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HISTOIRES DE DENTISTES. Empreinte au plâtre.

Rassurez vous, les empreintes au plâtre ne se font plus!!!

J’atteste que cette histoire aussi est parfaitement vraie. Elle a d’ailleurs été racontée par Jean Charles dans « Les Perles du Facteur ». Mais moi je connais des détails que lui ignorait, car moi j’y étais.

J’ai fait mes études à l’Ecole Odontologique de Paris rue Garancière, qui est maintenant un centre de soins dépendant de la Faculté de Paris VII.
Pour que le lecteur puisse bien comprendre cette histoire, il faut situer les lieux: l’école se trouve derrière l’église St.Sulpice; devant il a la place et de l’autre côté de la place, il y a un commissariat de Police. La rue Garancière, avec une baïonette, se continue par la rue Mabillon jusqu’à la rue Dufour, à l’angle de laquelle se trouve le Restaurant Universtaire où nous prenions tous nos repas.

Avant ma génération, les empreintes des dents se faisaient au plâtre: très difficiles à faire, et épouvantablement désagréables pour les patients. Les empreintes à l’alginate venaient d’apparaître, beaucoup plus simples et moins désagréables (voir  ICI). L’alginate est souple et se démoule facilement d’un seul tenant, alors que le plâtre durcit et doit être fractionné en plusieurs morceau pour se démouler, ça dure une heure.
Quelques enseignants rétrogrades insistaient pour que nous apprenions quand même à faire des empreintes au plâtre « pour savoir ce que c’est! » et ce sont les patients qui en faisaient les frais!

Donc, ce jour là: empreintes au plâtre pour toute la série. Dans une grande salle, il y a 40 fauteuils dentaires , 40 étudiants, 40 patients, 1 chef de service et 3 ou 4 assistants bénévoles. Du plâtre parfumé à la banane volant partout dans l’air, comme vous pouvez l’imaginer, les patients en train de vomir dans les crachoirs, les étudiants paniqués tentant d’accrocher un enseignant pour les aider, les assistants débordés et le chef méprisant du haut de son piédestal derrière la vitre de son bureau!
Une étudiante, rate son empreinte, la recommence, la rate encore, la refait une troisième fois ( la patiente ayant vomi deux fois!) et lorsque vient enfin le fatidique moment du démoulage n’arrive absolument pas à retirer l’empreinte! Elle bataille, essaye plusieurs fois, la patiente essaie aussi de tirer dessus, ça dure, ça dure, elle perd du temps, prend beaucoup de retard, tente de trouver de l’aide,  et pendant ce temps là, la salle se vide petit à petit. Affolée elle court dans tous les sens pour trouver quelqu’un: personne!  .Tout le monde est parti! Plus de chef, plus d’assistants, plus d’étudiants!
Complètement paniquée l’étudiante court aux vestiaires rattraper un enseignant: plus personne. Tout le monde est parti déjeuner. L’étudiante en pleurs erre dans les couloirs pour trouver quelqu’un : pas un chat! c’est le désert de la pause de midi. Même pas une secrétaire à la Direction.
Au plus grand désespoir, ne sachant plus quoi faire, elle se dit que peut être au Restaurant Universitaire, rue Mabillon, là où tout le monde déjeune à midi, elle trouvera du secours. Et la voilà qui court dans la rue, en blouse blanche, jusqu’au métro Mabillon, venant du métro St. Sulpice! Au Resto-U, 3 étages: elle monte, elle descend, essoufflée, elle cherche en pleurs et il y a la queue partout! Impossible d’entrer sans attendre au moins une demi heure et en plus elle se fait chahuter parce qu’elle est en blouse!
Le temps passe et la patiente s’impatiente (!). Elle sort dans le couloir voir qu’est devenue l’étudiante. Personne nulle part: elle en conclut que l’étudiante paniquée l’a purement est simplement plantée là et est partie déjeuner!.

Elle sort dans la rue, traverse la place, et tombe sur le commissariat. Pleine d’espoir, elle s’adresse au planton de garde: » Hanhan hoho héhé hihi » dit- elle au planton qui n’y comprend rien et la regarde d’un air ahuri. Pour qu’il comprenne elle ouvre la bouche et lui montre ses dents bloquées dans le plâtre. Et là, il a un éclair de génie et lui dit: « Ah! ma pauv’dame! vous avez une chance inouie, il y a justement une école dentaire en face, là bas de l’autre côté de la place! »

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