La cicatrisation des os et des gencives après extractions dentaires est un sujet très recherché par les lecteurs.
L’article que j’ai déjà écrit sur ce sujet est un des plus lus du blog, mais il date de 2013 et je comprends mieux maintenant ce que recherchent les lecteurs. J’ai donc décidé de le réécrire.
Il y a 2 modes de cicatrisation d’une plaie, quelle qu’elle soit:
1- Cicatrisation par première intention.
Les lèvres de la plaie sont rapprochées et remises bord-à-bord et suturées. Une couche de cellules s’intercale entre les deux côtés et recolle le tout. Le tissus cicatriciel est minimum, et la cicatrice peu visible.
(Ma première assistante, une gentille femme de la campagne de Roissy-en-France d’avant l’aéroport, me demandait parfois en cours d’intervention chirurgicale, si elle devait préparer le matériel pour faire des « points de soudure », et la pauvre, elle a dû mourir sans savoir pourquoi je lui répondais: « oui! préparez le chalumeau et les bouteilles de gaz! »…)
2- Cicatrisation par deuxième intention.
Les bords de la plaie ne peuvent pas être rapprochés et sont laissés tels quels. Il va falloir refabriquer du tissu cicatriciel intercalaire pour combler le vide.
Lorsqu’une dent est extraite, la plaie est osseuse et muqueuse, et suivant le contexte anatomique et la technique opératoire, l’un ou l’autre mode de cicatrisation ou les deux conjointement, vont se produire.
Cicatrisation par deuxième intention: arrachement d’une dent sans autre acte chirurgical.
(Voir dans le détail la technique d’extraction d’une dent ICI!)
L’alvéole reste béant, rempli de sang et de déchets cellulaires.
Le sang se coagule et forme un caillot qui remplit plus ou moins l’alvéole. Le rôle de ce caillot est celui d’une colle qui sert à fermer la plaie, pour isoler le milieu interne du milieu externe et faire une étanchéité provisoire pour éviter un envahissement bactérien. Cette phase dure approximativement 24 heures.
Le caillot reste environ 24/48 heures en place pour parfaire l’étanchéité, ce qui permet la formation d’une muqueuse par dessous. Le caillot n’étant plus adhérent s’élimine.
A ce stade l’alvéole est rempli de membranes et de filaments blancs qui sont les cellules mortes du ligament alvéolo-dentaire éliminées.
Le comblement de l’alvéole par l’os commence par le fond, puis les parois.
Il faut 2/3 mois pour combler l’alvéole complètement.
Ceci est est le processus d’une cicatrisation par deuxième intention.
Cicatrisation par première intention: extraction chirurgicale.
Revenons à l’alvéole dés-habité.
On rabote les pointes osseuses, on décolle un peu la gencive pour pouvoir la tirer, on curette l’alvéole pour retirer les déchets et pour faire saigner, et on met une éponge de collagène imprégnée de thrombase, pour une meilleure formation du caillot sanguin. Le mieux est de poser des points de rapprochement pour serrer les bords gingivaux et fermer la plaie.
Le résultat est déjà meilleur:
Dans l’optique d’avoir d’avantage d’os pour poser ultérieurement un implant, on peut faire un comblement osseux:
Le résultat final est encore meilleur:
Cette dernière technique a cependant l’inconvénient de faire perdre un peu de gencive attachée du coté ou on a tiré le lambeau. Il est possible, mais beaucoup plus compliqué, d’y palier en faisant une petite greffe de gencive pour fermer l’alvéole:
Dans le cliché ci dessus, il a été fait un petite incision au fond du vestibule et en palatin pour pouvoir repositionner les lambeaux cervicalement sans raccourcissement.
Une bonne technique, souvent préférée par les chirurgiens car plus simple mais un peu plus aléatoire, est de poser l’implant directement au moment de l’extraction. Technique valable surtout pour les mono-radiculées.