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Cardiopathies et dents.

Quelles précautions, le praticien odonto-stomatologiste ,doit-t-il prendre avec les patients porteurs d’une maladie cardiaque?

Une grande confusion règne aujourd’hui dans le grand public en ce qui concerne les maladies cardiaques. Nombre de patients nous disent: « je suis cardiaque ». Cela ne veut strictement rien dire car les différentes maladies cardiaques n’ont souvent rien en commun, et l’attitude du praticien odontologiste doit être totalement différente selon le type de cardiopathie dont le patient est porteur.

J’ai donc pensé qu’il serait bon d’apporter quelques éclaircissements utiles à tous.

Cardio-Pathie= Maladie-du-Cœur.

Il existe 3 grands groupes de maladies du cœur:
– maladies vasculaires
– maladies valvulaires
– troubles du rythme cardiaque.

Pour ces trois types de maladies, les patients peuvent être sous aspirine (antiagrégant plaquettaire) ou anticoagulant. Pour toute intervention chirurgicale, il faut arrêter l’aspirine 5 jours avant l’intervention, et pour les anticoagulants il faut entrer en contact avec le médecin traitant pour faire remonter le taux de prothrombine (INR).
Le taux de prothrombine normal est voisin de 100%, ce qui donne un INR autour de 1.  Lorsque le taux de prothrombine baisse l’INR monte entre 1 et 4,5. Voir ICI.
En cas d’impossibilité de faire baisser l’INR il existe des procédures qui, je pense, doivent être pratiquées en milieu hospitalier.

Cardiopathie vasculaire:
Le coeur est un muscle qui consomme de l’énergie sous forme d’oxygène et de glycogène (glucose) qui lui arrivent dans le sang par les vaisseaux coronaires. Si ces vaisseaux se bouchent, le coeur est insuffisamment alimenté et entre en souffrance: c’est l’angine de poitrine ou l’infarctus du myocarde. Les vasodilatateurs améliorent la circulation coronaire, les vasoconstricteurs l’entravent. Le stress, par le spasme des vaisseaux est aussi un facteur aggravant.
En ce qui concerne l’odontologiste, face à ce type de pathologie, il faut proscrire l’usage d’anesthésique avec vasoconstricteur et diminuer le stress par médication sédative et une bonne relation praticien-patient.

Cardiopathie valvulaire:    (souffle au cœur)
Le cœur est une pompe, et comme toutes les pompes, il a des soupapes: les valvules cardiaques, entre les oreillettes et les ventricules et à la sortie, des gros vaisseaux. Il y a 4 valvules: la mitrale entre oreillette et ventricule gauche, la tricuspide entre oreillette et ventricule droit, l’aortique à la sortie de l’aorte, et la pulmonaire à la sortie de l’artère pulmonaire. Les dysfonctions des valvules s’appellent valvulopathies. Elles sont de deux sortes: rétrécissement (sténose) ou fuite (insuffisance).
Les causes en sont parfois congénitales, mais le plus souvent d’origine infectieuse. Et justement, dans la majorité des cas d’origine dentaire ou suite à une angine blanche mal  soignée, le streptocoque hémolytique B qui en est l’agent, y est très souvent présent. Les dents peuvent entraîner un rhumatisme articulaire aiguë, qui lui même se complique d’une endocardite d’Osler et endommage les valvules cardiaques.
Il y a donc deux aspects à envisager par l’odontologiste; d’abord la prévention des cardiopathies valvulaires, ensuite l’attitude à adopter face à un patient porteur d’une valvulopathie, particulièrement exposé à une récidive ou à une aggravation de sa maladie cardiaque.
La prévention consiste à ne jamais ignorer un foyer infectieux chronique quel qu’il soit. Et de prévoir un traitement antibiotique de couverture chaque fois qu’il y a un risque infectieux.
Quant aux patients atteints d’une valvulopathie ou porteurs de prothèses valvulaires, ils doivent être l’objet d’une attention toute particulière. Les soins endodontiques ne peuvent être fait qu’avec l’autorisation du cardiologue, qui ne la donne généralement pas, et qui aurait plutôt tendance à demander l’extraction de toutes les dents dévitalisées. Tout acte chirurgical, ou séance de soins endodontiques, même un simple détartrage, doit être précédé d’une prise de 2 grammes  d’amoxicilline 1 heure avant l’intervention. En cas d’allergie à la pénicilline, on prescrit 600 mg de clindamycine  une heure avant intervention.

Cardiopathie rythmique:
Arythmie; palpitations; tachycardie; fibrillation; bradycardie.
Les troubles du rythme sont traités soit par des médicaments, soit par la pose d’un stimulateur cardiaque (pace-maker, ou défibrillateur implanté), soit par d’autres techniques qui ne concernent pas l’odontologiste.
L’odontologiste n’a pas de précaution particulière à prendre vis à vis des porteurs de stimulateurs cardiaques, si ce n’est d’éviter d’utiliser des appareillages électriques générateurs d’inductions et d’ondes électromagnétiques, comme le bistouri électrique par exemple. L’IRM est une contre indication classique. Les radios dentaires et les appareils de détartrage à ultra-sons ne sont pas contre indiqués. En ce qui concerne le localisateur d’apex, il vaut mieux s’en abstenir car certains pace-maker y sont sensibles.
Les patients qui ont un trouble du rythme cardiaque sont généralement sous anticoagulants car l’arythmie ou la tachycardie peuvent provoquer une « montée en mayonnaise » dans le sang  (hyper coagulabilité) génératrice d’AVC (accident vasculo-cérébral). L’odontologiste doit donc prendre les précautions d’usage à ce sujet (contrôle de l’INR).

Les anticoagulants sont de plus en plus prescrit en prévention des AVC chez les personnes sujettes aux arythmies.

Bien sûr, n’étant pas cardiologue moi même, cet article n’est pas exhaustif. En cas de doute, le praticien et le patient, doivent prendre contact avec le cardiologue traitant.

A titre informatif, je reproduis ci dessous un tableau publié par Vianney Descroix dans l’Information Dentaire du 6 mars 2013:

Pour les professionnels, je recommande de lire: ICI .

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