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L’occlusion, récapitulation

Que signifie en dentisterie le mot « occlusion »? Les dictionnaires nous disent que occlusion veut dire « fermeture » .
Occlusion dentaire veut donc dire « fermeture des dents ». Moi je dirai: « contacts entre dents antagonistes ». Car, nous allons le voir plus loin, il y a plusieurs manières de fermer les dents.

Qu’est-ce que l’occlusion normale?  La face masticatrice d’une dent est faite de cuspides et de sillons: on dit que les contacts entre dents antagonistes sont des » contacts d’intercuspidie ». L’occlusion normale est la position « d’intercuspidie maximale ». On appelle aussi « occlusion centrée » l’intercuspidie maximale, à ne pas confondre avec la « relation centrée » (voir plus loin).

Position d’intercuspidie maximale (osteopathe-lignon.com).

Comme vous pouvez le constater sur l’excellent croquis ci-dessus, en position d’intercuspidie maximale, les dents du bas sont décalées en avant par rapport aux dents du haut d’une demi cuspide.

Occlusion normale en vue antéro-postérieure (seret-medecine.org)

Notez que sur le schéma ci-dessus, les cuspides vestibulaires des dents supérieures viennent en dehors des dents inférieures. Si c’est le contraire l’occlusion n’est pas normale: elle est dite croisée ou inversée.

Occlusion normale aux incisives(guide-dentaire.fr).

Normalement les incisives du haut recouvrent celle du bas sur le 1/3 de leur hauteur. Lorsque celles du bas recouvrent celles du haut, l’occlusion est aussi  croisée ou inversée.

Occlusion incisives (orthodontistesenligne).
Relation centrée (centreoxalys.be)

« La relation centrée » correspond à la position centrée du condyle dans la cavité glénoïde. Elle ne correspond pas toujours exactement avec l’intercuspidie maximale. Elle est souvent en arrière d’un millimètre. Ce qui fait bien la différence entre « relation centrée » et et « occlusion centrée ». Le déplacement entre relation centrée et occlusion centée s’appelle « chemin d’occlusion ».
La relation centrée sert de référence chez les édentés totaux qui n’ont plus de dents pour servir de repères. On s’en sert pour les prothèses totales.

L’articulation temporo-mandibulaire (ATM) permet des mouvements de latéralité, des mouvement de propulsion et des mouvements de rétrusion. Cela va déterminer différentes positions d’intercuspidie:

– Latéralité droite
– Latéralité gauche
– Protrusion
– Rétrusion maximale

Le terme de chemin d’occlusion est employé pour le trajet de la mandibule à partir de l’occlusion d’intercuspidie maximale vers toutes les autres positions.

Les positions de latéralité droite et gauche sont définies par le contact pointe à pointe des canines haut et bas. Les canines sont les guides de l’occlusion, ce sont les dents clefs des arcades dentaires. Il ne faut jamais les extraire. On appelle les contacts canine-à-canine « la protection canine ». Il arrive qu’en latéralité la canine touche en même temps que les prémolaires: cela s’appelle: « protection de groupe ». Pour les raisons que je viens d’énoncer, il vaut toujours mieux essayer de mettre une canine incluse en place plutôt que de l’extraire.
Le côté de latéralité est dit « côté travaillant » le côté opposé« côté non travaillant ». Comme je l’ai dit, il peut y avoir plusieurs contacts du côté travaillant mais les contacts côté non travaillant sont nocifs.

La protrusion est définie comme l’avancée de la mandibule jusqu’au contact inter-incisif, pointe contre pointe, on dit: « bout-à-bout incisif ».

La rétrusion est le recul de la mandibule. Le condyle arrive à buter en arrière de la cavité glénoïde. C’est la position de « recul maximal ».

Anatomiquement, à partir de 12 ans, le plan d’occlusion des dents n’est pas un simple plan, c’est une portion de calotte sphérique, qui donne, par l’orientation de l’axe des dents, d’avantage de force de pression.

Dans le sens sagittal, antéro-postérieur, c’est la courbe de SPEE

Courbe de SPEE (crottaz)

Dans les sens frontal, latéral, c’est la courbe de WILSON

Courbe de WILSON (crottaz)

Cela donne pour les dents du haut une calotte sphérique convexe, et pour les dents du bas une calotte sphérique concave.

Il est malheureusement rare de trouver des dentures où cette architecture idéale soit conservée.

La classification d’Angle.

La classification de E.H.Angle date de la fin du dix-neuvième siècle, elle est toujours utilisée par les orthodontistes bien qu’elle ait été complétée par d’autres moyens de diagnostic.

Je ne suis pas un spécialiste en Orthopédie Dento Faciale, mais je peux vous résumer la classification d’Angle. Il y a 3 classes définies en fonction des rapport d’occlusion entre les deux arcades dans le sens antéro-postérieur:

la classe I est la situation normale, c’est à dire que les dents du bas sont décalées en arrière de celles du haut d’une demi cuspide en occlusion centrée qui correspond aussi à l‘intercuspidie maximale.

Occlusion classe I normale(communicationdentaire.com)

la classe II montre les dents du bas plus décalées en arrière, c’est à dire d’une cuspide complète;elle est divisée en deux subdivisions

-dans la division 1 le groupe incisivo-canin est en version vestibulaire
-dans la division 2 ce groupe est en version  palatine

Occlusion classe II division 1 et 2 (benrubi.raphael.perso.neuf.fr)

la classe III présente une arcade inférieure en position avancée par rapport à la normale, ce qui implique généralement une prognathie et une occlusion inversée du groupe incisivo-canin avec les dents du bas qui croisent en avant des dents du haut.

Occlusion Classe III (osteopathe-lignon.com)

L’inconvénient de la classification d’Angle est qu’elle ne tient pas compte de défauts dans le sens vertical, ni dans le sens latéral.

Les malocclusions.

L’espace a 3 dimensions: plan horizontal, plan vertical avant-arrière, et plan vertical transversal.
En anatomie on dit: coupe transversale horizontale, coupe verticale sagittale (arrière-avant), et coupe verticale frontale (latérale).
L’occlusion a 3 sens: la dimension verticale, le sens latéral (frontal), le sens antéro-postérieur (sagittal).

La dimension verticale est la rencontre verticale entre deux dents:
– les incisives se recouvrent de 1/4 à 1/3
– les prémolaires et molaires s’empilent
la dimension verticale est la hauteur additionnée des dents du haut et du bas en contact.
Si les incisives supérieures recouvrent trop les incisives inférieure ont dit que c’est une supraclusie incisive.Les anglos-axons disent « overbite ».

Supraclusie incisive « overbite »(daotrong-ortho8.fr)

Cela peut aussi être une infraclusie molaire (manque de hauteur aux molaires).

Si les incisives supérieures ne recouvrent pas assez les incisives inférieures, c’est une infraclusie incisive.

Si les incisives supérieures et inférieures ne peuvent pas se toucher, on dit qu’il y a une béance.

Béance incisive(centreorthodontielaval.fr)

Si les incisives du bas recouvrent celles du haut, on parle d‘occlusion croisée. Voir plus bas.
Si les molaires sont trop sorties (en extrusion), on va avoir une augmentation de la dimension verticale ( ou supraclusie molaire).
Si les molaires ne sont pas assez sorties (en intrusion), on va avoir une diminution de la dimension verticale (ou infraclusie molaire).

Le sens latéral concerne essentiellement les prémolaires et molaires. Les cuspides vestibulaires des dents du haut passent vestibulairement (à l’extérieur) par rapport aux dents du bas. En cas d’inversion on parle d’occlusion croisée.

Occlusion croisée aux molaires(dpnaurais.free.fr)

Le sens antéropostérieur
Lorsque les incisives supérieures sont trop en avant ou les incisives inférieures trop en arrière, pour cause de succion du pouce ou de pulsion de la langue, on parle de hiatus ou « overjet ».

Hiatus ou overjet(cda-adc.ca)

Si les incisives du bas recouvrent celles du haut, c’est une occlusion croisée.

Occlusion croisée aux incisives (orthocite.ca)

Les édentations non compensées.

La perte d’une dent non remplacée entraîne des perturbations très préjudiciables à l’ensemble du système dentaire.
Les dents sont comme les dominos, elles se maintiennent les unes les autres. L’absence d’une dent entraîne un déséquilibre des forces ainsi que des déplacements des dents restantes. L’occlusion perturbée est cause de foyers d’alvéolyse verticale et de pathologie parodontale.

Une dent qui n’a plus d’antagoniste* cherche le contact occlusal* et évolue dans l’espace laissé libre devant elle. On dit qu’elle est en égression.

Egréssion d’une dent ayant perdu son antagoniste (dentalyon.com)

Une dent qui perd son point de contact mésial se déplace dans le sens mésial en s’inclinant. Elle subit une mésioversion.

Molaire inférieure en mésioversion (implantsparis.net)

Lorsqu’une dent perd son contact distal, elle migre dans cette direction en s’inclinant. Elle se positionne en distoversion.

Prémolaire inférieure en distoversion et molaire inférieure en mésioversion. La molaire supérieure se met en égréssion.(dreamdirectdisign.com)

Le résultat de diverses édentations non compensées aboutit à des malpositions très nuisibles à l’occlusion qui sont à l’origine de déchaussements des dents.

Désorganisation totale de l’occlusion due à des édentations non compensées.

Le système masticatoire est une mécanique, comment pourrait on imaginer de faire fonctionner une mécanique à laquelle il manquerait des pièces?

Même si les dents résistent à ces troubles, ce sont les articulations temporo-mandibulaires (ATM) qui peuvent présenter des pathologies pouvant aller jusqu’à des névralgies faciales, à des troubles auditifs, à des problèmes vertébraux, des troubles de l’équilibre, des vertiges…etc….

Voyez le résultat  à 50 ans d’extractions précoces de molaire chez un enfant de 10 à 12 ans.

Il faut donc systématiquement remplacer toute dent manquante, sauf les dents de sagesse, et encore faut il veiller à les extraire par paires du même côté pour éviter l’égression de celle qui se trouverait sans antagoniste.

L’équilibre neuro-musculaire.

 Il y a déjà 25 ou 30 ans que l’on connait l’importance des répercussions des troubles de l’occlusion dentaire sur la statique vertébrale et sur l‘équilibre neuro-musculaire de tout le corps.

Tout a commencé par une constatation étonnante au service de podologie d’un hôpital: les podologues utilisent un appareil avec un système réflecteur pour voir la plante des pieds nus en position debout et ils ont constaté à leur grande surprise que les patients porteurs de prothèses mobiles n’avaient pas la même position des pieds au sol suivant qu’ils avaient ou non leur prothèse en bouche. Ils ont fait part de leur découverte aux odontologistes qui se sont procurés un appareil de même type pour se livrer à un certain nombre d’expériences dont il est ressorti que le moindre changement de l’occlusion modifie toute la statique corporelle.
Par exemple, on a pris un groupe de tireurs d’élite et on leur a posé des couronnes en mauvaise occlusion: cela a faussé systématiquement leur tir. Sitôt qu’on corrigeait leur occlusion, le tir redevenait juste.

On a alors commencé à vérifier l’occlusion de toutes les personnes qui avaient des douleurs cervicales ou dorsales ou lombaires, et miracle! un fort pourcentage d’entre-elles ont été soulagées. On s’est aperçu que l’on pouvait même changer la position des hanches en modifiant l’occlusion. On peut même, chez certaines personnes, éviter de poser des semelles orthopédiques en modifiant l’occlusion

On a donc logiquement pensé que l’occlusion avait une influence sur la position des os crâniens et faciaux et en collaboration avec des ostéopathes crâniens, on a pu mettre en évidence la relation étroite qu’il y a entre l’occlusion des dents et la position des os crâniens, os qui ne sont pas totalement soudés entre-eux mais qui sont joints par des sutures semi-rigides. De là on en est arrivé à soulager certaines migraines ou névralgies faciales rebelles.
Par exemple, lors qu’un bridge franchit la ligne médiane et solidarise entre elles des dents du maxillaire supérieur droit et gauche, la suture inter-maxillaire se trouve bloquée et immobilisée: cela peut déclencher divers troubles chez certaines personnes, dont des migraines entre autres. L’immobilisation conjointe des deux incisives centrales supérieures dans une même prothèse fixe, bloque la suture inter palatine  qui joint les deux moitié du palais, qui est   normalement  plus ou moins élastique: les os maxillaires supérieurs droit et gauche. On soupçonne que certaine migraines ou névralgies faciales, ainsi que des anesthésies, paresthésie, et hyperesthésies en soient la conséquence. Il faut donc en cas de doute et si cela est compatible avec l’architecture de la prothèse, sectionner le bridge au centre entre les deux incisives centrales pour donner du jeu à la suture intermaxillaire. J’ai vu quelques résultats spectaculaires.

Comme vous pouvez le constater, l’occlusion, l’équilibre neuro-musculaire, et l’ostéopathie crânienne, peuvent influencer n’importe quelle partie du corps et il faut y penser devant toutes les pathologies rebelles qui ont été citées.

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