Article remis à jour le 13/04/2020.
Les suites post opératoires des greffes gingivales restent encore un gros sujet de souci pour mes lecteurs.
J’ai encore beaucoup de questions provenant de personnes qui viennent de subir une greffe de gencive. J’en déduis que les informations que j’ai données sont insuffisantes. Les suites post opératoires sont un peu compliquées et je vais consacrer ce post à éclaircir ce sujet, étant entendu que la technique même de la greffe a été traitée dans un chapitre à part (cliquer ICI).
Le site donneur.
Comme je l’ai dit dans l’article sus-cité, j’avais l’habitude de poser une petite plaque thermoformée pour protéger le site donneur au palais. Mais je m’aperçois d’après les commentaires que peu de praticiens le font: c’est bien dommage car c’est un élément de confort très appréciable pour le patient. Et ça aide considérablement le praticien à maîtriser l’hémorragie per et post-opératoire pratiquement inévitable au palais.
On peut mettre aussi une compresse résorbable collée au palais sur la plaie et qui sert de trame à la cicatrisation. Cette compresse forme un petit enduit qui « peluche »au bout de quelques jours. Pour plus de sécurité et de confort, je mettais la compresse et la plaque.
Sans la plaque de protection, la plaie au palais reste très douloureuse au contact et brûle au chaud, à l’acide et au sel. Le contact avec la langue est difficile et l’élocution est douloureuse.
Mais la cicatrisation se fait toujours, il faut une quinzaine de jours pour que la muqueuse se reforme. Très exceptionnellement lorsqu’on prélève le périoste, ce qui est rare, la cicatrisation peut être plus difficile. Je rappelle une fois de plus que les enduits blanchâtres sont des desquamations de cellules mortes et que les tissus rouges ou roses sont des nouvelles cellules.
Le site receveur.
Quant au site receveur, comme vous l’avez vu, le greffon est maintenu par une véritable trame de fils qui forment un filet pour l’immobiliser plaqué contre la gencive où l’on veut qu’il prenne. Ces fils sont généralement résorbables, mais certains praticiens ont peur qu’ils ne se résorbent trop vite et utilisent du fil non résorbable. Les fils résorbables sont généralement blancs et se résorbent en 12-15 jours. Les non résorbables sont souvent noirs ou bleus et doivent être retirés dans les mêmes délais.
Les bains de bouche, non violents presque stagnants sont à faire après les repas.
Comme je faisais partie des pionniers qui ont testé et mis au point les greffes, je posais par dessus le greffon un pansement chirurgical pour le protéger, mais il me semble, d’après ce qu’on m’écrit, que certains praticiens ne le font plus.
Il est vrai que le pansement laisse passer des aliments en dessous et lorsqu’on le retire, on sent une forte odeur. Mais il a l’avantage de protéger le greffon des frottements, et évite que les patients voient les débuts difficiles de la greffe et s’inquiètent. Le praticien ne doit surtout pas oublier de vaseliner les fils avant de poser le pansement pour ne pas qu’ils se prennent dedans et ne s’arrachent à sa dépose.
On retire les fils, s’ils ne sont pas résorbables, 8 à 10 jours après, et durant ce délai il faut s’abstenir de manger des choses dures.
Le greffon.
Le greffon prend par sa couche basale et dans les jours qui suivent la greffe, perd sa couche superficielle qui s’élimine sous forme de peau morte que les patients prennent pour un rejet, ou en un enduit blanchâtre qu’ils prennent pour des débris alimentaires retenus par les fils de suture.
La fusion des cellules de la couche basale du greffon avec celles du site receveur se fait en 48 heures, délai critique où il faut éviter les bains de bouche et les manœuvres intempestives. Normalement, dès les premières minutes, les sang sert de colle et maintient le greffon en place, aidé par les fils de suture.
J’en profite donc pour dire que les greffes ont des suites post opératoires compliquées, et que pendant les 15 premiers jours, elles paraissent toujours ratées. J’espère qu’en lisant ces lignes les patients se sentiront rassurés, car malheureusement les praticiens ne se donnent plus la peine de tout leur expliquer.
Nous étions des précurseurs et expliquions tout aux patients, peut être pour nous rassurer nous même. Maintenant c’est devenu une routine.
Pour les suites à plus long terme, il faut surtout éviter les brossages intempestifs, et utiliser au niveau de la greffe une brosse chirurgicale très douce. Pas de brossage horizontal, la brosse doit passer de la gencive vers la dent, et si ça saigne remplacer le brossage à ce niveau par un massage au doigt avec du gel HYALUGEL® aussi en repoussant toujours la gencive vers la dent.
On ne peut pas dire qu’une greffe est ratée avant 2 mois, auquel cas, il faut recommencer.
Je répète donc une fois de plus, qu’il est impossible de juger des résultats d’une greffe avant 6 à 8 semaines, parfois plus.