Avaler un corps étranger est toujours impressionnant pour celui à qui cela arrive: il faut savoir rapidement quoi faire.
Avant toutes choses, il faut savoir que rien de ce qui est mis dans votre bouche n’est dangereux ni par sa forme ni par sa composition.
Mon blog a pour vocation de parler de la bouche. La bouche est faite pour manger et pour avaler, mais j’ai pensé que je ne pouvais pas ne pas parler de ce qui est avalé par accident, soit au cours de séances de soins au cabinet dentaire, soit d’une prothèse en bouche qui se descelle, soit qui est avalé par un enfant.
Pour les enfants, il s’agit surtout de prévention, c’est à dire de surveillance constante, et de ne rien laisser à leur portée qu’ils puissent avaler. La législation concernant les jouets est très stricte à ce sujet. En cas d’ingestion d’objet quelconque, il faut tout de suite pendre l’enfant par les pieds et lui taper dans le dos, tenter de le faire vomir en lui mettant les doigts dans la gorge, ou l’emmener aux urgences si nécessaire.
D’après les questions que je reçois, le plus fréquent est l’ingestion de couronnes, dents à pivot et bridges descellés pendant la mastication.
Cela est sans gravité car toutes ces prothèses ont été prévues sans tranchants ni pointes et traversent, dans la quasi totalité des cas, le tube digestif sans encombres. On peut prendre un léger laxatif pour faciliter la transit, surtout chez les personnes sujettes à la constipation chronique, et aussi pour ramollir les selles, ce qui rendra les investigations plus faciles.
Il faut établir une surveillance des selles dès 5 à 6 heures après. Il sera indispensable pour cela d’émettre les matières fécales dans une passoire, et ensuite les dissoudre avec de l’eau courante pour séparer ce qui n’est pas soluble, c’est à dire le corps étranger.
Une fois récupérée, la prothèse doit être lavée soigneusement et mise à tremper dans de l’eau de Javel pendant une heure ou deux. Le praticien se chargera ensuite de la remettre à sa place. Si une même prothèse se descelle trop souvent, c’est qu’elle présente un défaut et qu’il va falloir envisager de la refaire.
En cas d’ingestion d’instruments au cours de séances de soins, il s’agit presque toujours d’un instrument à canaux. La pratique qui tend à se généraliser est l’utilisation d’instruments rotatifs mécaniques qui sont fixes et ne peuvent pas chuter. Pour les instruments manuels, la prudence exige que le praticien utilise un « parachute » qui est une petite chainette fixée à une bague au doigt reliée à l’instrument.
Si malgré tout l’accident se produit, il va falloir prendre un certain nombre de précautions car les instruments sont piquants et agressifs et peuvent rester plantés dans la muqueuse digestive. Il faut recommander au patient d’avaler le plus possible de cellulose, en mangeant des poireaux et des asperges en grande quantité, voire même des tartines de ouate à la confiture (quel délice!).
En cas de non récupération de l’objet au bout de 48 heures, il est conseillé de faire faire une radiographie abdominale sans préparation, pour voir où se situe l’objet, et refaire l’examen le lendemain pour voir s’il a progressé. Il est important en cas de blocage de déterminer si l’objet se trouve dans dans l’estomac, l’intestin grêle ou le colon. L’estomac et le colon, ainsi que les 20 premiers et derniers centimètres du grêle, sont accessibles par endoscopie. Mais pour la plus grande partie de l’intestin grêle une chirurgie coelioscopique sera nécessaire.
Heureusement ce type d’accident est devenu extrêmement rare de nos jours, et les progrès des endoscopies et coelioscopies rendu le pronostic beaucoup plus léger.