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LE HPV ou Human Papilloma Virus.

Article remis à jour le 07/01/2021.

Le grand souci actuel de mes lecteurs est le HPV ou Human Papilloma Virus, dont on fait un véritable épouvantail, qui empoisonne la sexualité de toute une population.

Je pense qu’une sexualité libre de contraintes et d’angoisse est d’une importance capitale pour la santé physique et mentale  de l’être humain, homme ou femme.

J’ai écrit, il y a déjà quelques années, un article assez complet je crois, sur le HPV buccal et qui m’a fait passer sur internet pour le super spécialiste en la matière, ce qui n’est pas vrai, ma spécialité est la chirurgie et non la dermatologie buccale. Mais j’ai eu et j’ai encore tellement de questions sur ce sujet que j’ai été obligé de compléter mes connaissances, et avec toutes les photos que j’ai reçu, j’ai affiné mes capacités à le reconnaître.
Je vais donc reprendre l’ancien article pour l’enrichir des connaissances que j’ai acquises avec ce blog, grâce à mes lecteurs (vive internet!).

Mon premier article a été consacré au HPV buccal, mais le mode de contamination quasi exclusivement sexuel, fait qu’il est considéré comme une IST(Infection Sexuellement Transmissible).
Compte tenu des questions et des photos que je reçois, et qui reflètent l’angoisse de tous ceux qui ont une activité sexuelle, et ils sont forcément très nombreux, je vais élargir ma recherche, pour essayer de rassurer un peu mes lecteurs, dont certains gâchent leur vie sexuelle avec la phobie du HPV.
Je cite le Pr. Renaud Garrel:
 » La récente notoriété des papillomavirus ne doit pas faire oublier que pour prévenir les cancers de la gorge en général, l’arrêt du tabac et des excès d’alcool sont les mesures les plus payantes ».

Les papillomavirus sont un groupe de petits virus très répandus dans la nature. Ils infectent de nombreux mammifères et ont un tropisme particulier pour les kératinocytes des épithéliums malpighiens qu’ils soient kératinisés ou non. (wikipédia).

Les verrues de la peau, en particulier celles des mains (HPV 7), sont dues aux papillomavirus.

Pathologie.

Il faudrait donc dire « les papillomes buccaux » car le virus qui en est la cause, le papillomavirus (HPV), présente 80 formes répertoriées et numérotées et l’on pense à l’heure actuelle qu’il y a entre 150 à 200 souches différentes. L’aspect clinique reste pratiquement le même, l’examen clinique ne permet pas de différencier les multiples formes. Il faut donc demander systématiquement un examen d’anatomopathologie car si la grande majorité est bénigne, certaines formes ont un potentiel dégénératif non négligeable, surtout chez les fumeurs.
Les hommes seraient plus exposé aux formes sévères de HPV que les femmes, on ne sait pas pourquoi, peut être une différence immunitaire. La quasi totalité des cancers du col de l’utérus sont dus aux HPV chez les femmes. Les hommes sont plus exposé aux cancers du pharynx.
On appelle la lésion du HPV, tantôt « papillome », tantôt « condylome », et tantôt « verrue ».
Dans certaines publications on dit condylome pour la lésion visible macroscopiquement, et on dit papillome pour le tissu histologique. L’appellation « verrue » est généralement réservée à la peau ou à l’ourlet cutanéo-muqueux. Mais pour dire la vérité je n’ai réussi à trouver aucune définition qui puisse différencier ces trois mots: considérons donc, jusqu’à plus ample information, que ce sont des synonymes.

papillome de la langue (texnews).
Papillome de la lèvre (dents-blanche.ch)
Papillomes de la langue (Treat Simply).
Papillome de la lèvre inférieure
papillomatose de la lèvre (c3a8vre-odontomagazine-com-br).
HPV des amygdales et de la luette (texnews).

On pense qu’un grand nombre de cancers des amygdales, du pharynx, de la gorge, du larynx et de l’œsophage sont dus au HPV ou papillome buccal.

Le virus  HPV (Human Papilloma Virus) se fixe essentiellement sur la zone anale et génitale, on l’appelle alors aussi « condylome », et c’est lui qui est responsable de 100% des cancers du col de l’utérus, et dans de bien plus faibles proportions des cancers du vagin, de l’anus, du pénis et du scrotum.
Condylome du col de l’utérus:

condylomes vulvaires
condylome du col de l’utérus.

 

condylome du scrotum(jim.fr).
condylome pénien.

Les génotypes HPV 16 et HPV 18 sont les plus virulents en matière de cancer.
La contagion se fait par contact direct de muqueuse à muqueuse (contacts bucco-génitaux) ou même de peau à peau où il donne des verrues. Il semblerait que les hommes soient plus atteints que les femmes.
Les enfants sont aussi contaminés sous forme de verrues, ce sont généralement des souches peu virulentes

Vulgaris Medical

Diagnostic.

Les lésions cutanées et surtout muqueuses du HPV sont assez caractéristiques et faciles à identifier, car granuleuses et avec un reflet blanchâtre, c’est la raison pour laquelle j’ai multiplié les images. Le plus souvent en forme de chou-fleur, ou de fraise, le papillome peut être lisse. Sur la peau il prend la forme de verrue, parfois à tête plate.
Après de longues années l’aspect peut être volumineux:

Le diagnostic visuel est donc plus ou moins facile. On peut le faire par dermato scopie (loupe à fort grossissement). L’acide acétique (vinaigre blanc) a été abandonné car douloureux et peu fiable. Le meilleur diagnostic se fait à posteriori après biopsie-exérèse et examen anatomo-pathologique, qui aura l’avantage de spécifier la souche et donc sa dangerosité.

Papillome palatin après 7/8 ans

Il existe un test sérologique pour savoir si vous avez été en contact avec le HPV. La prise de sang pour le HPV est utilisé pour diagnostiquer la présence du virus dans les cellules de l’organisme, mais n’est pas en mesure de prédire si l’individu va développer des symptômes. Normalement, avant le test sanguin de dépistage du HPV le médecin peut recommander l’abstinence sexuelle pendant 3 jours.
Pour les femmes le Test du frottis vaginal Papanicolaou, ne peut pas détecter les HPV, mais  sert à détecter des modifications anormales des cellules du col de l’utérus, ce qui permet ainsi de prévenir le développement du cancer du col de l’utérus.

Actuellement, il existe un test par prélèvement buccal qui peut détecter la présence de HPV même en l’absence de papillome, et qui indique le type de la souche contaminante.

Diagnostic.


Anatomo-pathologie :

Sur le plan histologique, on retrouve de nombreuses caractéristiques, et on cite :
• Papillomatose : allongement et hyper-sinuosité de la couche basale de l’épithélium entraînant un allongement des crêtes épithéliales et des papilles conjonctives ;
• Acanthose marquée : épaississement de l’épithélium causé par une prolifération de la couche épineuse ;
• Quantité variable de para-kératine ;
• Présence dans la couche épineuse de cellules en  ballons, vacuolisées
présentant un noyau pychnotique et un halos péri-nucléaire non uniforme  (= aspect histologique de koïlocytes).

Coupe histologique de tissu infecté par le HPV (inf3s-campus.numérique)

aspect évocateur d’une infection à HPV avec présence de koïlocytes (clarification péri-nucléaire du cytoplasme).

Le génome: le génome est la signature ADN de chaque souche de HPV. Il est très important de la rechercher pour savoir de quelle souche il s’agit et d’être fixé sur sa virulence et sa capacité à dégénérer en cancer.

Le site « professeur-joyeux.com « nous dit:

Pour arrêter cette angoisse collective que déclenche le virus HPV, il savoir, que quelle que soit la souche dont on est contaminé, l’exérèse du condylome annule le risque. Le danger est de ne pas retirer le condylome, ou de ne pas le voir. Il faut donc mettre toute son attention à tout détecter pour ne pas passer à côté.
Évidement, la vigilance et la surveillance est de règle en cas de souche virulente. Mais avoir un HPV 16 ou 18 ne veut pas dire qu’on a ou qu’on aura un cancer. D’autant que la maladie guérit spontanément au bout de 2 ou 3 ans, et qu’on est ensuite immunisé contre cette souche particulière.
Je recommande aux cancérophobes, et ceux qui ont un HPV 16 ou 18 de s’adresser à l’Institut Gustave Roussy, qui lance une campagne de prévention contre les cancers des voies aéro-digestives supérieures (VADS). ICI

Contamination et durée d’incubation.

La contamination est directe peau à peau ou muqueuse à muqueuse. Elle peut être bucco-buccale, génito-génitale ou bucco-génitale.
Le virus est absent du sperme, de la salive ou du sang, qui ne sont donc pas contaminant.
La contamination indirecte peut se faire par la fréquentation de lieux publics comme les piscines, les gymnases, les clubs de sport, et les saunas qui sont un des modes de transmission classiquement cités pour les verrues des souches peu virulentes.
On peut être contaminé sans le savoir car le HPV peut être asymptomatique: on est alors porteur sain. C’est à dire qu’on est contagieux même sans avoir la maladie. On estime que 70% de la population active sexuellement a été porteuse d’un HPV au cours de sa vie, même sans aucune symptomatologie. On peut être contaminé plusieurs fois par différents génotypes mais pas par le même.
La durée d’incubation des HPV est mal connue et semble varier , entre 3 semaines et plusieurs mois, en fonction du statut immunitaire de l’hôte et de la souche à laquelle on a été exposé.
Affin de couper court à toutes demandes sur ce sujet, sachez, que l’apparition d’un HPV n’est absolument pas la preuve d’une infidélité du partenaire, car on peut être porteur du virus pendant des années, voir même la vie entière, sans même en avoir aucun signe. 

Traitements.

Personnellement, je ne connais aucune traitement du HPV, mais je sais que des nouveaux produits antiviraux sont à l’étude et certains même déjà commercialisés.
Le traitement du HPV s’ajuste en fonction du type de lésion  et de sa localisation. Chez beaucoup d’hommes et de femmes, le HPV disparaît de lui-même sans occasionner de problèmes médicaux, et donc sans qu’un traitement ne soit nécessaire, surtout pour les souches les moins virulentes.
Les papillomavirus à bas risque entraînent toujours des lésions bénignes, de type verrues génitales (condylomes acuminés ou « crêtes de coq »), visibles à l’œil, sans autre symptôme associé.
Les souches des papillomavirus à risque, ont un risque à long terme (après 20 à 30 ans d’exposition) de développer un cancer en l’absence de suivi. Les femmes sont inégales face à ce virus à risque : 70 à 80 % d’entre elles l’éliminent par leur propre immunité. Ce qui n’est pas le cas des 20 % restantes : le virus persiste alors dans l’organisme.
Il en ressort que le traitement est la suppression de tous les papillomes: bistouri, électrocoagulation, laser, azote liquide…etc…
Bien sûr, en tant que chirurgien, je vous dirai que je suis pour les exérèses qui ne détruisent pas la pièce opératoire et permettent de l’envoyer systématiquement au laboratoire pour analyse anatomo-pathologique. Et c’est plus proprement fait…et la cicatrisation est bien meilleure et sans cicatrice (si vous avez un bon chirurgien).

Prévention.

La protection lors des rapports sexuels est une possibilité, mais il est difficile de protéger la bouche.

L’avenir est dans la vaccination contre les papillomavirus. Elle existe déjà chez les jeunes filles avant leur premier rapport sexuel afin de prévenir les cancers du col de l’utérus. Cette même vaccination commence à être étendue aux jeunes garçons dans certains pays, puisqu’ils sont eux aussi exposés aux condylomes et aux cancers de la gorge

Conclusion.

Je crois avoir tout dit en ce qui concerne le HPV, si j’ai oublié quelque chose, dites le moi.
J’ai écrit cet article essentiellement pour dédramatiser le HPV, car je pense que l’acte amoureux et une des plus belles choses qui soit sur terre…et qu’il ne faut pas se laisser gâcher la vie par des angoisses inutiles.
Je le répète une fois de plus, que les hypocondriaques cancérophobes convertissent leur angoisse en « préventomania » et qu’ils se fassent faire des contrôles… mais ils trouveront toujours quelque chose d’autre pour fixer leur angoisse existentielle!…
Il se trouve que le HPV, n’est pas systématiquement cancérogène, qu’il guérit spontanément, et qu’il est souvent, malheureusement pas toujours, visible.
Avec un certain nombre de précautions…on doit pouvoir se libérer de cette angoisse!!!…

Je tiens à préciser, que la dégénérescence en cancer ne se fait que des années après la contamination au HPV. Le HPV ne donne pas de douleurs à la gorge ni de ganglions: ces symptômes sont déjà ceux du cancer. Lorsqu’on est contaminé au HPV la chose la plus importante est la recherche et l’exérèse des condylomes. Une inflammation due à un condylome sur-infecté, peut donner une adénopathie

Pour écrire ce long (trop long?) article, il m’a fallu un gros travail de compilation, pour ne pas dire de « pillage », d’un grand nombre de publications sur internet. Il aurait été trop fastidieux pour les lecteurs de citer tous les auteurs, et je les prie de m’en excuser; je les remercie pour leur travail, mais il m’a fallu, à moi aussi, des heures et des heures de travail…et je crois faire oeuvre utile pour tous. Je n’en ressens donc aucune culpabilité!!!…

Pour les femmes, je recommande la lecture d’un très bon article: voir ICI!

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