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Premier examen du patient. L’observation clinique.

Je ne sais pas trop par quel bout aborder le sujet dont je voudrais parler dans cet article. Oh! pardon: ce post, il ne faudrait pas que j’aie l’air d’un vieux gâteux!

Il y a deux manières de traiter ce sujet:
Celle qu’on enseigne aux étudiants dans les facultés, et celle qu’on pratique en exercice quotidien. Comme mon public de lecteurs est très varié, je vais faire les deux, pour que les patients comprennent ce que nous faisons, et pour que les étudiants apprennent à le faire.

L’OBSERVATION CLINIQUE.
Les étudiants dans les centres de soins et d’enseignement passent une matinée à faire une observation clinique; c’est la rançon que doivent payer les patients pour avoir accès à des soins pas chers.
Je voudrais ici préciser qu’en centre de soins ou en cabinet ou n’importe où ailleurs, en pleine brousse au fin fond du monde, il ne faut jamais oublier le respect du patient, le respect de la dignité du patient, le respect de la confidentialité et le respect du secret professionnel. Je vous fais remarquer au passage, que sur ce blog, tous ces principes sont rigoureusement respectés.
J’ai pour ces diverses raisons, un peu modifié l’ordre des examens que l’on a l’habitude d’enseigner.
Par exemple, au lieu de commencer par l’examen exo-buccal comme on me l’a appris, je préfère commencer par l’examen endo-buccal, car le patient ne comprend pas pourquoi on ne commence pas par lui faire ouvrir la bouche puisque c’est pour cela qu’il est venu!

PREMIER CONTACT.
On reçoit en premier le patient à un bureau, et non pas directement au fauteuil dentaire: l’interposition du bureau entre le patient et le praticien est une étape nécessaire pour au début garder une certaine distance, ne pas entrer directement en contact avec lui. L’assistante peut déjà avoir rempli l’état civil du patient sur son dossier. Certain praticiens font remplir un questionnaire médical en salle d’attente, moi vous savez que je n’aime pas trop, je préfère parler avec le patient.
Tout d’abord, demander le motif de la consultation, car c’est cela que le patient est venu dire. Essayer d’avoir un maximum de détails sur les signes subjectifs, c’est à dire ceux qui ne se voient pas et que seul le patient connait et peut décrire.

QUESTIONNAIRE MEDICAL. Voir ICI.

EXAMEN CLINIQUE.
L’ensemble des signes de la maladie s’appelle « sémiologie ».
Comme je l’ai indiqué plus haut, je préfère commencer par regarder à l’intérieur de la bouche. Il faut détecter les signes objectifs c’est à dire ceux que le praticien peut constater.

Examen endo-buccal.
Nous avons déjà demandé au patient quel était le motif de sa consultation, nous allons d’abord commencer par regarder ce pourquoi il est venu (abcès, fistule, carie…etc…). Ceci se fait à l’aide d’un miroir, et d’une sonde N°17 et d’une sonde parodontale (voir ICI).
Ensuite, on établit le schéma dentaire voir ICI
-Examen des dents, les caries sont repérées à l’aide d’une sonde 17 qui détecte le moindre accroc de l’émail.
-Examen des gencives, l’aspect, la couleur, la présence de poches parodontales mesurées avec une sonde graduée. La hauteur de gencive attachée, la présence de freins hypertrophiques.
-Examen de l’occlusion, on fait serrer les dents dans plusieurs positions de référence, on peut aussi utiliser des papiers carbones de différentes épaisseurs et couleurs(voir: ICI). Observer s’il y a une abrasion des dents.

Examen exo-buccal.
On commence ensuite l’examen extérieur,
-examen cutané, la couleur de la peau du visage,
-examen de la symétrie du visage
-examen musculaire, paralysie de certaines parties du visage, hypertrophie de certains muscles masticateurs due au bruxisme, les zones oedémateuses. Oedème dur, mou, qui prend le godet ou non(c’est à dire qui garde l’empreinte du doigt quand on appuie fort), qui crépite quand il est gazeux.
-Examen de l’articulation temporo-mandibulaire, craquements, déviation, luxation bi ou uni latérale, blocage.
-Examen des ganglions cervico-faciaux et sus claviculaires (voir ICI ).
-On peut avoir besoin d’examiner d’autres parties du corps, en particulier les mains, pour détecter des déformations dues aux rhumatismes, et surtout les ongles pour voir s’il y a onychophagie (ongles rongés) ou des taches blanches indiquant une décalcification, ou des taches brunes dans la maladie de Laugier-Hunziker.
Évidemment, nous n’irons pas chercher d’adénopathie de l’aine sans raison très valable et sans expliquer au patient pourquoi!

Examen radiologique. (voir: ICI)
Le diagnostic radiologique doit être fait par le praticien et non pas par le radiologue qui n’a pas les mêmes compétences en matière dentaire. Il demande beaucoup d’attention et une certaine expérience.

DIAGNOSTIC.
La synthèse de toutes les informations que nous avons recueillies nous amène à poser un diagnostic. Le diagnostic étiologique mettra en évidence les causes des problèmes, qu’il faudra supprimer avant tout traitement. Le diagnostic doit être discuté en comparaison avec d’autres diagnostics possibles, c’est ce que nous appelons le diagnostic différentiel.

PLAN DE TRAITEMENT.
Tout ceci nous amène à décider d’un plan de traitement qui peut comporter plusieurs phases et concerner plusieurs spécialités. Certaines tâches peuvent être déléguées à des spécialistes. Le traitement symptomatique (c’est à dire la suppression du symptôme) reste la priorité, puisque c’est pour cela que le patient est venu .Mais le traitement étiologique, c’est à dire le traitement de la cause de la maladie, est le plus important si on ne veut pas s’exposer à une récidive inévitable, puisque la même cause redonnera toujours le même symptôme.

PRONOSTIC.
Le pronostic est l’étude de la projection dans l’avenir de la maladie, et des chances de réussites du traitement. Je rappelle aux patients que le praticien n’a pas d’obligation de résultat: il a une obligation de moyens. Cela veut dire qu’il a l’obligation d’utiliser tous les moyens mis à sa disposition par la science, et il a l’obligation d’une formation continue pour se tenir à jour de ses connaissances. Mais il n’est pas obligé de réussir, il a le droit à l’échec. En cas de litige, le praticien doit prouver qu’il a usé de tous les moyens pour réussir.

DEVIS.
Bien sûr toute cette procédure doit se terminer par un chiffrage financier du coût pour le patient, du remboursement par la sécurité sociale et les différentes mutuelles. Devis qui doit être remis par écrit au patient.

En cabinet, il ne peut être question de passer une matinée pour faire une observation clinique. Les étapes sont très rapides, mais il n’en reste pas moins que l’ordre des étapes existe et le raisonnement est toujours le même.

 

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