Article tiré du « MANUEL D’ODONTOLOGIE CHIRURGICALE »(Edit. Prelat) .
Les tumeurs dans la région de la cavité buccale posent toujours à l’odontologiste un problème diagnostique.
Alors que le traitement des tumeurs malignes est du domaine du spécialiste, l’odontologiste joue un rôle très important dans leur détection et leur diagnostic. Dans certains cas, son « flair » peut être déterminant pour le sort du malade.
Le rôle de l’odontologiste se limite à l’excision des tumeurs bénignes et superficielles de la bouche. Les tumeurs suspectes de malignité doivent être adressées à un spécialiste. S’il n’y a aucun signe de malignité, et si le diagnostic de tumeur bénigne est établi, l’odontologiste pourra en pratiquer l’excision.
On distingue différentes tumeurs dans la cavité buccale, et parfois on n’aura une certitude de leur identité qu’après avoir pratiqué un examen anatomo-pathologique.
Les diapneusies sont des tumeurs bénignes assez fréquentes dues à des parafonctions: soit à une succion de la muqueuse à travers un diastème, soit à une prothèse mal ajustée, par exemple.(ICI). Leur disparition définitive après excision est liée soit à la réduction du diastème, soit au réajustement ou au remplacement de la prothèse défectueuse.
Autres tumeurs rencontrées fréquemment en bouche, en particulier chez les femmes enceintes, les épulis. Ce sont des tumeurs bénignes de la gencive qui peuvent atteindre parfois des volumes assez importants et impressionnants. Sessiles ou pédiculées, elles sont en général situées entre deux dents, et peuvent être à l’origine d’une destruction de l’os alvéolaire.
On peut encore citer les kystes mucoïdes et grenouillettes (petites tumeurs remplie de liquide salivaire), les lipomes(petites tumeurs graisseuses), les fibromes, et les papillomes (surtout sur la langue).
Technique chirurgicale.
Pour toutes ces tumeurs, la technique chirurgicale varie peu: on incise la muqueuse en « quartier d’orange », toujours en tissus sain. La masse tumorale est séparée du muscle sous-jacent soit au bistouri, soit aux ciseaux à gencive. Les bords marginaux sont suturés par points séparés. La pièce opératoire est immédiatement mise dans un flacon de liquide de Bouin, et adressée au laboratoire d’analyse d’anatomopathologie, même si l’on est certain de sa bénignité.
Pour les épulis, la technique est à peu près la même si, grâce à la radiographie, on est sûr que l’os n’est pas atteint. Dans ce cas, on pratique une incision semi-circulaire autour de la tumeur et dans la gencive saine. On décolle le périoste et la gencive marginale en même temps que l’épulis. Du fait de la présence des dents sur l’arcade, il est possible que l’on ne puisse pas pratiquer l’excision totale, il faudra alors finir à la curette parodontale entre les dents. Cette tumeur est parfois très hémorragique et il faudra souvent utiliser une boule d’électrocoagulation au bistouri électrique. L’excision terminée, on adoucit les rebords osseux à la râpe à os, et on pose un pansement chirurgical.
Si la tumeur concerne l’os et en a provoqué une destruction partielle on sera obligé d’extraire les deux dents adjacentes. On pratique un lambeau angulaire de pleine épaisseur, puis on extrait, on excise la tumeur, on régularise l’os, et on termine en suturant de façon hermétique par points séparés. La pièce opératoire sera toujours envoyée en laboratoire d’anatomopathologie.
La pose immédiate d’une prothèse provisoire peut servir de guide chirurgical de cicatrisation.
Note du Dr.Hauteville: ci-dessous diapneusie de la langue avant et après excision