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La relation praticien patient.

Allô maman bobo!

J’ai reçu un mail qui commençait par cette phrase, et j’ai eu envie d’écrire un article sur la relation praticien patient pour parler de ce que le patient attend de son dentiste. Et puis, quand j’y ai pensé un peu plus , je me suis dit qu’il fallait aussi dire ce que le dentiste attend de son patient.

Si je veux être complet, ça va être difficile et long; mais ça tombe bien, je suis retraité et j’ai du temps, et j’ai envie qu’on arrête la langue de bois et qu’on dise les choses comme elles sont.

Je pense aussi que c’est l’occasion exceptionnelle donnée aux lecteurs, et aux praticiens (!), de s’exprimer en toute liberté  et de dire ce qu’ils pensent de façon anonyme,  sous forme de commentaires au bas de cette publication.

LE PATIENT ET SON DENTISTE.

Il faut d’abord que je précise une chose: je n’ai aucune expérience des soins dentaires en tant que patient: j’ai toutes mes dents, aucune dévitalisées, 4 petites obturations en bouche, jamais subi d’extraction, jamais subi d’anesthésie locale en bouche. J’ai eu des extractions de dents de lait sans anesthésie étant enfant. Mais pour la médecine et la chirurgie, j’ai eu le temps en 80 ans d’expérimenter un peu tout!!!
Vu mes 45 années passées au contact des patients, et encore plus mes mes 4 ans de blog à raison d’une cinquantaine de messages par jour, je me sens autorisé à parler au nom des patients.

Comment les patients voient-ils leur dentiste?

Qu’est que le patient attend de son dentiste?

Qu’est-ce que le dentiste attend de son patient?

La relation praticien patient : aspect psychologique.

Après avoir volontairement dit les choses assez crûment, voyons maintenant comment les choses se passent sur le plan psychologique. Nous les occidentaux, pensons de façon logique, c’est à dire actuellement encore pour quelques temps, de façon « Cartésienne » (les choses changeront peut être avec la physique quantique!). Mais l’inconscient ne connait pas René Descartes: il pense par images, probablement comme les animaux, donc plus par symboles, et nos rêves sont bien là pour en témoigner.

La relation du praticien avec son patient est très complexe: elle relève de la relation parent enfant, plus particulièrement « mère-enfant ». Qui « soigne » l’enfant dès sa naissance? sa mère!  Donc, d’une certaine manière symbolique, le praticien est une mère. S’il est un domaine qui rattache à la mère, c’est bien la bouche! (le sein, le biberon) ce qui renforce encore plus la relation mère-enfant chez le dentiste. Que le praticien et le patient soient homme ou femme n’y change rien, c’est le symbole qui compte. Le praticien doit être la « bonne mère » qui prend « soin » de son enfant, et si par malheur il devient la « mauvaise mère », rien ne va plus.
Qu’est ce que le transfert?
Le patient doit « aimer » son praticien c’est à dire établir un transfert positif à son égard. Le praticien doit être « bon » pour le patient, il nous est impossible de travailler dans le transfert négatif. Rien de « bon » ne peut venir d’un praticien « mauvais » .
Le psychanalyste peut travailler dans le transfert négatif: il essaiera de faire comprendre au patient pourquoi la relation aux parents est négative. Nous, nous ne pouvons pas, nous ne sommes pas là pour analyser le patient mais pour le soigner. C’est pour cela que je pousse toujours les personnes qui n’ont plus confiance en leur praticien à en changer au plus vite.
Même une prothèse posée en bouche est d’une certaine manière un prolongement du praticien: un objet « bon » ne vient que de quelqu’un de « bon ». Le prolongement de quelqu’un de « mauvais » ne peut être que « mauvais ».
Et le contre transfert?
C’est pareil! lorsque le praticien n’aime pas un patient, rien ne va! Pour que tout aille bien, il faut qu’il lui soit sympathique! Sauf que le praticien peut essayer de comprendre ce qui cloche dans sa relation avec  son patient et contrôler et maîtriser son attitude.

Il n’en reste pas moins que dans notre profession qui comporte une grande part d’habilité manuelle, et une évaluation subjective dans l’établissement du diagnostic, du traitement et de la réalisation de ce dernier, l’état émotionnel du praticien et du patient comptent énormément. Toute la journée nous en avons des exemples:
– comment prendre une empreinte correcte sur un patient qui a des nausées? ce n’est pas la faute du patient! mais… ni  celle du dentiste, mais…
– comment faire un travail précis et délicat sur un patient qui bouge tout le temps?
– comment travailler à sec sur un patient qui salive éperdument dès qu’on lui met quelque chose en bouche?
– comment évaluer les tests thermiques sur un patient qui sursaute pour un oui pour un non?
-comment le praticien doit il évaluer qu’il a assez cureté les tissus carieux? quand la curette crisse comme on nous l’a enseigné?.. comment savoir si la dentine encore un peu molle est infiltrée de bactéries ou pas? comment savoir si on s’approche trop de la pulpe ou pas? comment évaluer s’il vaut mieux mettre un ciment en fond de cavité? il n’y a aucun instrument de mesure dans ce domaine! tout est subjectif et dépend de l’état émotionnel du dentiste ce jour là! Et de la bonne collaboration du patient: est ce qu’il fait « ah! » parce qu’il a mal? ou parce qu’il a peur? le « ah » est le même!

Il reste encore trop d’empirisme dans notre métier et dans ce monde moderne où tout ou presque devient possible, il devient un peu inquiétant pour le patient, et pour le praticien, d’être à la merci d’un évaluation subjective, ou d’un geste mal contrôlé.

Si un jour le praticien se réveille avec une migraine qui va le persécuter du matin au soir, il risque de faire tout faux!!!…et justement ce jour là il a des implants près du nerf mandibulaire à poser!!!…et l’intervention a été programmée depuis des mois!!!…et patient est prémédiqué!!!…impossible de reporter le rendez…

On m’a annoncé la mort de ma mère, pendant l’extraction d’une dent de sagesse incluse très compliquée sous anesthésie locale: j’ai réussi à terminer et le patient ne s’est aperçu de rien!

Bon voila! ça fait un mois que je suis sur cet article: je vais m’arrêter, et je n’en suis même pas satisfait! je pense que le seul moyen de le compléter c’est de le faire vous même, patients et praticiens, en disant ce que vous avez à dire ci dessous en commentaires…je compte sur mes amis et mes fidèles du blog pour avoir le courage de commencer le débat!

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