Article remis à joue le 18/09/2017.
A la suite de questions qui m’ont été posées, j’ai décidé de reprendre un ancien article qui n’est pas très lu, de le remanier et le remettre à jour.
Le collet de la dent est une zone pas très bien définie qui se trouve aux abords de la gencive. Je dis pas très bien définie, car comme la gencive change de place si on la prend comme référence, le collet change de place aussi. D’où l’imprécision.
En fait nous distinguons le collet clinique de la dent du collet anatomique:
– le collet clinique est l’emplacement où se trouve la gencive, c’est une référence entre la dent et les tissus parodontaux dont la position peut varier,
– le collet anatomique se trouve là où finit l’émail et commence le cément, c’est une référence de la topographie entre les tissus durs de la dent elle même.
La couronne dentaire est recouverte d’émail, la racine est recouverte de cément: on pourrait dire que le collet est la jonction entre l’émail et le cément. Mais il arrive que l’émail et le cément ne se touchent pas et qu’il y ait une bande de dentine nue entre les deux. Parfois l’émail recouvre le le cément sur une petite zone. Disons que le collet de la dent est la zone de jonction entre la couronne et la racine de la dent. Mais on parlera aussi du collet des dents prothétiques qui n’ont pas de racine. En réalité le collet est une référence topographique pour désigner la partie de la couronne de la dent qui se trouve vers la gencive. Du point de vue anatomique, référez vous à la planche qui se trouve ci-dessous, pour bien vous situer.
Point faible, pourquoi? Justement parce qu’il n’y a pas toujours d’émail, pas toujours de cément, et pas toujours de gencive…et c’est donc une zone très exposée à l’usure, aux caries, et à une attaque spécifique que l’on appelle mylolyse ou lacune cunéiforme (c’est à dire en coup d’ongle). Cela se manifeste par une perte de substance de la dent au niveau de son collet. Les causes sont très discutées, probablement parce qu’elles sont multiples. En premier lieu l’abrasion due à un brossage horizontal intempestif . A l’appui de cette hypothèse le fait que les dents situées aux virages des arcades (canines et prémolaires) sont les plus touchées, car brossées deux fois, une avec les dents antérieures et une avec les dents postérieures. Le fait est que l’on constate souvent plus de lésions de ce type à gauche chez les droitiers et à droite chez les gauchers ce qui confirmerait qu’il y a une relation avec la force du brossage.
Mais d’autres, et mon expérience l’a confirmé, pensent que ce sont les dents les plus exposées aux surcharges occlusales dans les mouvements de latéralité de la mandibule, et on constate un grand nombre de ce type de lésion chez les bruxomanes (ceux qui grincent des dents). Voir bruxisme dans le chapitre « CES TICS QUI DETRUISENT VOS DENTS (cliquer ici). Des expériences « in vitro » ont été faites en incluant des dents extraites dans du plexiglas et en les illuminant par fluorescence: quelques soient les forces auxquelles ont les soumet, il y a toujours une résultante qui passe par le collet. Voilà qui prouve que le bruxisme concerne tout particulièrement cette partie de la dent.
Une troisième cause est l’acidité de la salive due à un reflux gastro-œsophagien qui attaque les tissus minéralisés de la dent là où l’émail est le plus fragile et se recalcifie mal.
Comme toujours dans ce genre de discussion, je pense qu’il faut admettre que les différentes causes se superposent et s’aggravent les unes les autres. Le résultat est que des tissus moins durs et protégés que l’émail, la dentine et le cément, se trouvent exposés aux attaques du milieux buccal.
En pratique quelles sont les pathologies du collet?
La sensibilité des collets.
Presque tout le monde a les collets de certaines dents sensibles au grattement, avec l’ongle ou un instrument métallique, d’où ces douleurs très désagréables lors du détartrage. Je pense que c’est dû à cet espace pas très bien protègé entre l’émail et le cément où la dentine se trouve exposée, et aussi à la plus grande proximité de la pulpe dentaire. La sensibilité au froid et au chaud en est aussi une preuve. Tant que cela reste dans des limites raisonnables, je dirai que cela est normal, ou disons paranormal. Lorsque les douleurs sont exagérées, cela devient pathologique et mérite un traitement. Le traitement se fait en cabinet par le praticien avec des produits qui coagulent les extrémités des micro-fibrilles nerveuses qui innervent les collets des dents (anciennement on utilisait le formol). L’usage d’un dentifrice approprié contenant des sels de lithium, ou d’autres produits plus récents à base de sels de calcium qui recalcifient les pores des tissus dentaires, est fortement recommandée.
Des vernis à base de gomme laque et contenant du fluor ont été utilisés. On préfère maintenant des vernis acryliques
ADMIRA PROTECT® est un vernis photopolymérisable à base d’ormocer qui réduit durablement la plupart des hypersensibilités dès le premier traitement.
TILZEN® copolymère à base de métacrylate et de styrène, et dérivé d’acide oxalique. Cela réagit avec la dentine et scelle les tubulis dentinaires. Il n’y a pas de fluor.
Des pâtes et des gels à utiliser en cabinet
DURAPHAT® pâte avec fluorures, pour la prévention des caries et le traitement des collets sensibles.
ELMEX SENSITIVE PROFESSIONAL OFFICE® pâte et gel
EMOFLUOR® en gel
On peut aussi utiliser des gel fluorés avec des gouttières à faire au domicile du patient, comme les gels après blanchissage.
Tous ces traitements doivent être refaits à peu près tous les 6 mois
Les caries de collet.
La fragilité même du collet l’expose particulièrement aux caries, d’autant plus que c’est une zone ou la plaque bactérienne s’accumule plus.
Elles doivent être traitées comme toutes les caries par l’exérèse de la dentine ramollie et imprégnée de bactéries, puis obturées avec un matériau non irritant pour la pulpe. Bien sûr l’aspect esthétique sera particulièrement important et pris en compte par le praticien.
L’idéal est le ciment verre-ionomère, mais son aspect inesthétique le condamne à n’être utilisé que là où cela ne se voit pas.
Sinon on utilise des composites en isolant le fond pour protéger la pulpe, et en évitant le contact avec la gencive qui les tolère mal.
Les lacunes cunéiformes.
Tant qu’elles sont discrètes et silencieuses, une simple surveillance suffit. Dès qu’elles deviennent trop douloureuses il faut les obturer avec des produits et des techniques que le praticien choisira. Il conviendra quand même, lorsqu’elles apparaissent de vérifier l’occlusion et de la corriger si nécessaire par un léger meulage sélectif, peut être de neutraliser le bruxisme par le port d’une gouttière occlusale ( moi j’ai toujours préféré un abord psychologique du problème) et aussi d‘enseigner une méthode de brossage adéquate non traumatisante (voir article sur l’hygiène chap. 1) . Et chap II
Les lacunes cunéifoemes se traitent comme les caries de collet si nécessaire.
Traumatisme.
En cas de choc facial important, accident de voiture par exemple, les incisives sont les plus exposées. Si l’os est faible et les dents faiblement implantées, elles seront luxées partiellement ou totalement (arrachement). Mais si l’os est solide et la dent fermement implantée, elle cassera au raz du collet. Preuve que le collet est une zone de fragilité de la dent.
Comme nous l’avons montré, le collet de la dent est une zone frontière de la dent particulièrement exposée et sensible qu’il conviendra de surveiller tout spécialement.