Article remis à jour le 24/07/2022.
La tentation de poser des implants remonte à l’Egypte antique, mais différentes techniques d’implant ont été tentées surtout depuis les années cinquante au vingtième siècle. Je fais partie de la génération des pionniers qui ont été les premiers à poser des implants fiables à partir des années quatre-vingt sous l’impulsion du Dr Per Ingvar Branemark qui découvre la biocompatibilité du titane avec le corps humain. C’est lui qui est à l’origine de l’invention de l’implant actuel.
Avant de lire cet article, je conseille au lecteur de lire ICI et ICI
L’augmentation actuelle des échecs des implants est essentiellement due à l’augmentation de poses d’implants, mais le pourcentage de réussite reste le même. Vu l’expérience, ce pourcentage aurait dû s’améliorer. Mais comme n’importe quel dentiste peut faire des implants sans forcément en avoir la compétence, cela fait statistiquement augmenter les échecs.
Un échec est toujours très préjudiciable pour un patient.
J’ai commencé à faire des implants dès 1966, c’était des implants aiguilles. Les résultats immédiats étaient bons, à 2 ou 3 ans les pourcentages étaient déjà plus bas, et après 5 ans les résultats n’étaient pas probants. Les implants lame étaient beaucoup plus difficiles à poser, les résultats étaient meilleurs pour les praticiens qui savaient bien les faire, mais rares étaient ceux qui duraient plus de 5 ans. Mais nous avons tiré beaucoup d’enseignements de nos échecs et grâce à cela, on en est arrivé aux implants vissés qui sont universellement utilisés à l’heure actuelle.
Lorsqu’on annonce à un patient 95 % de réussite à 15 ans, s’il a un échec, il se trouve dans les 5% qui ne marchent pas, mais pour lui c’est un &chec à 100 % et ça lui est égal qu’il y en ait 95 % qui réussissent.
Chez les fumeurs les taux de réussite sont très minorés: il faut les en aviser (50%?).
Lorsqu’un implant ne tient pas, ce n’est jamais par un phénomène de rejet. Cela n’a rien à voir avec les réactions immunologiques des greffes d’organes. L’échec implantaire est toujours dû à un défaut d’ostéointégration ou à une infection osseuse péri-implantaire dont les causes seront analysées plus loin. Il n’y a pas d’os autour de l’implant qui ne tient pas, devient mobile et finit par tomber.
Les échecs sont donc essentiellement dus à des causes mécaniques ou bactériennes.
Les causes mécaniques.
– échauffement trop important lors du forage à la pose de l’implant(les cellules osseuse se coagulent vers 55°)
– Manque de hauteur ou d’épaisseur d’os
– Mauvais calcul du positionnement ou de l’orientation des implants
– Mise en fonction trop rapide
– Surcharge de la prothèse
– Erreur d’occlusion
– Mauvaise densité osseuse
– Prothèse mal conçue
– Ostéo nécrose par irradiation ou biphosphonates
– Mauvaise cicatrisation due au tabagisme
– Fracture de l’implant ( surtout les implants à hexagone interne)
– Implant trop court ou d’un calibre trop faible
– Implants impactés non vissés, ou état de surface des implants défectueux.
Les causes mécaniques élargissent l’espace entre l’os et l’implant, ce qui permet aux bactéries de s’infiltrer. Si bien que la cause terminale de la perte de l’implant est toujours bactérienne.
Les causes bactériennes.
– Mauvaise hygiène soit par manque de soin du patient, soit par une prothèse ne permettant pas un nettoyage correct
– bouche mal préparée: présence de dents incluses en désinclusion, dents absentes non remplacées, problèmes occlusaux non résolus…etc…
– Infection résiduelle osseuse due à la dent extraite avant la pose de l’implant
– Infection par une dent voisine
– Prédisposition aux infections (diabète mal compensé par exemple)
-Mauvaise ostéo-intégration de l’implant par échauffement de l’os lors de la pose, ou mauvaise asepsie opératoire. L’albumine des cellules se coagule à 53°, si lors du forage de l’os la température passe au dessus de ce seuil, il y aura une nécrose osseuse et un vide autour de l’implant
– Manque d’intégration d’une greffe osseuse pré-implantaire
– Proximité ou effraction du sinus maxillaire
– Compression du nerf mandibulaire
– Fracture de la tubérosité.
La plupart du temps, la cause de l’échec est due à l’inexpérience du praticien…mais il faut bien qu’il fasse son expérience…et vous voudriez bien que ce ne soit pas sur vous!!!
Il faut donc choisir un praticien qui est qualifié et qui a fait son expérience sous la direction de praticiens chevronnés dans un service hospitalier.
Lorsque la cause de l’échec a été bien identifiée, et s’il y a encore assez d’os, on peut tenter de reposer d’autres implants en corrigeant l’erreur. Il arrive souvent que la deuxième tentative réussisse et soit durable.