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Les piercings buccaux remis en question.

LES PIERCINGS BUCCAUX,  UN PHENOMENE  DE MODE  NON DENUE  DE DANGERS

Par le Docteur Nadine BARAS,  Chirurgien-dentiste.

 La pratique des piercings buccaux est, de nos jours, courante et concernerait entre 10 et 20% des jeunes entre 15 et 25 ans (USA et Europe).

Ces piercings peuvent être localisés en différents endroits de la cavité buccale: la langue, les lèvres, la joue.

Il est important de savoir qu’ils présentent des dangers non négligeables pour la santé de ceux qui les portent.

Les dentistes au cours de leur exercice sont amenés à soigner des patients porteurs de tels piercings et confrontés aux différentes lésions provoquées par ces « bijoux », en fonction de leur localisation.

Il est important de rappeler qu’en bouche se trouvent de nombreuses bactéries.

Toute effraction des muqueuses buccales entraine une bactériémie (présence de bactéries dans le sang). Cette bactériémie n’a en général pas de conséquence pour un patient dit « normal », puisque les défenses de son organisme sont suffisantes pour éliminer ces bactéries et qu’elle n’est alors que transitoire.

En revanche, chez les patients présentant une vulnérabilité particulière aux infections (cardiopathie valvulaire, antécédents de « souffle au cœur », maladie chronique pouvant affecter les défenses immunitaires de l’organisme telle que diabète, infection HIV, cancer, maladies du sang…..), elle peut, en l’absence de couverture antibiotique, avoir des conséquences particulièrement graves voire mortelles (septicémie, endocardite d’Osler)

Les dentistes sont formés et habilités à prévenir les complications de ce type pouvant apparaître chez ces  patients à la suite de différents actes courants de leur exercice (détartrages, chirurgie, anesthésie…..), par la prescription d’antibiotiques appropriés tant en ce qui concerne la famille d’antibiotiques prescrits que la posologie et la durée de la prescription.

Et si l’on en revenait à nos piercings buccaux !!

Le terme même de piercing implique une effraction de la muqueuse buccale.

Parmi les personnes désireuses de s’en faire poser un, il est fort probable que certaines font partie de ces patients pour lesquels nous autres dentistes redoublons de précautions.

Elles vont rentrer dans une boutique afin de se faire « piercer » la langue, la lèvre ou la joue. Celui ou celle qui va les « piercer » n’a en principe ni l’autorité ni la qualification ni la formation pour faire remplir un questionnaire médical ou pour prescrire un antibiotique, et cet acte qui est souvent qualifié d’anodin à la personne candidate au piercing risque fort de ne pas l’être bien longtemps ! Quelles sont les précautions d’asepsie? Quelle garantie de ne pas être contaminé par le virus du SIDA ou de l’hépatite C ?

Rappelons qu’au regard de la loi française, nulle personne autre que les diplômés en Médecine ou en Chirurgie Dentaire n’a le froit de travailler en bouche. Cela signifie qu’aucune assurance ne couvrira d’éventuelles complications.

Il est évident que les personnes présentant une sensibilité forte au risque infectieux ne doivent en aucun cas se faire poser de piercing buccal, mais en sont-ils tous conscients ?

En dehors de ces complications d’ordre général qui ne concernent heureusement qu’une partie de la population, il existe des complications locales lors de la pose des piercings, dans les jours suivants mais aussi à venir.

Complications immédiates : douleurs, inflammations et saignements pendant plusieurs jours.

Complications chroniques et à long terme :

– récession gingivale par contact prolongé avec le piercing, usure voire fracture des dents liées aux traumatismes répétés des piercings, notamment au niveau des incisives.

Rétraction gingivale par frottement d’un piercing de la lèvre inférieure (presseportal.ch)
Fracture de prémolaire par morsure sur le piercing au cours de la mastication (grupdentalcostabrava.com)

 -Lésions des nerfs faciaux et linguaux pouvant entrainer des pertes de sensibilité, une anesthésie ou une paresthésie

-Troubles de la phonation et de la déglutition

-Allergie aux métaux des piercings ou bimétallisme avec un autre métal préexistant en bouche

– Dans le cas d’adolescents traités en orthodontie, il a été décrit un blocage du piercing  au niveau du dispositif orthodontique et  l’arrachement du piercing.

Et quelle est la composition des alliages utilisés? Y a-t-il du Nickel? du Bérilium? ou quoi d’autre?

Il est clair à la lecture de ces différentes complications que personne ne devrait se faire poser de piercings buccaux.

J’espère que cet article pourra dissuader certains de passer à l’acte ou amener d’autres à retirer ceux qu’ils possèdent déjà.

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