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Le laser en odontologie

Le laser semble prendre de plus en plus d’importance dans l’exercice de plusieurs spécialités de l’odontologie, et je reçois de nombreuses questions concernant ce sujet, sur lequel je vais essayer de faire le point.
Le laser existait déjà quand j’ai pris ma retraite en 2000, mais les expérimentations n’étaient pas encore assez concluantes, pour que je décide de m’en servir. Je n’en ai donc pas d’expérience personnelle, mais m’y suis intéressé dès son apparition, et je vais donc me livrer à un travail de recherche sur internet pour aider mes lecteurs.

Tout d’abord je voudrais dire qu’il ne faut jamais choisir un praticien en fonction du matériel qu’il utilise: d’après le courrier que je reçois, les patients veulent du laser et vont chez les praticiens qui s’en servent. Cette démarche est totalement erronée: il faut choisir un praticien parce qu’il est bon, et non pas parce qu’il utilise tel ou tel instrument, ou telle ou telle technique. Il vaut mieux un bon praticien qui ne se sert pas du laser, qu’un mauvais qui s’en sert! Et surtout qu’un praticien qui s’en sert parce que c’est la mode où que ça attire les patients, et ça permet de prendre des honoraires plus cher.
A propos d’honoraires, la première information que je me suis procurée, est le prix d’un appareil laser: cela tourne autour des 30.000 € ou plus de 1000 € par mois de location pour certains modèles. Cela veut dire que le praticien devra l’amortir, d’où les prix élevés, évidemment pas pris en charge par la sécurité sociale, ou tout au moins par équivalence avec les techniques classiques.
Pour les lasers diode pas de problème d’encombrement…mais pour le laser Erbium, il faut avoir la place où le mettre!!!

QU’EST CE QUE LE LASER?

Laser est l’acronyme de Light Amplified and Stimulated Emission of Radiation, en d’autres termes, une lumière d’une seule couleur émise de façon cohérente et rectiligne dans une seule direction.
Il a été découvert au début du 20 ième siècle par Planck (1900) et ensuite Einstein (1905), repris par différents chercheurs vers 1950, mais réellement mis en valeur dans les années 60 par Théodore Maiman.
Dans un rayon lumineux normal, les photons oscillent de façon désordonnée. Dans un rayon LASER les photons sont coordonnés et vibrent à l’unisson ce qui leur procure une puissance toute particulière.
Le premier laser « domestiqué » a été celui de Maiman produit à partir du rubis, mais il est possible d’utiliser de nombreux corps cristallisés (rubis, erbium) ou gazeux (CO², Argon, Néon, Krypton…), et même par fibres, pour des applications industrielles ou médicales.
La lumière du laser est monochromatique (c’est-à-dire émise sur une seule longueur d’onde), ce qui permet d’agir spécifiquement sur certains tissus, sans toucher les autres. En sélectionnant une longueur d’onde précise, on peut ainsi cibler la zone à traiter.
Il y a des précautions à prendre pour l’utilisation des lasers en fonction de la classification de leur dangerosité. Les lasers utilisés en cabinet dentaire ne nécessitent généralement qu’une protection des yeux et des tissus environnants avec des compresses mouillées.
Notons qu’il est dangereux d’utiliser un laser à proximité de métaux, amalgames ou couronnes.
Les applications du laser en médecine sont d’autant plus diverses que ce rayonnement peut avoir un effet thermique, mécanique ou chimique.
Les applications médicales sont nombreuses:
– ophtalmologie
– dermatologie
– dentisterie (laser CO², Erbium ou YAP)
– physiothérapie
– trépanations

Les lasers utilisés en chirurgie dentaire se situent  dans l’infrarouge avec une  longueur d’onde comprise en général entre 633 nm et 10600 nm, le choix de la longueur d’onde détermine un facteur essentiel : l’absorption à la surface ou la pénétration du rayonnement dans la profondeur des tissus cibles. Ensuite il y a un réglage de la puissance à faire.

Les différents types de Laser (la lettre de stomatologie).
Le laser médical en odontologie.
La chirurgie et la parodontologie étant ma spécialité, je vais donc commencer par là.
Le laser est rapidement devenu une modalité de traitement prévisible et favorable
du traitement de la leucoplasie, du lichen plan, de l’hémangiome, de l’épulis, de la chélite actinique, de la stomatite aphteuse et de l’hyperkératose.
Par exemple, d’après « dental-tribune.com »: « Vivek et al.
ont traité 28 patients ayant reçu un diagnostic histologique de leucoplasie, afin d’étudier l’efficacité, la sécurité d’emploi et l’acceptabilité des lasers, particulièrement du laser Nd:YAG. Ils ont évalué les complications postopératoires associées à l’ablation laser. Ils n’ont noté qu’une douleur légère à modérée, accompagnée d’un gonflement insignifiant jusqu’à 72 heures après le traitement. Une étude de suivi a été réalisée trois ans plus tard. Ils ont observé la guérison de près de 92 pour cent des patients. C’est pourquoi les auteurs ont considéré le laser Nd:YAG comme un outil efficace pour le
traitement de cette pathologie ».
Différentes expérimentations sont en cours, et il est probable que dans un avenir plus ou moins proche toute la chirurgie des parties molles se fera par laser.
Laser diode LightMedics.
Laser à diode, chirurgical, de table
En parodontologie, toute la chirurgie des parties molles peut être faite au laser.
(La Lettre de Stomatologie).

Le laser diode en mode pulsé est utilisé dans le cadre du traitement des poches parodontales, et permet de potentialiser l’action de l’eau oxygénée afin d’assurer une désinfection totale. On peut ainsi remplacer le curetage des poches.

Laser CO².

Un autre type de laser utilisé en remplacement de la turbine pour les tissus durs : émail, dentine, os. Il semble que le détartrage au laser soit aussi possible avec ce type de laser.

Pour les soins dentaires on peut vitrifier l’émail des dents pour traiter les caries débutantes (white spot). On pourra certainement tailler des cavités dans les dents mais ce n’est pas encore au point.

Il y a sans doute, un gros espoir de traiter les alvéolites par laser.

Diagnodent.

En matière de soins conservateurs et de prévention, il exixisteune sonde lumineuse laser. A l’avenir le dépistage est amené à jouer un rôle de plus en plus important.
Le DIAGNOdent permet de dépister très tôt des altérations pathologiques difficiles voir impossibles à déceler : par exemple des lésions initiales, déminéralisations, altérations de l’émail, etc.

Détection des caries. Diagnodent.

Avantages et inconvénients du laser en odontologie.

Le laser diminue la douleur opératoire, mais ne permet pas de se passer d’une anesthésie. Il donne des suites chirurgicale post opératoires un peu plus légères, en diminuant l’inflammation.
Pour le chirurgien classique, que je suis, l’impossibilité d’orienter les angles d’incision me semble un gros handicap, et pour faire une chirurgie fine c’est indispensable. Avec le laser, tout comme avec le bistouri électrique, les points de suture sont impossibles et on se retrouve toujours en situation de cicatrisation par deuxième intention ( voir ici). Impossible de faire des greffes, impossible de déplacer des tissus. De plus, il est impossible de retirer des pièces opératoires aux fins d’analyse histopathologique.
En somme, avec le laser, on ne peut travailler que par soustraction de tissus.

La facilité et la rapidité de l’intervention, ainsi que la diminution des suites post opératoires sont un argument très tentant pour les patients (et pour les praticiens), peut être que cela facilitera l’extension de l’utilisation du laser.
Mais d’après l’étude que je viens de faire, un certain type de laser, est destiné à un travail précis, et pour tout faire au laser il en faut plusieurs types. Faudra-t-il acheter plusieurs lasers pour chaque cabinet dentaire? Je ne pense pas que ce soit destiné à l’omnipraticien, mais plutôt au spécialiste qui choisira celui qu’il lui faut.

En esthétique, je pense que le laser apportera de grands services pour retirer les taches brunes, ethniques ou autres, ainsi que les grains de Fordyce disgracieux.

Pour terminer, je conclurai par un commentaire de vieille barbe:

il faut espérer que ce ne soit pas un procédé de facilité pour mauvais chirurgiens, ni un argument commercial pour gagner plus d’argent, mais un vrai progrès technique, ce n’est pas la panacée universelle, mais un plus apporté à nos possibilités.

 

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