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Le cannabis, la bouche, et les dents.

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Signe des temps, je reçois beaucoup de questions sur le cannabis. Et, bien sûr, étant d’une génération antésoixantehuitarde, je suis totalement ignorant en la matière! Ni comme consommateur, ni comme professionnel. L’usage du cannabis est un fait de société et il faut en tenir compte!
Le client est roi! C’est ce que j’ai toujours pensé: il faut le satisfaire et surtout le conseiller au mieux.  Comme je sais mieux chercher, synthétiser et critiquer que le lecteur lambda, je me suis mis au travail et j’ai fait une recherche. Pardon d’avance s’il y a des erreurs, que ceux qui en savent plus s’expriment, j’aurais au moins eu le mérite d’ouvrir le débat sur un sujet plus ou moins tabou!

Rien ne sert de culpabiliser les utilisateurs: le mieux est de les informer.

D’après mes recherches, il est impossible de brûler le cannabis sans tabac. Il faut donc avoir recours à des pulvérisateurs spéciaux, compliqués et coûteux. Il s’en suit donc que la majorité des consommateurs fument le cannabis mélangé avec du tabac. Il est donc difficile de séparer l’effet de la nicotine de celui du THC ( Δ-9-tétrahydrocannabinol ), substance active du cannabis. Cela fausse donc les recherches qui ont été publiées sur ce sujet.

L’article le plus complet que j’ai trouvé est celui de l’association Stop-cannabis.ch, je vais vous le résumer et y ajouter mes propres commentaires. Si vous souhaitez lire l’article original, voici le lien: « http://www.stop-cannabis.ch/maladies/risques-pour-la-sante-bucco-dentaire« .

« Différentes études ont montré que les fumeurs chroniques de cannabis souffraient plus que les non-fumeurs de maladies parodontales (maladies des gencives) et buccales: gingivites (inflammation des gencives), parodontites  inflammation des tissus qui entourent la dent, ce qui entraîne un déchaussement des dents puis leur perte), stomatites  (inflammation de la cavité buccale), hyperplasie gingivale (élargissement des gencives). En outre, les pathologies parodontales sont plus sévères chez les fumeurs de cannabis: différentes études ont montré des  gingivites et stomatites très inflammatoires et douloureuses et des maladies parodontales destructrices menant au déchaussement et à la perte des dents avant 35 ans. « 

Il est dommage qu’on ne nous dise pas si ces fumeurs étaient aussi fumeurs de tabac, car il donne les même effets: est-ce le tabac ou le cannabis?
L’hygiène bucco-dentaire est déterminante dans les maladies parodontales: est-ce l’effet du THC ou le relâchement de l’hygiène dû à l’euphorie provoquée par l’usage du cannabis?
La prédisposition psychique aux dépendances n’est-t-elle pas aussi responsable d’un laisser aller au niveau de l’hygiène?

« Le THC, la substance active  du cannabis a un effet immunodépressif sur les macrophages et les lymphocytes B et T, ce qui entraîne une moindre résistance face aux infections bactériennes et virales. Ces altérations du système immunitaire expliqueraient les atteintes parodontales sévères chez les fumeurs de cannabis. En outre, le cannabis entraîne une diminution du débit salivaire (xérostomie) chez les fumeurs chroniques de cannabis ce qui entraîne une modification de la plaque dentaire: celle-ci plus adhérente, moins fluide, et s’élimine donc moins facilement au brossage.  On a constaté que les cas de xérostomie étaient plus nombreux chez les fumeurs de cannabis que chez les fumeurs de tabac uniquement. Cependant, il apparaît que cette sécheresse de la bouche a tendance à diminuer légèrement avec les années de consommation: on pense que les fumeurs développeraient une certaine tolérance après 5 ou 6 ans de consommation.  Avec à la clé une augmentation des maladies parodontales. Fumer du cannabis entraîne également une inflammation des muqueuses buccales. Cela est peut être dû à la température élevée de la combustion d’un joint et/ ou aux composés chimiques contenus dans la fumée de cannabis. La plus grande prévalence de candida  albicans s’expliquerait par la présence d’hydrocarbones de cannabis qui agissent comme stimulateur pour certaines espèces de candida. Cette augmentation de maladies parodontales chez les fumeurs de cannabis peut aussi s’expliquer par la mauvaise hygiène bucco-dentaire: Darling et col, 1992, ont montré que les fumeurs de cannabis avaient une hygiène dentaire plus négligée que celles des non-fumeurs. »

Comme je vous le disais plus haut, on en revient au problème de l’hygiène qui en matière bucco-dentaire, reste la clé de toute pathologie.

« Si le cannabis est consommé fumé, il existe un risque d’apparition de cancer des voies aéro-digestives supérieures. La fumée de cannabis serait 3 à 5 fois plus irritante et cancérigène que celle du tabac. L’effet cancérigène de la fumée de cannabis serait dû à la présence d’hydrocarbures aromatiques, de benzopyrène et de nitrosamine en concentration plus élevée (environ 50%) dans la fumée du cannabis que dans celle de tabac. Il semblerait qu’un usage important du cannabis entraîne des modifications pré-cancéreuses de la cavité buccale et du tractus respiratoire. Ce risque est aggravé par la consommation d’alcool et de tabac. La fumée de cannabis est associée à des changements dysplasiques dans les cellules épithéliales des muqueuses buccales. La consommation de cannabis est ainsi associée à des lésions pré-cancéreuses incluant la leucoplasie et l’érythroplasie. Le lien entre cannabis et cancer de la bouche (partie basse de la bouche et langue) et de la gorge est plus fort chez les jeunes patients (moins de 50 ans). La maladie est aussi plus agressives chez ceux-ci. Un effet synergique entre le tabac et le cannabis a été observé.  Des cancers de la sphère oro-faciale ont été constatés chez de jeunes patients fumeurs de cannabis.  »
Il est donc difficile de savoir quel est l’effet du cannabis, car on sait quel est l’effet du tabac chez les fumeurs tabagiques, mais on n’a pas de comparaison avec des fumeurs de cannabis seul. Mais il semble bien, d’après les recherches qui ont été faites, que les effets cannabis et tabacs se potentialisent.

« La consommation de cannabis pose un certain nombre de problèmes aux dentistes. Les bains de bouche à base d’alcool doivent être évités à cause de la xérostomie très fréquente chez les fumeurs de cannabis. Les études ont suggéré que la consommation de cannabis devrait être arrêtée une semaine au moins avant tout traitement dentaire, surtout si usage d’un vasoconstricteur. Les fumeurs de cannabis comme les autres patients dépendants ont besoin de doses d’anesthésiques locaux plus fortes pour être efficaces. En outre, il faut faire attention aux anesthésiants locaux contenant de l’épinéphrine qui pourraient prolonger la tachycardie déjà provoquée par une dose importante de cannabis Le risque infectieux pré-opératoire est aussi plus important chez les fumeurs de cannabis, comme chez tous les toxicomanes. « 

Mon expérience en ce domaine a été enrichie par mes dix années de collaboration bénévole à l’Hôpital Ste Anne:
Je confirme que l’état bucco-dentaire des toxicomanes est généralement très dégradé par le laisser aller très souvent associé à l’état de dépendance et à l’effet psychotrope du cannabis. Les anesthésies locales ont beaucoup de mal à prendre, il faut utiliser des doses beaucoup plus fortes, et les anesthésiques sans vasoconstricteurs sont encore moins efficace. Comme on nous dit que l’épinéphrine est déconseillée, il faut plutôt choisir la nor-adrénaline comme vasoconstricteur.

J’ai lu des articles qui attribuent un effet anticancérigène au cannabis, raison pour laquelle il serait commercialisé en pharmacie dans des spécialités délivrées sur ordonnance.
Www.cancer.be nous dit que le THC ralentit l’évolution du cancer du sein et qu’il est efficace pour lutter contre certaines tumeurs du cerveau.
Mais lorsqu’il est fumé il contient en gros les même substances cancérigènes que le tabac.

Le THC, ou ses équivalents synthétiques, est parfois utilisé sous forme de pulvérisations, dans le traitement du cancer, pour améliorer la qualité de vie du patient (douleur, manque d’appétit, nausées…). On peut aussi tout simplement râper la résine de cannabis et l’incorporer dans des pâtisseries et il semblerait que le chocolat soit un bon vecteur.

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Albert HAUTEVILLE Né le 17 Octobre 1935 au Caire en Egypte. - 1949/1955 Etudes de la 4ième à la terminale au LYCEE BUFFON PARIS. - Baccalauréat 1ière Série Moderne M’. - Terminale Sciences Expérimentales. - 1955 PCB 4Certificats : Physique, Chimie, Biologie animale et Biologie végétale. - 1960 DIPLOME CHIRURGIEN DENTISTE Faculté de médecine de Paris + cursus libre Externat Médecine 2 ans. - 1960 à 1962 Service militaire : Ecole d’Officiers de Reserve et Exercice professionnel hospitalier (Hôpital Hyacinthe Vincent à Dijon) - 1960 Exercice privé à Dugny - 1964 à 1981 Exercice privé à Tremblay en France - 1966 à 1973 Attaché de consultation Hôpital Ste. Anne à Paris - 1966 à 1976 Formation en Sophrologie - 1967 Diplôme Implants Aiguilles - 1969 Certificat d’Enseignement Supérieur en Parodontologie - 1973 Création d’un Service de Parodontologie à l’Institut Eastman à Paris - 1973 à 1983 Formation en Occlusodontie en particulier avec les professeurs JANKELSON et RAMFJORD - 1974 Doctorat en Chirurgie Dentaire - 1974 Doctorat en Sciences Odontologiques - 1975 Nommé Expert auprès de la Sécurité Sociale - 1976 à 1984 Assistant à la Faculté de Paris V René Descartes Odontologiste Assistant des Hôpitaux de Paris - 1976 Chargé de cours au Diplôme Universitaire d’Implantologie Paris V - 1978 Diplôme Universitaire en Chirurgie Buccale Paris V - 1979 Diplôme d’Etudes et de Recherches en Odontologie, Paris V - 1981 Exercice en Cabinet privé à Paris 17ième - 1983 Publication du livre Manuel de Chirurgie Buccale Ed. Prélat - 1994 Exercice en Cabinet privé à Paris 8ième - 1996 Diplôme Universitaire Parodontologie Paris VII - 2001 Départ à la retraite - 2011 Création du blog Conseil Dentaire Dr. Hauteville 5.000 pages lues par jour avec un maximum à 7.000 Publication du Dictionnaire Lexique Dentaire Illustré Publication de Petit Atlas d’Anatomie Dentaire Publication du Petit Atlas de Dermatologie Buccale - 2019 Auteur du Etude sur la vie du Prophète Moïse intitulée Moïse et Toutankhamon. A fait 18 ans de psychanalyse personnelle et des formations en hypnose, sophrologie, training autogène, Gestalt-thérapie, bio-energie, sexologie, et dynamique de groupe. Son fils Jean Philippe Hauteville, Prothésiste Conseil, apporte sa collaboration à la réalisation de ce blog, au niveau de tout ce qui concerne la prothèse dentaire. Le Dr. Hauteville, retraité depuis 2001 souhaite mettre ses connaissances et son expérience à la disposition de tous ceux qui le désirent, professionnels ou grand public, et répondre aux questions que voudront poser les lecteurs directement sur le blog. Publier des articles, regroupant les réponses aux interrogations des patients durant 40 ans, et des cours pour les étudiants en odontologie rendus accessibles à tous.

14 COMMENTS

  1. Le LSD surtout a la réputation de détruire l’émail des dents, dans les années 70 on parlait même de « carie du trippeur » ! Légende due à son nom de rue (acide) ou aux contractions maxillaires qu’il provoque parfois ?

    Une autre légende associait le dentiste et la cocaïne, cela appartient n’est-ce pas au passé, quoiqu’au vu de certains devis j’ai parfois pensé que…

    La conclusion de votre article aurait en tout cas été appréciée au « club des hashischins », bien qu’en ce XIXème siècle quelqu’un vous aurait peut-être répondu un peu effrayé « mais… est-il prudent de mélanger le chocolat et le chanvre ? Le chocolat est une drogue ! »

    • Vous ne croyez ps si bien dire…le chocolat est un antidépresseur et il provoque bel et bien une addiction! Quant aux « hashachins » ils ont donné le mot « assassins » par déformation: pas très recommandables!!!
      Le chocolat est excellent pour la santé en général et pour les dents en particulier, il faut en manger 2 carrés par jour. Je pense que les chocolatiers devraient m’en envoyer quelques boites pour la publicité gratuite que je leur fais!

  2. bonjour monsieur je c’est pas ou poster donc excusez moi est ce que la pasteque rends les dents jaunes?question bete surement?mais ce n’est pas un fruit rouge?
    merci de votre retour

    • Je n’ai jamais entendu dire que la pastèque jaunit les dents.
      Quand on parles des fruits rouges on pense surtout au fruits très colorants comme les myrtilles ou le airelles, le raisin noir …etc…qui noircissent l’email et le rendent plus gris

      • ok merci de votre retour sur cette question qui peut etre un peu bete
        et autre question quel dentifrice conseiller vous quand ont est atteint de parodontie je c’est qu il y a aussi l’ hygiene dentaire qui rentre en compte
        et est ont obliger de faire les brossettes interdentaires a chaque repas et quelle type de brossette preconisez vous?
        merci de vos retour

        • En cas de parodontite l’hygiène dentaire est déterminante: il faut utiliser les brossettes au moins deux fois par jour, après le brossage du matin et du soir. Je préfère aux brossettes les SOFT PICKS GUM, il y en a 3 dimensions, choisissez celle qui convient le mieux aux espaces entre vos dents.
          Pour le dentifrice, si vos collets sont sensible ELMEX SENSITIVE, sinon ORAL B PRO

    • Oui, bien sûr: la couleur des gencives, leur aspect, les douleurs, la mobilité des dents…etc…

  3. « D’après mes recherches, il est impossible de brûler le cannabis sans tabac. »
    Je fume du cannabis depuis cinq ans à peut près et je déteste le tabac. Je me procure des feuilles séchée de cannabis que j’effrite en substitue au tabac dans la pétard. J’y ajoute de manière très classique mon inflorescence de cannabis femelle (la tête) et je fume sans soucis. C’est évidement possible de faire des joint à 100% de cannabis sans tabac. Tes recherches sont erronée, j’en suis navré.

    Un fumeur de cannabis vas perdre contrôle de ces désirs et se jeter sur tout ce qui pourrait monter sa glycémie dans l’instant, donc sur les sucres rapide. Une fois le ventre super dilaté il va se vautrer et souvent s’endormir – donc sans se brosser les dents.
    Il faut se faire violence :
    -fumer avant le repas si possible : donc éviter de trop manger et ne manger que des bonnes choses. Préparer le repas avant de fumer rends la choses bien plus simple.
    -se rincer la bouche après avoir fumé. On vire les substances potentiellement mauvaises de la bouche et on renouvelle sa salive.
    -avoir à l’avance des choses saines à grignoter. Des noix, des fruits, des trucs dans ce genre.
    -se faire ultra violence pour aller se brosser les dents de manière consciencieuse avant de se coucher et ne jamais sauter cette étape. Le faire de manière irrégulière induit une facilitée à le faire de moins en moins, alors que si on le fais à chaque fois ça rendre dans les habitues physiques et on à aucun mal à le faire tout les soirs.

    Le cannabis est en première instance une plante médicinale aux vertus stupéfiante ! Pour en profiter il faut le manger frais. Au contraire, le faire brûler le rends cancérigène. Comme tout ce qui brûle ou dépasse 100°.

    Longue vie à tous, prenez soin de vous et de vos dents ! 😉

  4. bonjour, je fume du cannabis depuis de longues année maintenant (14), mon hygiene dentaire n a pas été des plus rigoureuse durant quelques années,ni mon hygiene de vie d’ailleur .. résultat, beaucoup de dents cariés, abîmés ou arraché . Je me fait un ravalement complet de la bouche depuis deux mois .
    le problème est que mon dentiste a eu beaucoup de mal pour m anesthésier pour dévitaliser une dents sans comprendre le pourquoi du comment.. c est un Mr qui de longues années d’expériences dans le domaine. ne pouvant continuer vu l’intensité de la douleur , au rdv suivant il m a demandé si je fumai du cannabis régulièrement. Je lui répondis que ,oui, en effets depuis plusieurs année . Sa réponse fut , que le cannabis altère les effets de l’anesthésiant local (mm après de forte dose) et qu il fallait que j arrête au moins 5 jours avant mon prochain rdv …( c’est a dire maintenant pour lundi le 15 mai) le problème est qu’il n’est pas si simple pour un fumeur de mon gabarie de s’arrêter du jours au lendemain sans quelques moments ou l’envi et plus forte que l’idée de « peut être il a raison « . Combien de jours d’abstinence me conseillez-vous avant mon prochain …brrrr.. rdv..? Cordialement .

    • Désolé pour le retard à répondre votre commentaire a été bloqué par mon anti-SPAM.
      Essayez 3 ou 4 jours et prenez 1/4 de LEXOMYL la veille au coucher et 1/4 une heure avant le rendez-vous.

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