Ce n’est pas vraiment une histoire, ce sont des souvenirs qui, peut-être, méritent d’être contés, avant que la mémoire ne les perde.
Lorsque j’ai terminé mon service militaire, je n’avais pas assez de sous pour m’installer, et j’ai loué un cabinet dentaire en face de l’aéroport du Bourget qui était couplé avec un cabinet secondaire à Roissy-en-France, délicieux petit village qui existait avant que les Airbus ne labourent les terres du Roi de France. Eh! oui! on a mis un aéroport sur les terres les plus riches de France, celles qui avaient le plus haut rendement en quintal de blé par hectare et qui étaient le privilège des Rois de France.
J’y allais deux après midi par semaine. Les habitants étaient des agriculteurs, ravis de ne pas avoir à courir « en ville » pour se faire soigner les dents, et qui me chouchoutaient pour me garder. Je repartais de là le coffre de la voiture rempli de légumes, radis, oeufs, fruits, poulets et lapins.
Le cabinet donnait sur une cour en rez de chaussée, c’était plutôt une basse-cour, car les poules y avaient libre circulation, y compris dans la salle d’attente. Une en particulier, c’était une poule de luxe je crois, y avait élu domicile. Elle était là, mine de rien, le bec enfariné, et attendait sagement son tour. Quelqu’un lui avait sans doute dit: »quand les poules auront des dents… » et elle a attendu là pendant des années, sans doute jusqu’à ce que le vacarme infernal des avions lui fasse peur!
Elle pensait sans doute que la salle d’attente d’un dentiste était le meilleur endroit pour rencontrer un bel oeuf de Paques.
Moi, je la laissais faire car je me disais que c’était peut être la poule aux oeufs d’or.
J’ai n’ai su que beaucoup plus tard qu’elle attendait M. Brånemark, inventeur suédois des implants modernes.
Moralité: les poules sont beaucoup plus intelligentes que les hommes, elle savait que tout ce que nous posions comme implants à cette époque ne valait pas grand chose et qu’il fallait attendre la fin du vingtième siècle pour trouver la solution.
Deuxième moralité: les poules de luxe savent toujours ce qu’elles veulent.
Sourire….
Je vous reconnais bien là , je me souviens avoir beaucoup ri lorsque vous m’aviez cité la phrase assassine mais si savoureuse de votre épouse à l’encontre d’une autre dame lors d’un certain repas …..