  on fore un trou et on visse l’implant: on suture la gencive comme elle était et on attend au minimum 3 mois
– lors de la deuxième intervention, on retire un confetti de gencive et on visse une tête sur l’implant qui apparaît alors en bouche et peut servir de pilier pour une prothèse exactement comme une dent.

De plus en plus, les praticiens mettent directement la vis de cicatrisation et exposent dès le début l’implant, pour éviter une deuxième intervention, mais ne mettent l’implant en charge que 3 mois après. Je ne vois pas bien l’intérêt d’une telle pratique car la deuxième intervention est très simple et très rapide (10 minutes), et permet laisser l’implant enfoui 3 mois, ce qui offre une bien plus grande sécurité à tous les niveaux..

Quitter la version mobile