Un lecteur me pose cette question: qu’est-ce qu’une membrane?
Je pense qu’il est temps que je parle de choses plus sérieuses. Je vais essayer d’expliquer, de façon claire et compréhensible par tous, pourquoi et comment il faut parfois, au cours de certaines interventions chirurgicales, poser des membranes et quel est leur rôle.
Avant d’aller plus loin, je pense qu’il serait bon que vous lisiez, ou relisiez, ces articles: cliquez ICI et ICI .
Il est donc bien clair maintenant pour tout le monde que la vie ne peut exister qu’en milieu fermé et protégé. La première urgence de la cicatrisation est donc bien de refermer l’enveloppe pour protéger des agressions externes. Les cellules les plus aptes à cette tâche sont les cellules épithéliales, et elle referment au plus court, dans l’urgence. Ce n’est pas forcément ce que le chirurgien souhaite. Nous souhaitons essentiellement la fabrication d’os, qui est un tissu conjonctif, pour tenir les dents existantes, ou pour pouvoir poser des implants. Nous allons donc poser des barrières artificielles, des membranes, qui serviront de guide aux cellules épithéliales, pour refermer la plaie selon le chemin que nous avons choisi nous même.
On a donc commencé par mettre de la matière textile synthétique pour jouer ce rôle, et il fallait que ce tissu soit étanche pour que les cellules épithéliales ne passent pas au travers, et soit biocompatible. On s’est orienté vers le tissu qui sert à faire les « K-Way »: le GORTEX®. Les laboratoires médicaux nous ont fourni des petits carrés de ce matériau sous sachet stérile et sans colorant. Les résultats se sont avérés intéressants à condition de respecter un protocole opératoire qu’il serait fastidieux de développer ici.
Le point noir de cette technique est qu’il faut ré-intervenir une deuxième fois 6 à 8 semaines après pour retirer la membrane de GORTEX, qui finirait par être considérée par l’organisme comme un corps étranger, et s’enkysterait.
En ce qui me concerne, soucieux du confort de mes patients (trop peut-être?), je n’ai jamais posé de membrane de GORTEX. Je n’ai commencé à poser des membranes que lorsque sont apparues les membranes résorbables en VICRYL®. C’est un composé de Polyglactine 910, résorbable en 60 jours, tissé ou tricoté, vendu en petits carrés sous sachets stériles.
Le rôle de la membrane est de guider la régénération tissulaire en laissant un espace vide qui sera par la suite comblé par du tissu conjonctif au lieu de tissu épithélial, en l’occurrence de l’os. La cicatrisation est guidée. Cette technique s’appelle: « régénération tissulaire guidée ».
La combinaison entre l’utilisation d’un matériau de comblement comme de l’os synthétique et la pose d’une membrane est à mon avis le protocole qui donne les meilleurs résultats.
Peut être que j’écrirai un article plus technique chirurgicalement sur la pose même des membranes, pour les professionnels et les étudiants.