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Asepsie et antisepsie au cabinet dentaire.

Article remis à jour le 04/07/2020.

Avec la crise actuelle du coronavirus, il m’a semblé important de remettre à jour cet article

Je pense que l’un des critères de choix d’un praticien est le niveau d’hygiène de son local opératoire, et en tant que « conseil dentaire », je me dois de vous informer du mieux possible. Je vais donc vous soumettre le cours que je faisais aux étudiants en odontologie et aux assistantes dentaires,  afin que vous puissiez être à même d’en juger par vous même.

Il faut que les praticiens sachent que vous observez leur comportement à propos des règles d’hygiène, et qu’il peut perdre un patient pour avoir répondu au téléphone pendant vos soins, sans changer ses gants.

Définitions:

Asepsie = absence totale de tout germe quel qu’il soit, bactérien, viral ou fongique.

Antisepsie = ensemble des mesures à prendre pour combattre la présence de micro-organismes pathogènes.

De ces définitions, il ressort que l’asepsie est un état statique : l’absence totale de germes obtenue par la stérilisation du matériel.
Par contre l’antisepsie est une notion dynamique, elle tend vers l’asepsie, mais elle n’est pas forcément totale.

Dans la pratique chirurgicale, asepsie et antisepsie ont pour but d’éviter la contamination d’un patient à un autre par un agent pathogène, ou la surinfection d’une plaie opératoire.
Elles concernent aussi bien les locaux, le gros matériel, l’instrumentation et les personnes.

Il est bien évident que dans la pratique courante, en cabinet dentaire, il est très difficile d’avoir la même rigueur qu’en bloc opératoire, mais il faut essayer de s’en approcher le plus possible. L’apparition de maladies virales contagieuses comme les hépatites et le SIDA rendent encore plus impérieuses la nécessité d’une décontamination rigoureuse.

Locaux et gros matériel. Le cabinet opératoire doit être dépourvu de tout objet de décoration. Si la superficie des locaux le permettent, il est préférable que le bureau soit dans une pièce séparée. Les murs doivent être laqués et les sols carrelés et faciles à entretenir.
Le matériel professionnel ne doit pas seulement être nettoyé avec des détergents, mais également désinfecté avec des produits antiseptiques liquides ou en bombes aérosol. Rappelons que l’hypochlorite de soude, appelée communément eau de Javel, est, à la concentration de 5,5 %, un des meilleurs antiseptiques qui soient. Profitons en au passage pour rappeler que l’alcool à 90° est un piètre désinfectant, et qu’il vaudrait mieux le remplacer dans toutes les armoires à pharmacie familiales par la solution de Dakin qui lui est bien supérieure. Le covid 19 est particulièrement fragile, et c’est une chance, mais il a quand même fallu ajouter de l’eau oxygénée dans l’alcool pour améliorer ses performances.

Les circuits d’eau d’irrigation doivent être alimentés, pour les praticiens qui pratiquent la chirurgie par des réservoirs en circuit fermé, avec de l’eau stérile. Il existe des additifs à mettre dans cette eau pour décontaminer les tuyauteries.
Quant au circuit d’aspiration, il doit être désinfecté après chaque intervention avec des produits spéciaux à cet effet.
Les contre angles des turbines doivent être stérilisables et changés à chaque patient, ce qui entraîne un gros investissement car il coûtent très cher et il en faut une dizaine pour pouvoir tourner par demi journée.
Pour la chirurgie, toutes les tuyauteries externes doivent être recouvertes de gaines stériles jetables.

Instrumentation.

1°- Décontamination: sitôt après leur utilisation, les instruments doivent être immergés dans une solution antiseptique décontaminante. On utilise des aldéhydes ou des ammoniums quaternaires. Ils seront ensuite nettoyés à la brosse et au savon, soigneusement rincés et séchées.

2°- Emballage. Une fois secs, il seront placés sous emballages fermés et scellés. Les instruments destinés à servir seuls peuvent être emballés dans des sachets transparents scellés. Tous les emballages, boite, sachets, tubes de verre, doivent contenir un indicateur de stérilisation qui change de couleur à haute température et qui indique le passage au stérilisateur. Si on ouvre une boite stérile pour y prélever un instrument, ce ne peut être que par l’intermédiaire d’une pince stérile; le couvercle de la boite ne doit jamais être posé sur sa face interne qui est stérile, mais sur sa face externe qui ne l’est pas.

EMBALLAGE STERILE

3°- Stérilisation. Elle  doit se faire en utilisant les autoclaves à vapeur d’eau, seuls matériels qui ont des programmes éliminant le prion, et ce pendant 20 minutes à 134°C. On peut aussi utiliser des autoclaves à vapeurs chimiques. Les autoclaves endommagent moins le matériel et respectent mieux le linge opératoire que les anciennes étuves à chaleur sèche, à condition que les emballages soient spécialement conçus pour être perméables aux vapeurs stérilisantes.

AUTOCLAVE

Le matériel non autoclavable doit être trempé 10 à 15 minutes dans du SIDEX ®;

4°- Le matériel à usage unique. Il faut toujours donner la préférence à tout le petit matériel et au linge à usage unique, jetés après chaque utilisation.

5°- La chaîne de l’asepsie. Toute l’instrumentation doit arriver stérile jusqu’au moment de son utilisation. La série de manœuvres à effectuer dans ce but s’appelle « chaîne de l’asepsie ».

-les mains de l’opérateur et de son aide sont un des principaux vecteurs de contamination. Le lavage des mains et leur protection sont donc particulièrement important. Les robinets, savonnettes et brosses sont des lieux privilégiés de septicité. Il ne doit être utilisé que du savon liquide. Les robinets et distributeurs de savon doivent être manœuvrables au pied ou au coude. Les brossages intempestifs des mains et des bras ont été délaissés dans les bloc opératoires, car ils font ressortir les bactéries enfouies pans les pores de la peau: on se limitera donc au brossage des ongles et à la désinfection des mains avec des produits adaptés à cet usage.Le lavage doit bien se faire  entre les doigts en les  croisant. Le séchage des mains doit se faire avec une soufflerie d’air chaud. Pour les soins courants, on peut utiliser des gants d’examen non stériles mais jetés après chaque patient. Mais pour la chirurgie, l’opérateur et son aide doivent porter des gants stériles et ne toucher que des objets stériles jusqu’à la fin de l’intervention.

– la table instrumentale : pour les soins courants les instruments doivent toujours être déposés dans un plateau et pas n’importe où. Pour les interventions chirurgicales les instruments ne peuvent être déposés que sur des champs stériles.

– pour le matériel à usage unique, il ne faut pas oublier que seul l’intérieur de l’emballage est stérile, l’extérieur ne l’est pas et ne doit pas entrer en contact avec des champs ou des instruments stériles.

Les personnes, c’est à dire l’opérateur et son aide ne doivent pas avoir les cheveux qui traînent, ils doivent être ramassés ou en chignon. Pour une intervention chirurgicale le port d’une « charlotte  » jetable est indispensable. Il doit en être de même pour le patient, et son thorax doit être recouvert d’un champ stérile.

Bien sûr, mon point de vue est celui d’un spécialiste en chirurgie. Mais qui peut le plus peut le moins.

NB. Les règles d’hygiène énoncées ici sont valables dans la vie courante chez vous:
le lavage des mains doit bien se faire entre les doigts, le couvercle d’une casserole doit toujours être posé sur sa face externe, les verres qui sèches ne doivent pas reposer à l’envers pour ne pas  contaminer les bords  avec le séchoir à vaisselle, il faut éviter de toucher les robinets dans les toilettes publiques.( d’où les systèmes automatiques ou au pied)…etc…

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