Article remis à jour le 05/07/2020.
l’éthique professionnelle.
Voilà un sujet qui me tient à cœur. Je suis d’autant plus libre d’en parler que je suis maintenant hors de la profession, hors de toute règle et de toute censure. Je ne peux pas non plus être accusé de publicité puisque je n’exerce plus et n’en tirerai aucun bénéfice.
Malheureusement la profession, comme partout, a ses brebis galeuses, âpres au gain et pour qui le lucre passe avant tout. Mais le système est vicié dés le départ. Pourquoi?
Prenons comme exemple la médecine, puisque la loi nous y a assimilé en tous points et notre Conseil de l’Ordre a été calqué sur le sien. Une grande différence cependant subsiste: on a séparé la Médecine de la Pharmacie. Le médecin prescrit des médicaments qu’il ne vend pas! c’est le pharmacien qui les vend. Il n’est donc pas tenté de prescrire des médicaments chers pour faire plus de bénéfices. Le chirurgien dentiste prescrit des prothèses qu’il vend: la tentation est donc grande de prescrire des prothèses chères!
Regardez l’exemple des Vétérinaires qui prescrivent les médicaments qu’ils vendent. Et regardez les abus auquel cela mène. Je ne suis pas en train de dire que tous les odontologistes sont malhonnêtes (ni tous les vétérinaires!) et je serais désolé qu’on le croit. J’ai vécu de cette profession pendant 40 ans et n’ai nullement l’intention de cracher dans la soupe. Mais je trouve que ceux qui voient en premier l’intérêt supérieur du patient, et ils sont très nombreux, ont énormément de mérite, d’autant plus que les contraintes auxquelles les soumet à l’heure actuelle la Sécurité Sociale sont insupportables et malheureusement souvent contraires à l’intérêt du patient. Par exemple: les pouvoirs publics n’ont pas encore compris, ou on fait semblant de ne pas comprendre, que la prévention coûte moins cher que la thérapeutique. Un détartrage est fixé et remboursé une somme dérisoire par rapport au temps réel qu’il demande pour être exécuté correctement. Il y a donc plusieurs attitudes devant un tel problème: ou bien le praticien fait son travail correctement et il perd de l’argent; il est donc obligé d’augmenter le prix de ses prothèses libres pour pouvoir se rattraper, et on le traitera de voleur parce qu’il est trop cher! Ou bien il consacre le temps correspondant à la rémunération qu’on lui offre et ce au détriment du patient qui sera mal soigné. La troisième solution sera d’appeler le détartrage « surfaçage » et de le faire payer à son prix juste, mais c’est le patient qui en sera pour ses frais car il sera mal remboursé.
La situation est exactement la même pour l’ endodontie: le traitement canalaire est tellement sous payé que le praticien est obligé de se rattraper sur la couronne qui vient obligatoirement après car toute dent dévitalisée devient cassante et risque de se fracturer. L’astuce vis à vis de la Sécurité Sociale consiste à faire un prix forfaitaire « endodontie+couronne »! En définitive c’est le patient qui paie, et il faut qu’il apprenne à le faire car sa santé vaut bien cela, et la Société a des limites dans la prise en charge des individus.
J’ai bonne mine à critiquer le système! Car j’avais trouvé le moyen d’y échapper: d’une part j’appartenais à cette catégorie privilégiée de praticiens dont la Sécurité Sociale avait libéré les honoraires pour « compétences particulières » et présentation de « titres et travaux » devant une commission d’agrément, d’autre part je m’étais échappé du système prescripteur-vendeur en ne faisant plus que de la chirurgie à l’exclusion de toute prothèse. C’était donc le praticien traitant qui m’adressait les cas difficiles qu’il ne pouvait pas résoudre lui même et moi qui les exécutait.
Je peux vous dire que plus d’une fois des confrères peu scrupuleux m’ont demandé une commission sur les patients qu’ils m’envoyaient. Inutile de vous raconter l’accueil qu’ils ont reçu, je n’en jamais plus entendu parler. Avec le temps nous nous sommes formé une espèce de club fermé et trié sur le volet, parfois je me dis que les patients qui étaient rentré dans ce circuit avaient de la chance car nous travaillions en groupe comme dans un hôpital, et ceux qui ne jouaient pas le jeu étaient vite éliminés.
Voila ce que j’avais à dire à propos de l’ETHIQUE PROFESSIONNELLE: il faut que le praticien soit rémunéré à sa juste valeur pour qu’il n’ait aucune raison d’oublier l’Intérêt premier du patient.
La déontologie.
Qu’est-ce que c’est?
C’est un ensemble de règles édictées par le CODE DE DÉONTOLOGIE rigoureusement calqué sur celui des Médecins et qui définit le comportement des praticiens entre eux et avec les patients.
Un praticien ne doit jamais critiquer un confrère. D’ailleurs j’estime que ça ne le valorise vraiment pas, bien au contraire! Malheureusement certains praticiens à l’ego trop développé n’arrivent à se mettre en valeur qu’en critiquant les autres…et ce ne sont pas les meilleurs…
Il faut faire l’analyse et le diagnostic qu’on croit juste, sans jugement de ce qui a été fait avant. Au parient d’en tirer le jugement !
Un praticien qui reçoit en urgence un patient d’un autre praticien absent , doit résoudre juste le problème pour lequel le patient l’a consulté, et lui remettre une lettre dans laquelle il explique ce qu’il a fait au praticien traitant habituel. Et ne surtout pas chercher à détourner la clientèle vers lui. Il en est de même pour un patient qui aurait un problème urgent alors qu’il se trouve en déplacement.
Le code dit que les honoraires doivent être établis avec tact et mesure:voila qui ne veut plus dire grand-chose de nos jours.
Le praticien et son assistante sont soumis au secret professionnel et ne peuvent révéler aucune information obtenue au cours de l’exercice de la profession à aucune personne étrangère à la profession médicale liée elle même par le secret professionnel. Cela implique que nous ne pouvons même pas donner l’heure d’un rendez-vous fixé à une personne autre que celle concernée, car ce pourrait être un conjoint jaloux qui surveille l’autre conjoint.
Je ne vais pas commenter tous les articles du code de déontologie, mais sachez que la profession n’a droit à aucune publicité même indirecte, qu’un cabinet dentaire ne peut avoir ni vitrine ni d’enseigne sur la rue et que les dimensions maximum de la plaque dans la rue sont fixées à 25 cm sur 30 cm.
Il est interdit de mettre des prospectus ou des cartes de visite dans les boites aux lettres même envoyées par courrier.
La liste des titres autorisés sur les ordonnances et les cartes de visite est très limitative et très contrôlée par le Conseil de l’Ordre qui demande des comptes et des justificatifs. Malgré cela, vous ne pouvez pas imaginer le nombre de titres bidons qu’on voit sur les ordonnances et les cartes de visite.
Je suis pour ma part tout à fait en accord avec ces règles et ces restrictions qui ne peuvent être que bénéfiques à l’image de la profession et freiner les ardeurs des charlatans.