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Épilepsie et odontologie.

Article remis à jour le 30/01/2019.

En quoi est-ce que l’épilepsie concerne l’odontologie?

Il y a deux ans quand j’ai créé ce blog, je pensais que ce serait surtout des étudiants en odontologie et des assistantes dentaires qui me liraient. Je pense qu’il y en a eu, mais ils ne se sont pas trop manifestés, et c’est plutôt le grand public qui a fait la masse des  lecteurs que j’ai tous les jours. Mais ces derniers jours, les étudiants ont commencé à monter le bout de leur nez. Et comme j’ai une tendresse toute particulière pour eux, je vais recommencer à aborder des sujets qui les intéressent particulièrement car ce sont des questions possibles d’examen.

Grâce aux anti-convulsivants, les crises d’épilepsies sont devenues rares en milieu urbain mais dans ma jeunesse, je me souviens d’avoir assisté à des crises d’épilepsie en plein métro. Le cabinet dentaire est un lieu privilégié où ce genre de problème peut survenir en raison du stress. Il faut donc que tout praticien soit prêt à y faire face.

En France, 500.000 personnes sont touchées à des degrés divers par l’épilepsie.

En matière d’épilepsie, j’en connais un bout car j’ai travaillé 4 ans dans des services d’épileptiques pour faire ma thèse de Doctorat en Sciences Odontologiques, et 10 ans au service de Stomatologie de l’Hôpital Ste. Anne. J’espère que mes connaissances ne sont pas trop obsolètes! Mais grâce à mes lecteurs je suis obligé de me mettre à jour et pour cela, Internet est un outil merveilleux.

Comme toujours, c’est la prévention qui prime.  Comment?

Tout d’abord par l’interrogatoire du patient lors de la première visite. Je ne peux pas imaginer qu’il puisse encore y avoir un praticien qui touche à un patient sans lui avoir fait remplir au préalable un questionnaire médical. Vous commencez à me connaitre, et vous vous doutez bien que je n’aime pas les questionnaires remplis dans la salle d’attente. Mais, bon! Sécurité Sociale et consultations à 23 € obligent! Moi, je n’aime pas, mais il vaut mieux faire ça plutôt que rien. Encore faut-il que les patients jouent le jeu et qu’ils n’omettent rien. C’est leur sécurité qui est en jeu. Et le praticien doit être très vigilant et connaitre toutes les grandes classes de médicaments parce que les patients ne savent parfois pas ce qu’ils ont, mais ils savent pratiquement toujours quels médicaments ils prennent.

Jusqu’à il y a 10 ans, les priNcipales molécules prescrites pour l’épilepsie étaient :
– Le PhénoBarbital connu surtout comme GARDENAL®
– La Di Phényl Hydantoïne (ou DPH) dont la spécialité plus connue est le DIHIDAN®
– La Carbamazépine dont le TEGRETOL® est très prescrit aussi pour les névralgies
– Et le Valproate de sodium plus connu sous le nom de DEPAKINE®.

L’hyperplasie gingivale due aux anti-épileptiques.

Une petite parenthèse est nécessaire à propos de la di-phényl-hydantoïne et de tous les hydantoïniques en général. Leur principal effet secondaire est l’hyperplasie gingivale qui est très caractéristique et complique considérablement les soins d’hygiène des patients. Elle ne peut souvent être traitée que par des gingivectomies répétées, car comme le médicament est très efficace comme anticonvulsivant, on ne peut parfois pas le remplacer et la récidive est de règle. Pour ceux que cela intéresse voir ICI.

Mais depuis une dizaine d’années sont apparues 9 nouvelles molécules qu’il va falloir que les jeunes praticiens mémorisent:
Vigabatrin (SABRIL®),
Felbamate(TALOXA®),
Gabapentine(NEUROTIN®)
Lamotrigine (LAMICTAL®)
Tiabagine (GABITRIL®)
Fosphénytoïne (PRODILANTIN®)
Topiramate (EPITOMAX®)
Oxcarbazépine (TRILEPTAL®)
Levetiracetam (KEPPRA®)

A partir de l’interrogatoire, le praticien est donc informé des antécédents épileptiques du patient et doit prescrire une prémédication anti-épileptique avant chaque séance de soins, surtout les premières, ensuite on peut arrêter si on voit que le stress diminue. Le VALIUM® fait bien l’affaire car aussi anxiolytique.

Malgré tout, le praticien doit être prêt à réagir devant une crise d’épilepsie.

Très souvent, la crise est précédée par une phase appelée « aura » que le patient connait bien et normalement il a le temps de prévenir. Mais si ce n’est pas le cas, le praticien doit connaitre les symptômes pour identifier la crise.

On définit la crise d’épilepsie comme un « orage neuronal », c’est une décharge asynchrone (c’est à dire désordonnée) des neurones, qui envoient donc des informations motrices et sensorielles erronées.
Les crises peuvent être « partielles » ou « généralisées », peuvent se manifester par des sensations fausses aboutissant à des hallucinations, ou des contractions musculaires involontaires et non coordonnées.
Il est très difficile de décrire une crise d’épilepsie car elle peut revêtir des formes très diverses. La crise convulsive spectaculaire du « grand mal » a donné son nom venant du grec et qui signifie « saisi » (par le diable?), de façon « soudaine ». Il y a toute une graduation, jusqu’à une  perte de connaissance, voire même une simple « absence ».
Les symptômes les plus constants sont la perte de connaissance brutale, la chute instantanée, la contraction des mâchoires avec souvent morsure de la langue, et l’émission d’urine.

Que faire face à une crise d’épilepsie?
– face à la grande crise « tonico-clonique, » on ne peut pas faire grand chose d’autre que d’éloigner tout ce qui peut blesser le patient, ne surtout pas essayer de le bloquer, et il faut laisser les mouvements désordonnés se faire sans entrave. Il faudrait pouvoir injecter en intramusculaire un VALIUM® 10mg, mais comment prendre le risque chez un patient qui s’agite dans tous les sens? Il faut aussi essayer d’écarter les dents avec un écarteur hélicoïdal pour éviter la morsure et la blessure de la langue, si possible et ne surtout pas mettre les doigts dans sa bouche sous risque de morsure grave.
– pendant la phase atonique, le patient est complètement inerte et il faut le coucher sur le côté en « position latérale de sécurité » pour qu’il ne s’étouffe pas en cas de vomissement.
– pendant la phase de réveil, le patient est confus, ne souvient de rien, et il faut rester à côté de lui et le rassurer le plus possible.
– lorsqu’il est capable de se lever, l’installer confortablement au chaud dans un endroit tranquille, téléphoner à sa famille pour venir le chercher, et apporter une rechange en cas de perte urinaire. Ne jamais le laisser repartir tout seul.

Ne pas oublier que ce sont des personnes psychologiquement fragiles, qui ont honte de leurs crises et pour cette raison sont souvent mal intégrées socialement. Il faut dédramatiser l’événement, et surtout reprendre rendez-vous pour continuer les soins! Cette fois en prévoyant une prémédication prévention.

 

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